Les interventions chirurgicales à visée esthétique ne donnent pas toujours de beaux résultats. Pire encore, ces opérations réputées sans risques majeures, aboutissent à de véritables drames.
Au Maroc, les cas de décès au cours ou après une chirurgie esthétique ne sont pas nombreux. Et pourtant, ils existent.
Quand une simple opération tourne au cauchemar
Il y a deux ans, une jeune blogueuse (Imane. B, 32 ans) se rend dans une clinique spécialisée en chirurgie esthétique à Rabat, pour une opération d’aspiration de cellules graisseuses, plus connue sous le nom de liposuccion. Après avoir effectué des examens médicaux préopératoires, la jeune femme est informée de la date prévue pour son opération. La patiente (cliente) se présente au bureau des Admissions situé dans le hall d’entrée de la clinique, le jour de l’hospitalisation (lundi 15 juin 2020), à 9 heures tapantes. Prise en charge pas le staff médical, la jeune Imane est aussitôt transférée vers le bloc opératoire où elle passera huit longues heures. Malheureusement, Imane ne s’en sortira pas vivante. Aussitôt informée de ce qui venait de se passer pour leur fille, la famille de la victime décide de déposer plainte pour homicide volontaire. A ce jour, l’affaire est toujours devant les tribunaux. Le chirurgien risque une peine d’emprisonnement de 3 mois à 5 ans, conformément à l’article 432 du Code pénal qui pénalise l’erreur médicale, dès lors que cette dernière est prouvée. Selon le frère de la défunte, elle aurait été victime d’une embolie graisseuse. Il s’agit d’une complication rare dans laquelle la graisse se déplace dans le corps et bloque les vaisseaux sanguins. D’autres affaires similaires ont défrayé la chronique au cours des dernières années au Maroc.
En 2019, une jeune casablancaise âgée d’à peine 30 ans, meurt en pleine opération chirurgicale. Le drame s’est produit dans une clinique esthétique connue de la métropole. Dans les faits, la jeune victime qui souffrait d’obésité et espérait en finir une fois pour toutes avec ses kilos de trop, surtout au niveau des cuisses, a eu recours à la liposuccion qui permet de retirer la graisse de façon sélective par un phénomène d’aspiration à l’aide de petites canules insérées sous la peau. Malheureusement, l’intervention chirurgicale ne s’est pas déroulée comme prévu. Sur Facebook, la mère de la victime, éplorée, a pointé du doigt les responsables de la clinique où sa fille a perdu la vie. De son côté, l’oncle de la victime a fait savoir que sa nièce s’était rendue à la clinique sans en aviser sa famille parce qu’elle croyait que l’intervention qu’elle allait subir n’était pas compliquée. «Pour la convaincre de se faire opérer, le chirurgien lui a montré des photos de patientes étranges ayant subi la même intervention, en lui faisant croire qu’il s’agissait de femmes marocaines», a-t-il déploré. La clinique, tout en présentant ses condoléances à la famille de la patiente décédée, a évoqué une embolie pulmonaire qui aurait causé le décès. Et de préciser que la défunte a été opérée après une série d’analyses préopératoires qui n’ont rien révélé d’anormal, ajoutant que c’est seulement le lendemain de l’opération, après une nuit passée à la clinique, que la patiente a eu un malaise cardio-respiratoire.
Une décision à ne pas prendre à la légère
Jointe par Le Reporter, Najat Abkari, ancien professeur à la faculté de médecine à Casablanca estime que la chirurgie esthétique est un choix personnel, à ne surtout pas prendre à la légère. C’est pourquoi il est nécessaire, selon elle, d’avoir la maturité psychologique nécessaire avant de se lancer. «Il n’y a pas vraiment d’âge défini pour une première chirurgie esthétique, mais il est rare de voir des patients de moins de 18 ans, précise-t-elle, ajoutant que les techniques de chirurgie esthétique ont fait des progrès considérables ces dernières années, offrant aujourd’hui, une solution à chaque zone du corps jugée inesthétique ou source de complexe. «Néanmoins, j’insiste sur le fait qu’il fait laisser au patient le temps de réfléchir à sa décision de se faire opérer, le chirurgien doit obligatoirement lui accorder un délai de réflexion et éventuellement de rétractation. De même, il doit obligatoirement lui exposer le déroulement de l’opération chirurgicale ainsi que les risques et les suites post-opératoires», souligne notre interlocutrice, assurant que le challenge réside dans le fait de mieux informer de ce qu’est réellement la chirurgie esthétique. Si le Maroc se positionne aujourd’hui comme une destination phare de santé et de bien-être, certains manquements qui coûtent parfois la vie à des patients innocents, portent atteinte à l’image du Royaume, en matière de savoir-faire médical.
Dans un monde où le culte du corps et la suprématie de l’apparence règnent, il ne suffit plus d’être belle. Il faut être la plus belle de toutes. Les chanteuses libanaises se livrent une bataille acharnée pour rester la meilleure au Top Ten. Et qui dit la meilleure, dit corps svelte et jeune, visage sous forme de cœur, pommettes hautes et narines à peine visibles. Lorsque qu’on voit l’hystérie que déclenche Haïfa Wehbi ou Nancy Ajram, plus besoin de topo pour comprendre que les lèvres pulpeuses sont un atout incontournable de séduction. Dans cette course du beau et du mince, la vieillesse n’a plus sa place. La soixantaine désigne actuellement l’âge mûr et pas le troisième âge.
Mohcine Lourhzal