L’économie marocaine avait pourtant commencé à donner des signes de reprise en ce début 2022, suite notamment à l’allègement des mesures restrictives anti-Covid-19 (levée progressive du couvre-feu nocturne, réouverture des frontières aériennes et maritimes, reprise de l’activité touristique…).
Hélas, une succession d’événements inopportuns, viendra chambouler les projetions économiques du gouvernement Akhannouch.
Après une précédente campagne agricole (2020-2021) copieuse et fructueuse, qui s’est distinguée par une bonne répartition temporelle de pluviométrie à l’échelle nationale, l’hiver 2021-2022 n’a pas été assez arrosé. Dans ce contexte, un programme d’urgence anti-sécheresse a été lancé début mars 2022. D’un montant total de 10 milliards de dirhams, le programme lancé sur Hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI comporte plusieurs mesures, notamment la distribution de 7 millions de quintaux d’orge et 400.000 tonnes d’aliments composés aux agriculteurs les plus impactés par l’absence de pluie.
Au Maroc, gouverner, c’est pleuvoir. Or, la sécheresse impacte considérablement la population et l’économie marocaines, du fait que plus de la moitié des ruraux en subissent les effets en termes de moyens de subsistance tributaires de l’activité agricole qui représente une part importante du Produit Intérieur Brut (PIB) et emploie près de la moitié de la population active. Et pour ne rien arranger à la situation, il y a eu cette guerre qui a éclaté entre la Russie et l’Ukraine. Deux grands exportateurs de produits tels que le blé et les céréales, le pétrole et le gaz naturel. Ce conflit armé qui dure depuis plus de deux mois, a fait chanceler une économie marocaine déjà malmenée par la crise sanitaire due au Covid-19. C’est la première fois, en effet, que le prix du gasoil dépasse celui de l’essence (plus de 14 dirhams le litre). Cette augmentation a naturellement eu un effet direct sur les prix des denrées alimentaires, en raison du coût élevé du transport des marchandises. Pour pallier à cette situation, le gouvernement Akhannouch a octroyé une subvention directe aux transporteurs professionnels. En dépit de cette mesure, les prix des denrées alimentaires ont poursuivi leur trend haussier, suscitant incompréhension et colère dans les rangs des ménages, surtout que ces hausses ont coïncidé avec le mois sacré de Ramadan, période durant laquelle tous les regards sont portés sur le niveau des prix des produits à forte consommation.
Pour le Marocain, lambda, le gouvernement est l’unique responsable de la flambée actuelle des prix que connaît le Maroc. De leur côté, bon nombre de spécialistes des questions économiques livrent une analyse beaucoup plus fine de la situation. Joint par Le Reporter, l’économiste Mehdi Lahlou estime que la flambée généralisée des prix dans le Royaume est due à une situation économique mondiale instable. Notre interlocuteur explique que l’actuelle majorité peut intervenir pour atténuer les retombées de cette hausse des prix sur les dépenses des ménages marocains (voir entretien pages 20-21).
Au premier trimestre de 2022, le moral des ménages s’est fortement dégradé. L’indice de confiance des ménages enregistre ainsi son niveau le plus bas depuis 2008. C’est ce que révèlent les résultats de l’enquête permanente de conjoncture auprès des ménages, menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et dont les résultats ont été dévoilés jeudi 14 avril 2022. Au cours des 12 prochains mois, les prix des produits alimentaires devraient continuer à augmenter selon 76,9% des ménages contre 2,8 % seulement qui s’attendent à leur baisse, ajoute le Haut-Commissariat dirigé par Ahmed Lahlimi.
Le 18 avril 2022, à la Chambre des représentants, Aziz Akhannouch sera particulièrement interpellé par l’opposition, notamment par rapport aux mesures prises ou qui peuvent être envisagées pour atténuer les effets de la flambée des prix de certains produits alimentaires et des carburants. A suivre…!
Mohcine Lourhzal