Subventions | L’Etat entre le marteau de la hausse des prix et l’enclume de la compensation

Créée en 1941, la caisse de compensation joue un rôle majeur au Maroc, dans la mesure où elle constitue une soupape de sécurité face à la flambée des prix à l’international. La caisse de compensation c’est aussi un trou béant qui engloutit, chaque année, des milliards de dirhams.

La guerre russo-ukrainienne qui dure depuis février 2022, a fortement déstabilisé l’économie mondiale encore en rémission de la crise induite par la pandémie due au nouveau Coronavirus (Covid-19). Le Maroc n’a pas été épargné par les conséquences de ce conflit qui ne pouvait pas tomber plus mal. Dans ce contexte contraignant, le gouvernement a été obligé de revoir ses prévisions au titre de l’exercice budgétaire 2022. Ces ajustements ont principalement concerné la subvention allouée à la caisse de compensation. C’est ce qu’a tenté d’expliquer, chiffres à l’appui, le Chef de l’Exécutif, lundi 18 avril 2022, lors de son grand oral à la Chambre des représentants.

Déjà 21MMDH dépensés et ce n’est pas fini !

Aziz Akhannouch a en effet indiqué que les charges de la caisse de compensation devraient connaitre une nette augmentation en 2022.  «Les charges de la caisse de compensation se sont élevées à 21,1 milliards de dirhams en 2021, contre des prévisions de 12,5 milliards de dirhams la même année. Cette année (2022), les charges de la caisse de compensation devraient augmenter de plus de 15 milliards de dirhams supplémentaires par rapport aux prévisions de la Loi de Finances, qui avaient été fixées à 17 milliards de dirhams», a-t-il fait savoir. Par ailleurs, le Chef du gouvernement a souligné que l’Exécutif s’est engagé à coordonner avec l’ensemble des acteurs concernés, afin de stabiliser les prix et maintenir leur niveau approprié et habituel, soulignant que les produits de grande consommation feront l’objet d’un contrôle et d’un suivi continu et qu’en cas d’abus, les pouvoirs publics prendront les mesures coercitives qui s’imposent. A. Akhannouch a, en outre, rappelé que le gouvernement a répondu aux revendications des professionnels du secteur du transport, mettant en avant le soutien financier qui leur a été attribué pour maintenir la stabilité des prix de transport, face à la hausse sans précédent des prix des carburants au niveau mondial. Il a, dans ce sens, fait savoir que pas moins de 180.000 véhicules appartenant à différentes catégories professionnelles bénéficieront de ce soutien financier, ajoutant que d’autres mesures seront prises pour atténuer les effets de la hausse des prix des matières premières sur les entreprises nationales, particulièrement les Petites et Moyennes Entreprises (PME) opérant dans le cadre des marchés publics.

L’UE durement affectée par les mesures protectionnistes adoptées par l’Algérie

Piloter le budget de l’Etat et protéger le pouvoir d’achat

A cet égard, le Chef de la majorité a relevé que son équipe gouvernementale œuvre, depuis le déclenchement du conflit russo-ukrainien (février 2022), et de la crise sanitaire due au Covid-19 (mars 2020), à prendre les mesures nécessaires pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens, tout en préservant les grands équilibres des finances de l’Etat. Ces mesures ont permis, selon Aziz Akhannouch, de garantir l’approvisionnement du marché national en produits alimentaires de base, et ce, en dépit de la conjoncture extérieure et du déficit pluviométrique au niveau national, qui ont remis en question les prévisions de la Loi de Finances 2022, basées sur un taux de croissance de 3,2%. Et de noter qu’à la lumière du contexte mondial actuel marqué par l’incertitude et des tensions inflationnistes, le gouvernement accorde une importance cruciale au suivi des évolutions des prix et a pris une série de mesures pour assurer leur stabilité afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages marocains. Le Chef du gouvernement a, dans ce sens, fait savoir que les prix de certains produits a atteint des niveaux records depuis le début de 2022, faisant observer que ceux du pétrole ont dépassé le plafond de 133 dollars le baril, avec une moyenne de 99,4 dollars le baril au cours de la même période, alors que pour le gaz, les prix ont atteint 1.090 dollars la tonne avec une moyenne de 890 dollars la tonne au cours des trois premiers mois de l’année en cours (2022).  De même pour les prix des produits alimentaires importés, qui ont, à leur tour, connu une hausse importante ces dernières semaines, notamment le blé et le sucre. Ainsi, les prix du blé ont atteint un plafond de 457 dollars la tonne (T), voire 500 dollars/T, avec une moyenne de 358 dollars/T, tandis que les prix du sucre se sont élevés à 463 dollars/T, avec une moyenne de 440 dollars/T au cours de la même période. Le Chef de la majorité a estimé que la guerre russo-ukrainienne, les effets de la crise sanitaire et les répercussions des changements climatiques, sont autant de facteurs qui mettent en avant l’importance d’accélérer la mise en œuvre des stratégies d’autonomie énergétique et de la protection de la sécurité alimentaire.

ML

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Subvention des hydrocarbures

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Hydrocarbures : Un rapport parlementaire fait toujours polémique  

Tout en réaffirmant le maintien des subventions pour la farine, le pain l’électricité et pour le gaz butane destinées au grand public, le Chef du gouvernement a expliqué qu’il était impossible pour l’Etat de revenir à la subvention du gasoil et de l’essence. «Nous ne pouvons pas nous permettre de creuser un trou dans les finances publiques», a insisté Aziz Akhannouch, lors de la séance mensuelle des questions orales, tenues le 18 avril 2022, à la Chambre des représentants. Pour rappel, au Maroc, les prix des hydrocarbures sont indexés sur les cours internationaux du pétrole et ce, depuis 2015, sous le gouvernement Benkirane (PJD), à l’exception du gaz butane. Répondant aux attaques du Chef du groupement parlementaire du PJD, Abdallah Bouanou, qui a accusé le gouvernement de manquer de transparence au sujet des prix des carburants sur le marché national, Aziz Akhannouch a vite recardé son interlocuteur en rappelant que la libéralisation des prix des carburants a été décidée sous le gouvernement Benkirane et que les gouvernements successifs dirigés par le PJD n’ont pas réussi à doter le Maroc d’un stock stratégique des produits pétroliers.

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Produits pétroliers

5MMDH pour augmenter le stock stratégique

 

Le Maroc fait partie des pays les plus touchés par la récente hausse des prix des hydrocarbures sur le marché l’international. Bien que Aziz Akhannouch ait affirmé que l’Etat ne pouvait plus subventionner les prix du gasoil et de l’essence, le gouvernement ne compte pas rester les bras croisés pour autant. En effet, l’Exécutif va investir pas moins de 5 milliards de dirhams dans des projets visant à augmenter la capacité de stockage des hydrocarbures à l’échelle nationale, ce qui devrait réduite considérablement la dépendance énergétique du Maroc vis-à-vis des marchés internationaux.

C’est ce qu’a confirmé Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, jeudi 14 avril 2022. La ministre a précisé que sur les 5 milliards de dirhams, 3 milliards de dirhams serviront à développer les capacités de stockage du Gaz Naturel Liquéfié (GNL) et du gaz butane. Les 2 milliards de dirhams restants, seront destinés à la création de projets visant à renforcer le niveau de stockage du diesel et de l’essence à l’échelle nationale, a-t-elle ajouté. Pour rappel, le stock de sécurité chez les compagnies de distribution de carburants au Maroc ne couvrait que 26 jours au 11 avril 2022, contre 43 jours pour l’essence, 83 jours pour le fioul et de 26 jours pour le gaz butane.

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