Pour la troisième fois en quelques mois, un président élu d’Afrique de l’Ouest a été renversé par un putsch militaire. Après ses homologues de Guinée et du Mali, le tour est venu, lundi 24 janvier à Ouagadougou, de Roch Marc Christian Kaboré.
Le président du Burkina Faso avait été porté au pouvoir en 2015 après que la société civile eut mis fin au long règne de Blaise Compaoré, puis réélu en 2020. Les événements de Ouagadougou sont un nouveau choc pour la stratégie française d’intervention au Sahel censée aider les Etats de la région à se renforcer pour assurer la sécurité des populations face au terrorisme. Neuf ans après le début de l’intervention militaire, les zones contrôlées par les djihadistes se sont étendues, les Etats ont continué de s’effondrer et la colère de monter contre la présence française. Après le Mali, au tour du Burkina Faso d’être dans la ligne de mire de la communication russe.
C’est le retour d’un élément de langage désormais bien rodé sur le thème d’un Occident au comportement postcolonial. Dans un commentaire publié sur les réseaux sociaux par sa société, Concord, Evgueni Prigojine évoque «des soi-disant coups d’État dus au fait que l’Occident essaie de gouverner les États» et cela «parfois en se moquant clairement d’eux».
Dans ces conditions, toujours selon l’homme d’affaires soupçonné d’être derrière le groupe Wagner, «il n’est pas surprenant que de nombreux États africains cherchent à se libérer». Pour les offres de services directs, c’est venu d’une autre figure russe, Alexandre Ivanov, connu lui pour être l’un des représentants des «instructeurs» russes en Centrafrique. Il a lui aussi publié un communiqué sur le coup d’État et s’est surtout dit prêt à «partager l’expérience» des «instructeurs» russes en Centrafrique pour la formation de l’armée du Burkina Faso. Les autorités russes, elles, restent officiellement sur une ligne prudente. Le ministère des Affaires étrangères s’était simplement dit «préoccupé par la complication considérable de la situation politique interne» au Burkina Faso.
P. Zehr