La situation de non-droit et le chaos prévalant dans les camps de Tindouf, contrôlés par le polisario, au sud-ouest de l’Algérie, constituent une menace pesante sur la sécurité et la stabilité des pays voisins et de la région, ont mis en garde des experts internationaux, jeudi à Genève.
Réunis dans le cadre d’un panel virtuel, organisé en marge de la 50è session du Conseil des droits de l’homme sur ‘’les droits de l’homme dans les camps de Tindouf en Algérie : une situation précaire et alarmante’’, à l’initiative de l’Observatoire international pour la paix, la démocratie et les droits de l’homme (IOPDHR) et l’ONG ‘’Promotion du développement économique et social’’ (PDES), ces experts ont attiré l’attention sur la situation d’insécurité et de violations systématiques des droits de l’homme dans les camps de Tindouf, un terrain clos qui échappe à tout contrôle international, soulignant que la responsabilité de ces violations incombe principalement au pays hôte, l’Algérie.
Dans une intervention lors de cet évènement, modéré par la présidente de l’IOPDHR, Aicha Douihi, l’avocat et défenseur des droits de l’homme, Naoufel Bouamri, a mis l’accent sur l’état de mécontentement général, de frustration, de terreur et d’incertitude que vivent les habitants des camps de Tindouf du fait de l’insécurité, de la répression et des pratiques inhumaines auxquelles se livrent les milices du polisario à l’encontre des populations quadrillées en plein désert dans les camps de Tindouf, dans le but d’étouffer, par tous les moyens, la protestation et la colère populaire, au mépris des chartes et règles du droit humanitaire international.
Dans la même veine, la présidente du Centre international pour la diplomatie, Karima Ghanem, a dénoncé le refus du polisario et de l’Algérie de coopérer avec les mécanismes des Nations Unies au sujet des disparitions forcées, des enlèvements, des exécutions extrajudiciaires, de la torture dans les centres de détention et d’autres pratiques cruelles, inhumaines ou dégradantes dans les camps de Tindouf. Elle a fustigé, dans ce sens, l’attitude du régime algérien qui s’oppose au recensement des populations des camps de Tindouf, malgré les demandes formulées à cet effet par le Haut-commissariat aux Réfugiés et les résolutions du Conseil de sécurité sur la question.
De son côté, le chercheur en droit des affaires, Badr Zaher Al Azrak, a relevé que les camps de Tindouf sont ‘’en réalité des zones d’embrigadement militaire forcé où les milices armées du polisario séquestrent une population civile, avec la complicité de l’Etat algérien’’.
Pour sa part, le professeur de sciences politiques, M. Mohammed Al-Zahrawi, a dénoncé la dérobade de l’Algérie de sa responsabilité internationale à l’égard des populations des camps de Tindouf, notant que ces camps échappent aux critères de classification comme camps de réfugiés, au regard notamment de l’absence d’un recensement des habitants, outre leur caractère militaire, en totale contradiction avec les termes de la Convention de Genève sur les réfugiés.
D’autres intervenants, notamment Noureddine Oubad, président de l’ONG PDES, et les experts en développement humain et en droits de l’homme, Matteo Dominici et Damien Reggio, ont appelé à intervenir pour mettre fin au calvaire des populations des camps de Tindouf, qui sont privées de leurs droits les plus élémentaires, notamment le droit de déplacement, d’expression et de travail, en violation des chartes des Nations Unies et des procédures du Haut-commissariat pour les réfugiées.
Ce panel a été sanctionné par un communiqué dans lequel les participants ‘’expriment leur profonde préoccupation face aux violations croissantes commises contre la population des camps de Tindouf, par le polisario et les forces de sécurité algériennes’’.
Les experts ayant pris part à cet évènement ont, de même, ‘’dénoncé fermement l’attitude négative du pays hôte, l’Algérie, face aux graves violations ciblant les résidents des camps de Tindouf’’, appelant la communauté internationale à exiger que ce pays fournisse aux résidents des camps de Tindouf la protection nécessaire, en annulant le mandat illégal accordé au polisario, et en prenant en charge la gestion et l’administration desdits camps, conformément aux obligations internationales en la matière et la Convention relative au statut des réfugiés et son Protocole facultatif’’.
Ils ont, en outre, demandé à l’État algérien de ‘’faciliter la visite des camps par des associations de défense des droits de l’Homme et des groupes de recherche pour enquêter et communiquer avec la population, en accélérant le recensement de la population des camps de Tindouf, en vue de préparer des programmes d’aide’’.
Les experts ont réclamé, d’autre part, ‘’l’ouverture d’une enquête sur tous les cas d’enlèvement, de disparition forcée et de torture, qui se sont produits pendant près de cinq décennies, et à juger équitablement les auteurs de ces violations conformément au droit international humanitaire, et ce sans délai de prescription’’.
Tout en appelant à œuvrer pour que cessent ‘’le harcèlement et la persécution des défenseurs des droits de l’Homme et des opposants’’ par la direction du polisario, les participants à ce panel ont plaidé pour ‘’l’amélioration des services de base, l’intégration des camps de Tindouf dans les plans de développement du pays hôte, l’Algérie, outre la mise en œuvre des programmes éducatifs de manière à promouvoir la paix et la tolérance et prévenir la violence, l’intensification des efforts visant à former et éduquer les enfants aux valeurs des droits humains, à l’éducation et à la paix, et la fin du recrutement d’enfants à l’intérieur des camps de Tindouf, conformément aux obligations internationales du pays hôte’’.
LR/MAP