Alors que l’ancienne décharge de Médiouna a été fermée, il y a deux semaines, pour laisser la place à la nouvelle décharge contrôlée qui s’étend sur 35 hectares, des militants environnementaux appellent les responsables de la ville de Casablanca à prendre toutes les mesures pour entamer le chantier de la réhabilitation de l’ancienne décharge.
L’état de cette zone de l’ancienne décharge de Médiouna et ses conséquences sur l’environnement écœure notre militant El Mehdi Limina, coordinateur de la coalition associative pour la protection de l’environnement: «Il faut savoir que l’étendue de la pollution est très grand, on trouve des montagnes d’anciennes ordures ménagères, des déchets du BTP et des déchets industriels». Jusque là, aucune solution n’a été trouvée pour réparer les dégâts, mais maintenant qu’un nouveau dépotoir voit le jour, la mairie de Casablanca doit faire de ce dossier une des priorités, insiste ce militant associatif.
«Les responsables de la ville doivent assumer leurs devoirs vis à vis des futurs générations. Ils doivent être autour de la table pour trouver des solutions et de l’argent pour dépolluer le site, mais également trouver des moyens techniques», souligne cet associatif, qui se dit préoccupé sur le devenir de l’ancien dépotoir qui pose toujours problème à cause des dangers qu’il représente pour la santé des riverains.
Normalement, dit Limina, on devait fermer cette décharge depuis plus de dix ans. Mais maintenant que la décision est prise, ce qui est demandé c’est surtout de savoir comment on va réhabiliter cette décharge, poursuit notre militant associatif. «On veut savoir quel sera le devenir de l’ancienne décharge pour qu’elle ne continue plus de constituer un point noir pour son environnement. Car il y a toujours des odeurs nauséabondes qui arrivent jusqu’aux quartiers de Sidi Othmane et Sbata. Sans compter la pollution du sous sol avec l’accumulation des lixivias», explique le coordinateur de la coalition. Et de poursuivre: «Des montagnes de déchets, en cas d’effondrement, vont émettre un taux phénoménal de méthane capable de provoquer le pire. Les populations ne supportent plus de vivre à proximité de ce désastre écologique qui menace les habitants de Médiouna et les communes avoisinantes».
L’ancienne décharge de Médiouna, l’un des dossiers les plus épineux de la région, sera-t-elle sondée pour savoir ce qu’elle contient? Fera-t-elle l’objet d’un diagnostic quant à son éventuel impact sur l’environnement? Ou sera-t-elle restée en l’état? La mairie semble opter pour la réalisation d’un projet de végétalisation de l’ancienne décharge publique.
Pour les militants environnementaux, la présence de végétaux ne doit pas faire oublier ce qui dort dans cette décharge, depuis plus d’une trentaine d’années, comme déchets de l’électroménager, des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) -qui contiennent des composants dangereux pour l’environnement- ou encore plastiques et débris de démolition.
Ceci étant, le projet ne figurerait pas encore à l’agenda de la mairie. En tout cas, selon une source au Conseil de la ville, l’agenda est désormais le suivi du démarrage de la nouvelle décharge, laquelle a récemment été inaugurée en présence de Nabila Rmili, maire de Casablanca et de plusieurs responsables de la région.
La nouvelle décharge contrôlée de Médiouna qui s’étend sur 35 hectares est équipée d’un casier d’enfouissement sur 11 hectares. Le nouveau site va accueillir, chaque jour, plus de 4.000 tonnes de déchets qui proviennent de dix communes avoisinantes dont Médiouna, Mejjatia, Tit Mellil, Dar Bouazza et Bouskoura.
Pour El Mehdi Limina, la crainte, c’est que le scénario de l’ancienne décharge se répète dans la nouvelle. «La nouvelle décharge est temporaire. Elle desservira la région pour une durée de trois ans seulement. C’est une durée très courte. Notre grande préoccupation c’est que le même scénario de Médiouna se reproduise dans cette nouvelle décharge. C’est-à-dire que la durée du contrat dépasse trois ans. Ce qui veut dire que nous pourrions revivre la même situation, surtout que la société qui gère le nouveau dépotoir n’est autre que celle qui gérait l’ancienne décharge», lance notre associatif. Avant de conclure: «d’ici deux ans et demi, la mairie doit réfléchir à des solutions pour mettre en place un dépotoir avec les normes requises au niveau international».
Naîma Cherii