La portée et l’ampleur des défis auxquels est confrontée la Région euro-méditerranéenne requièrent le recours à une approche globale et concertée. A cet égard, les cadres régionaux tels que l’Union pour la Méditerranée (UpM) sont essentiels pour la promotion d’une coopération efficace.
Parmi les challenges auxquels sont confrontés les pays des deux rives de la Méditerranée, figure la problématique de l’emploi, notamment des jeunes et des femmes. Cette question est revenue sur le devant de la scène après deux ans de crise sanitaire induite par le Covid-19 et l’impact que la pandémie a eu sur le marché du travail. Dans ce contexte, empreint de grands changements sociaux économiques, les Etats membres de l’Union pour la Méditerranée se sont réunis les 17 et 18 mai 2022 à Marrakech, pour la 5ème réunion Ministérielle de l’UpM sur l’Emploi et le Travail. Ont pris part à cette conférence internationale, le ministre de l’Inclusion Economique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences Younes Sekkouri, représentant le Maroc (pays hôte de la 5ème réunion ministérielle de l’UpM), le Commissaire européen en charge de l’emploi et des droits sociaux, Nicolas Schmit, le ministre du travail de Jordanie, Nayef Stetieh et Nasser Kamel, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée.
Renforcer les compétences pour une meilleure employabilité
Dans son allocution d’ouverture, Younes Sekkouri a exposé les efforts fournis par le Maroc dans le cadre de la relance économique, le développement durable ainsi que la transition énergétique comme moteur de croissance durable. Il a ainsi présenté les différents chantiers des réformes sociale, politique et économique lancés sous les Hautes Directives de SM le Roi Mohammed VI, notamment celui de la généralisation de la protection sociale. Il s’est, dans la même veine, étalé sur les programmes gouvernementaux lancés dans le cadre de la promotion de l’emploi et du renforcement du capital humain, notamment les programmes Awrach et Forsa. Le ministre s’est félicité, en outre, des exploits réalisés dans le domaine du dialogue social et les avancées réalisées dans le cadre de l’Accord social. Dans ce contexte, Y. Sekkouri a souligné que l’Accord social conclu entre le gouvernement, la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et les Centrales syndicales les plus représentatives (UMT, UGTM, CDT). Accord sous forme de pacte, qui vise entre autres, l’amélioration des conditions socioéconomiques des travailleurs marocains. Pour sa part, le Commissaire européen en charge de l’emploi et des droits sociaux, Nicolas Schmit, a souligné l’importance de cette conférence et des panels organisés en marge de celle-ci autour de thèmes sociaux qui préoccupent les pays de la région et qui constituent au même temps des défis et opportunités pour eux.
Il a ainsi réitéré la volonté commune de l’Union européenne et de l’ensemble des pays de la région méditerranéenne à renforcer leur coopération et action multilatérale, notant qu’il s’agit de thématiques autour desquelles il faut unifier les efforts et poursuivre le dialogue aussi bien entre l’Europe et la rive sud de la méditerranée qu’entre gouvernements et sociétés civiles. De son coté, le ministre jordanien du travail, Nayef Stetieh, a précisé que la création d’emplois, surtout après les retombées négatives de la pandémie due au Covid-19 sur le marché du travail, représente un défi majeur non seulement pour la Jordanie, mais aussi pour tous les pays du sud de la Méditerranée, appelant à «multiplier les efforts de coordination et de coopération entre les deux rives afin de réduire le taux de chômage, en mettant l’accent sur le développement de la formation professionnelle et technique, et des institutions de formation connexes pour inclure de nouveaux secteurs qui profiteraient aux jeunes des deux genres, en plus de fournir un environnement de travail sûr et adéquat dans différents secteurs et activités économiques».
Des engagements réels
A l’occasion de la réunion de l’UpM à Marrakech (17-18 mai 2022), l’Union-Européenne (UE) a annoncé le lancement de l’initiative régionale d’«Equipe Europe». Mettant en avant le rôle du commerce et de l’investissement dans la promotion de l’emploi dans la région euro-méditerranéenne, cette initiative contribuera devrait contribuera à la mise en œuvre du nouvel agenda pour la Méditerranée et de son plan économique et d’investissement. L’UE, les Etats membres participants à la ministérielle de l’UpM à Marrakech, leurs agences de développement, la Banque Européenne d’investissement (BEI), ainsi que la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), s’engagent à mobiliser environ près de 3 milliards d’euros pour promouvoir des approches innovantes en matière de création d’emplois dans le sud et l’est de la Méditerranée, en stimulant le commerce et l’investissement durables, la formation professionnelle et les compétences, ainsi que l’entrepreneuriat inclusif. Ladite réunion ministérielle a également été marquée par le lancement du «Hub de l’UpM pour l’emploi, le commerce et l’investissement». Co-financé par l’Allemagne et l’Espagne. Le nouveau Hub soutient l’UpM dans ses efforts pour améliorer et développer des approches innovantes pour la coopération régionale dans les domaines de l’emploi, du commerce et de l’investissement en Méditerranée et permettra de soutenir et de compléter les objectifs de la nouvelle Initiative «Equipe Europe». Par ailleurs, la conférence ministérielle de l’UpM sur l’Emploi et le Travail 2022 a été précédée par des rencontres qui ont réuni notamment le ministre marocain de l’Inclusion économique, le Commissaire européen à l’Emploi et des droits sociaux. Ces meetings étaient axés sur les moyens de renforcer la coopération dans les domaines de l’emploi et de la formation professionnelle entre les pays membres de l’UpM.
D.N.E.S à Marrakech: Mohcine Lourhzal & Soufiane Benkhadra
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Initiatives «Equipe Europe»
Une vision partagée
Grâce aux initiatives d’Equipe Europe, l’Union Européenne, les agences de développement et les institutions financières nationales unissent leurs forces pour atteindre des objectifs politiques communs tant au niveau régional que national, en créant à titre d’exemple, un système dans lequel le commerce et les investissements contribuent à la création à long terme d’emplois décents. L’initiative Equipe Europe régionale «L’emploi grâce au commerce et à l’investissement», s’attaque pour sa part aux énormes défis en matière de travail décent qui existent tant du côté de la demande que de l’offre chez les partenaires du sud de la Méditerranée. Elle soutient une approche holistique de la création d’emplois dans le voisinage sud, en rassemblant des initiatives qui relient les politiques de commerce, d’investissement et d’entrepreneuriat aux politiques de création d’emplois. Afin d’obtenir un impact transformateur dans la région, l’Initiative couvre trois piliers thématiques, à savoir, le commerce et l’investissement durables, la formation professionnelle et les compétences et l’entrepreneuriat inclusif. Elle prévoit une coopération étroite avec l’Union pour la Méditerranée, notamment avec les différentes plateformes politiques de l’UpM. Précisons que la Commission européenne, l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie, ainsi que la BEI et la BERD soutiennent la nouvelle initiative régionale.
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Ils ont déclaré au Reporter
Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion Economique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences
«Faire valoir l’expérience marocaine dans le domaine de l’emploi»
«La cinquième réunion ministérielle de l’Union pour la Méditerranée intervient au moment où nous espérons enfin sortir d’une crise Covid qui a impacté tous les secteurs d’activité, avec des effets particulièrement aigus sur le marché du travail aussi bien au Maroc que dans tous les pays du monde. Cette réunion ministérielle a été l’occasion de faire valoir l’expérience marocaine dans le domaine de l’emploi et de la promotion des compétences, sous le leadership de SM le Roi Mohammed VI. Je rappelle que le Maroc, sous la conduite de Sa Majesté le Roi, a lancé des projets d’envergure, notamment pour ce qui est de la généralisation de la couverture sociale qui a déjà atteint des objectifs très avancés, outre les programmes d’appui à l’emploi lancés par le gouvernement suivant les Hautes directives du Souverain (Awrach, Forsa). L’accord social conclu dernièrement entre le gouvernement et les Centrales syndicales les plus représentatives constitue également un grand pas en avant vers le raffermissement de la cohésion sociale et de développement du capital humain au niveau national».
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Nayef Stetieh, ministre du Travail du Royaume de Jordanie
«Renforcer la coordination entre les deux rives de la méditerranée pour lutter contre le chômage»
«Cette rencontre (5ème réunion ministérielle de l’UpM sur l’Emploi), a été une occasion pour partager les expériences et discuter des moyens à mettre en place pour booster l’employabilité des jeunes et des femmes. Comme je l’ai déjà expliqué, la création d’emplois, surtout après les retombées négatives de la pandémie du Covid-19 sur le marché du travail, représente un défi majeur non seulement pour la Jordanie, mais aussi pour tous les pays du sud de la Méditerranée. Il faut donc multiplier les efforts de coordination et de coopération entre les deux rives afin de réduire le taux de chômage, en mettant l’accent sur le développement de la formation professionnelle et technique, et des institutions de formation connexes pour inclure de nouveaux secteurs qui profiteraient aux jeunes des deux genres, en plus de fournir un environnement de travail sûr et adéquat dans différents secteurs et activités économiques».
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Nicolas Schmit, Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux
«Renforcer la participation des femmes et des jeunes au développement économique»
«Le chômage des jeunes est une préoccupation majeure dans la région euro-méditerranéenne. Nous devons continuer à promouvoir ensemble des politiques fortes qui aident à accéder au marché du travail, afin qu’ils puissent prendre confiance et réaliser leur potentiel professionnel et leurs aspirations personnelles. Il est essentiel de fournir aux jeunes et aux femmes les compétences dont ils ont besoin pour soutenir les transitions verte et numérique, renforcer leur participation au développement économique et aider les travailleurs de l’économie informelle à accéder à un emploi formel et à bénéficier d’une protection sociale adéquate. Tel est le principal objectif de la 5ème réunion ministérielle sur l’Emploi organisée par l’UpM, ici à Marrakech».
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UpM-5ème réunion ministérielle sur l’emploi
Déclaration finale adoptée !
La 5ème réunion ministérielle de l’Union pour la Méditerranée (UpM) sur l’Emploi et le Travail qui s’est tenue à Marrakech les 17 et 18 mai 2022, a été sanctionnée par l’adoption d’une Déclaration finale, au terme de laquelle les Etats membres de l’UpM s’engagent à relever les défis en matière d’emploi et d’employabilité pour les personnes les plus vulnérables, en particulier les jeunes et les femmes. Ainsi, les ministres chargés de l’emploi et du travail au sein des pays de l’Union, ont à la plateforme régionale de l’UpM sur l’emploi et le travail de présenter une feuille de route orientée vers l’action 2022-2025 et de soutenir sa mise en œuvre, conformément aux objectifs de ladite Déclaration.
Cette feuille de route devrait se concentrer sur les jeunes qui ne sont pas en situation d’emploi, d’éducation ou de formation, sonder des alternatives innovantes pour rendre les systèmes d’enseignement et de formation professionnels plus modernes, inclusifs, attractifs, flexibles, pertinents pour le marché du travail et adaptés aux transitions numérique et verte, promouvoir la transition vers l’emploi formel pour les travailleurs dits “informels”, en particulier les femmes qui accèdent moins souvent à un contrat de travail, ne bénéficient pas d’une protection sociale adéquate et à qui certains droits fondamentaux sont refusés.
Il s’agit, également, de favoriser des mécanismes de financement diversifiés et durables pour soutenir les politiques d’éducation, de formation et d’emploi, reconnaître l’économie sociale, l’entrepreneuriat social et l’innovation sociale comme un modèle résilient pour la création d’emplois plus décents, en particulier pour les plus vulnérables, accorder une attention particulière au bon fonctionnement des processus de suivi des politiques sociales et de l’emploi, afin de mieux comprendre l’impact des politiques publiques, notamment sur les jeunes et les femmes et encourager et développer l’utilisation des «communautés de pratique», notamment sur l’emploi des jeunes, où les autorités nationales peuvent discuter et échanger des meilleures pratiques à adopter.