L’avis du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS), au sujet de la gratuité de l’enseignement, continue de susciter une vive polémique. Voici trois avis sur le sujet.
Abdellatif El Moudni, SG du CSEFRS : Il s’agit de défendre l’école publique !
«Je voudrais de prime abord affirmer, de manière catégorique, que le Conseil n’a jamais parlé d’annulation de la gratuité (de l’enseignement) et n’a exprimé aucune position de nature à en amener l’abrogation ou la remise en cause. Bien au contraire, il est l’un des plus grands défenseurs de l’école publique (…). Le fait nouveau est que le Conseil s’achemine vers l’immunisation et la défense de l’école publique et la protection du pouvoir d’achat des citoyens, des pauvres et des classes moyennes. Le projet de loi-cadre adressé par le chef de gouvernement au Conseil pour avis intervient dans le contexte de l’approbation à l’unanimité des membres du CSEFRS de la Vision stratégique de la réforme 2015-2030, c’est-à-dire à l’unanimité des représentants institutionnels, des experts, des syndicats de l’enseignement, des représentants des enseignants, des cadres de l’éducation, formation, orientation et inspection et des représentants des deux Chambres du Parlement. S’il est vrai que les dépenses de l’enseignement et de la réforme du système éducatif sont onéreuses, s’il est vrai que le simple fait de réfléchir à la diversification des sources de financement est devenu pour certains une préoccupation pour des considérations que j’ignore, il n’y a qu’à méditer le proverbe qui dit: si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance».
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Fatna Afid, SG du syndicat de l’enseignement affilié à l’ODT : Les Marocains ont tous droit à la gratuité de l’enseignement
«L’enseignement est en crise, tout le monde est d’accord là-dessus. Le débat et la polémique autour de la suppression de la gratuité de l’enseignement au Maroc sont, à mon sens, bénéfiques. Ils permettront de mettre le doigt sur les vraies lacunes qui font qu’aujourd’hui l’enseignement au Maroc est dans une situation catastrophique. Je pense qu’au lieu de parler de suppression de la gratuité de l’enseignement, le CSEFRS devrait élaborer une stratégie claire et précise qui permette aux Marocains de jouir d’un enseignement digne de ce nom. Le chef de gouvernement souhaite pousser vers la privatisation de l’enseignement et de la santé dans notre pays. Il faut mettre le doigt sur les dysfonctionnements qui empêchent le secteur d’évoluer comme il se doit. J’aurais aussi souhaité que le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique s’insurge contre les contrats à délais déterminés que le gouvernement compte sceller avec les enseignants. Je conclurais en disant que les Marocains ont tous droit à la gratuité de l’enseignement».
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Khalid Samadi, Conseiller du chef de gouvernement en matière d’enseignement : Un débat prématuré
«Il y a un amalgame entre les prérogatives du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique et celles du gouvernement. Quelques temps après son installation officielle, le Conseil a élaboré une vision stratégique de l’enseignement 2015-2030, dans laquelle il est aussi question de débattre des moyens de financement du secteur de l’enseignement dans le Royaume. Le fait que les familles aisées contribuent au financement du secteur de l’enseignement n’est pas une mesure qui sera prise aujourd’hui ou demain. Cette mesure contenue dans l’avis du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique doit d’abord être approuvée par le gouvernement, par le Conseil des ministres et par les deux Chambres du parlement. Ce qui veut dire que le débat autour de cette question de gratuité de l’enseignement est prématuré».
Avis recueillis par M. Loughzal