La pérennité des systèmes de retraite, une responsabilité collective

Réussir le pari de la pérennité des systèmes de retraite au Maroc est une responsabilité de tous, ont souligné, mercredi 23 février 2022, à Rabat, les participants à une journée d’études initiée sous le thème «La pérennité des régimes de retraites à l’aune de la généralisation de la protection sociale».

S’exprimant lors de cette journée, tenue à la Chambre des représentants et à laquelle ont pris part la ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, et le ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, les participants ont indiqué que la pérennité constitue un élément essentiel dans la réforme des systèmes de retraite, notant que celle-ci est une responsabilité plutôt collective.

Nadia Fettah Alaoui a exposé les défis auxquels sont confrontés les régimes de retraites des secteurs public et privé, relevant que le système de retraite actuel est caractérisé par une hétérogénéité à plusieurs niveaux.

Faisant le point sur l’état actuel du régime des pensions civiles après la réforme paramétrique entrée en vigueur en 2016, la ministre a soulevé que le système épuisera ses réserves (70 MMDH) d’ici 2028, précisant que pour faire face à ses obligations par la suite, la CMR aura besoin d’environ 14 MMDH par an pour financer le déficit du système.

«Le niveau actuel du taux de cotisation (28%) et l’âge légal de départ à la retraite (63 ans) ne laissent qu’une faible marge pour adopter une nouvelle réforme paramétrique», a-t-elle fait remarquer à ce propos.

L’horizon à court terme de la pérennité du système rend l’impact de la réforme paramétrique limité à réduire la dette implicite sans aborder la problématique de l’épuisement des réserves du système, a poursuivi la ministre.

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Et d’ajouter: «Le système est actuellement équilibré par rapport aux droits acquis après la réforme de 2016, la dette implicite actuelle étant particulièrement importante pour les droits acquis dans le passé».

Intervenant à cette occasion, le directeur général de la Caisse nationale de la sécurité sociale (CNSS), Hassan Boubrik, a mis l’accent sur les changements démographiques que connaît le Royaume, notamment le vieillissement de la population et l’amélioration de l’espérance de vie (+de 5 ans entre 2004 et 2020).

Il a, dans ce sens, soulevé le repli du coefficient démographique du système de pensions géré par la CNSS, soulignant la nécessité de mettre en œuvre une réforme à ce système à même d’accompagner ces changements démographiques et garantir sa pérennité financière.

De son côté, le directeur de la branche Prévoyance à la CDG-Prévoyance – Caisse nationale de retraites et d’assurances – Collectif d’Allocation de retraite, Mohamed Ali Bensouda, a relevé que le sujet de la pérennité est une question primordiale qui doit être abordée dans toutes ses dimensions techniques, financières, sociales et pratiques.

L’accélération des réformes paramétriques, a-t-il dit, est un préalable pour préparer les bases d’un nouveau système de retraite durable qui permettra le passage à une réforme globale, ajoutant que la répartition équitable des dettes implicites entre l’ensemble des parties concernées est une condition pour évoluer vers un nouveau système durable.

Il a, à cet effet, affirmé que la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) adhère entièrement au chantier de la généralisation de la protection sociale, notamment dans son volet relatif à la retraite.

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Pour sa part, le secrétaire directeur exécutif de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR), Jaouad Lmourabiti, a indiqué que la généralisation de la protection sociale à travers la mise en œuvre des propositions de la commission nationale chargée de la réforme des systèmes de retraites jouera un rôle important dans l’amélioration des retraites pour les salariés bénéficiant d’un régime de retraite de base. Elle permettra également aux bénéficiaires de ce chantier de bénéficier d’une retraite complémentaire, et assurera un rééquilibre financier au niveau des caisses de retraites, a-t-il poursuivi.

Le secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Younes Benakki a, quant à lui, souligné que le Conseil recommande d’accélérer vivement les efforts de toutes les parties prenantes à même de renforcer les équilibres des systèmes de retraite.

Dans ce sens, le Conseil propose de procéder à l’instauration d’un régime national de retraite unifié, basé sur trois piliers à savoir, un régime obligatoire de base, un régime complémentaire obligatoire contributif pour les revenus supérieurs au plafond et un régime individuel facultatif en capitalisation, a-t-il relevé.

Aussi, le Conseil recommande l’instauration d’un «revenu minimum vieillesse» qui ne soit pas inférieur au seuil de pauvreté au bénéfice des personnes qui ne bénéficieront pas de pension de retraite dans le cadre de la réforme globale des régimes de retraite et du système de protection sociale en général, a ajouté Benakki.

LR/MAP

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