L’année 2016 s’est terminée avec des événements qui donnent quelques éléments sur ce qui nous attend.
Il y a eu l’attaque terroriste de Berlin contre un marché de Noël. Et il y a eu l’attentat du réveillon du 31 décembre sur le Bosphore, dans la capitale turque qui a fait 39 morts, dont deux Marocaines.
Le terrorisme va peser lourdement sur le climat international 2017, après avoir ensanglanté partout dans le monde 2016. Le prétendu califat en Syrie et en Irak voit ses territoires perdus les uns après les autres et son attractivité en chute libre. La Syrie devrait connaître le début d’une tentative de sortie de crise politique confirmant le grand retour de la Russie de Poutine dans le jeu mondial. La bataille de Mossoul semble, en revanche, au risque d’un enlisement.
Le conflit israélo-palestinien a fait un retour en fanfare à l’ONU avec une condamnation très nette de Tel Aviv sur sa colonisation. Cette condamnation a été rendue possible par la non utilisation du véto américain. Un signe envoyé par Obama avant son départ sur un dossier qui reste l’un des échecs de ses présidences et un signe supplémentaire d’un certain effacement américain.
Cela étant, comme toujours, c’est l’imprévu qui fera l’actualité. Qui en 2016 aurait au début de l’année prévu l’horreur terroriste, le Brexit, l’élection de Trump ou le triomphe de Fillon à la primaire de la droite en France, sans parler du renoncement du président Hollande?
Sur le terrorisme, on ne peut rien prévoir.
Sur le Brexit on avait annoncé une catastrophe qui n’est pas intervenue, mais la GB va se trouver à l’épreuve de la sortie effective.
Sur Trump, on le verra à l’épreuve de sa responsabilité de président. Mais il fait partie des incertitudes portant des imprévus. C’est vrai, notamment sur le dossier palestinien.
Quant à la France, son élection présidentielle va être au centre de toutes les attentions internationales, car personne en ce début janvier ne peut dire qui sera le prochain président français.
Tous les regards seront rivés sur la France, titre The Economist. Le même journal voit l’Europe à droite toute et s’interroge sur l’onde de choc, aux USA et dans le monde, du séisme Trump.
On ne sait comment peuvent évoluer les relations entre Washington et Moscou. Mais il y a des signes de réchauffement. Certains évoquent un nouveau Yalta, un nouveau partage du monde.
Cependant, un dégel des relations pourrait faire baisser la tension dans le monde, mais pas partout.
Une inconnue de taille concerne l’attitude de Trump vis-à-vis de la Chine et l’évolution même de la Chine. Le président Xi Jinping n’est peut-être pas l’homme le plus puissant du monde, pas encore. C’est cependant, incontestablement, le dirigeant le plus puissant du monde, car il cumule vraiment -et même plus que Poutine- tous les pouvoirs. C’est un «ominiprésident» et la rupture en sa faveur des équilibres traditionnels parti-armée peut avoir une influence sur la stabilité d’un régime menacé par des difficultés économiques et sociales nouvelles.
Enfin, pour revenir à l’introuvable stabilité du monde arabo-musulman sur un équilibre frontières assumées, modernisation et tradition à la marocaine, les incertitudes sont plus grandes que jamais.
L’Iran sera-t-il face à une hostilité américaine nouvelle? La Syrie et l’Irak retrouveront-elles des frontières nationales sûres, dans un équilibre ethnique et religieux accepté? L’Etat islamique sera-t-il vaincu définitivement, territorialement, ou y aura-t-il, pour compenser les pertes, des affrontements nouveaux dans de nouveaux territoires? L’Afrique noire pourra-t-elle saisir sa chance économique ou continuera-t-elle à s’enfoncer dans des guerres incessantes, tribales et religieuses, sur fond de corruption?
Le flot des migrants, enfin, va-t-il se tarir ou des vagues humaines vont-elles continuer à se presser aux frontières de l’Europe, au risque de déstabiliser les pouvoirs considérés comme les plus sûrs?
On rejoint l’odieux attentat du marché de Noël qui a fragilisé, malgré la réaction calme des Allemands, la chancelière Angela Merkel. Elle est moins populaire, plus contestée et l’extrême droite relève la tête dans cette terre, pour elle depuis 1945, d’interdit historique.
Et puis, bien sûr encore une fois, il y aura l’imprévu, celui qui fait l’actualité et peut retourner le vent de l’histoire dont certains ont cru à tort, pendant des décennies, qu’il ne pouvait souffler que dans un seul sens.
Nous sommes dans une année de tornades imprévues, au-delà des tempêtes annoncées.
Patrice Zehr