Mise en garde préalable. Les allergiques à l’humour, s’abstenir de lire ce qui suit. Les autres, allons-y !
Dans une émission radiophonique qu’il nous avait été donné d’écouter, de temps à autre, l’animateur finissait toujours son entretien avec l’invité de l’émission par cette question: si vous aviez le pouvoir de changer quelque chose d’un claquement de doigts, que changeriez-vous ?
Alors que 2016 s’en va et que 2017 s’en vient, occasion par excellence de vœux que l’on fait pour soi-même ou que l’on présente aux autres, posons-nous cette question… Si nous avions le pouvoir de changer quelque chose dans le monde où nous vivons, que changerions-nous ?
Le génie de la lampe d’Aladin ne s’impatiente pas devant nous. Nous avons quelques minutes… Nous pouvons donc réfléchir… Alors, quel vœu ?
Faire que la paix règne dans le monde ? Vous n’y pensez pas ! Que deviendraient toutes les armées nationales que compte la planète ? L’arsenal militaire de chaque pays et les investissements faramineux engagés depuis des lustres dans l’armement, terre, air et mer ? Et puis, que deviendrait le complexe militaro-industriel et ses millions de salariés, cerveaux et petites mains ? Vous voulez leur perte ? Les rayer de la carte ? Vite, un autre vœu !
Faire que la pauvreté soit enrayée et que tous les citoyens du monde soient aussi riches que les 5% de riches qui concentrent entre leurs mains les 90% des richesses mondiales actuellement ?
…Quoi ? Que les près de 7 milliards et demi d’habitants que porte la terre soient tous des Crésus-pleins-aux-as, mine réjouie, ventre bedonnant et comptes bancaires ne comptant plus les milliards de la colonne «Créditeur» ? Rien que des riches ? Ecœurant ! Les Américains aiment la richesse, ok, mais qu’adviendra-t-il des Français qui, depuis la révolution, ont fait de la pauvreté une vertu et crient au scandale chaque fois que quelqu’un s’enrichit ? Et puis, vous avez pensé aux banquiers ? A la crise de surliquidité ? Que feront-ils de toute cette épargne stockée et des crédits que personne ne solliciterait plus ? Non, non, vœu suivant !
Faire que l’analphabétisme soit enrayé et que l’instruction de haut niveau soit générale ? Ouuu là, doucement… Que 7,5 milliards de personnes se mettent à tout comprendre, tout commenter et produire des idées ? Une confrontation de 7,5 milliards d’intelligences !? Impossible. Le monde ne tiendrait plus… Dans l’intérêt général, gardons la connaissance à la seule portée des privilégiés… Vœu, par conséquent, à oublier tout de suite !
Tiens… Peut-être une idée… Et si nous formions le vœu de n’avoir plus qu’une seule langue pour toute la planète. On se comprendrait mieux, on n’attendrait pas le temps de traduction pour émettre ou recevoir un message urgent… Les insultes, par exemple, fuseraient de notre bouche et tomberaient dans l’oreille de l’insulté, vite et dans la langue d’origine ! Non ? Il vaut mieux que chacun insulte dans sa propre langue et selon ses codes nationaux ? Ça s’appelle la richesse des civilisations et la protection des patrimoines ? Bon. Laissons tomber ce vœu aussi.
Un vœu… Un vœu pour changer le monde…? Trouvé ! Faire en sorte que le bonheur règne sur la planète ! Chacun serait heureux dans son milieu, dans sa condition, dans sa langue… Ne pas changer fondamentalement le monde, mais y être fondamentalement heureux. Le bonheur pour tous !
…Oups. Un petit voyant rouge s’allume. Le bonheur pour tous, oui mais il y en a que ce voeu doit exclure. Comment souhaiter un bonheur éternel à ceux qui le trouvent dans le crime, la haine et la cruauté, comme Daech, ou dans les actes abjects, comme les tueurs en série, les violeurs, les pédophiles, les malfrats de tout acabit ?
L’horloge tourne et le temps imparti pour faire le vœu du claquement de doigts s’épuise… C’est un vœu trop important. Il faut que nous y contribuions tous… Tous. Vous compris. Si vous aviez le pouvoir de changer le monde en un claquement de doigts, que changeriez-vous ? Pour que vous ayez le temps d’y réfléchir avec nous, notre vœu aujourd’hui sera que le temps qui nous a été imparti pour en formuler un soit prolongé d’un mois !
Bahia Amrani