Le Maroc, en période pré-électorale

Les Marocains attendent mieux que des polémiques stériles entre les composantes du gouvernement, les parlementaires et les partis politiques. Car il y a à faire pour sortir le pays de la crise économique.

Chabat Elections

Dans la rue, l’heure est au débat, souvent houleux, sur la crise politique provoquée par la décision, entérinée par le Conseil national du Parti de l’Istiqlal, de claquer la porte du gouvernement; une décision restée lettre morte avec l’intervention royale (art. 42 de la constitution) de maintenir en place les ministres istiqlaliens jusqu’au retour du Souverain de l’étranger.

Les ministres istiqlaliens sont toujours là

Au parlement, les groupes parlementaires ne cachent pas qu’ils sont déroutés et qu’ils n’ont plus aucune visibilité, ne sachant plus s’ils doivent ou non continuer à débattre au sein des commissions parlementaires et à voter les projets de loi. Pour preuve, ces commissions enregistrent une sous-représentativité, le séminaire sur «L’initiative législative populaire» organisé par la Chambre des représentants n’ayant pas drainé la foule -pas plus d’une dizaine de députés et de conseillers y ont participé-. Au dernier conseil du gouvernement, les ministres ont respecté le mot d’ordre, y compris ceux de l’Istiqlal qui n’ont pas déposé leur démission contrairement aux rumeurs qui ont circulé et que le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, s’est empressé de démentir lors de son point de presse hebdomadaire à l’issue du conseil de gouvernement (jeudi 16 mai 2013).

Où se cache Hamid Chabat?

Hamid Chabat, l’homme par qui la crise politique est arrivée, continue de nourrir le débat et brille surtout par son absence. Nous avons essayé à maintes reprises de l’avoir au téléphone, en vain, ses portables demeurant aux abonnés absents. Cependant, Adil Benhamza, porte-parole de l’Istiqlal et El Kihel, patron de la «Chabiba Istiqlalia», restent disponibles même s’ils versent dans le déjà dit, les consignes étant de «ne pas verser de l’huile sur le feu en attendant le retour tant attendu de SM le Roi Mohammed VI qui, on l’espère, trouvera une issue honorable pour tous à cette impasse».

Un été bien mouvementé

Non à la déstabilisation du pays

Dans les débats animant les salons et la rue, l’Istiqlal, tout comme son leader, divisent les Marocains. La tendance est cependant à une certaine unanimité à reprocher au parti istiqlalien d’avoir mal choisi le moment de dégoupiller sa grenade et de la lancer dans le tas, au moment où le chef de l’Etat se trouvait (et se trouve encore) hors du pays. Ce n’est pas «dans nos traditions et nos coutumes de profiter de l’absence du Souverain hors du pays pour semer la zizanie», nous a dit un député. La crise économique que connaît le Maroc, comme d’ailleurs partout dans le monde, aurait dû «inciter Hamid Chabat à plus de pondération et de responsabilité, sachant que la déstabilisation du pays ferait fuir ou du moins rendrait encore plus frileux les investisseurs et ce, au moment où le Souverain n’arrête pas de sillonner les Etats frères et amis en quête d’investissements qui garantiraient le développement et la quiétude du Maroc», nous a confié un universitaire.

PJD et PI à couteaux tirés

La polémique est bien installée au parlement. Pour preuve, cette véritable prise de bec entre Abdallah Bouanou, chef du groupe PJD à la Chambre des représentants et Mustapha Hanine, député istiqlalien, qui a eu pour théâtre la très fréquentée commission des finances.
Bouanou, qui défend son parti, le PJD, a tiré à boulets rouges sur le Parti de l’Istiqlal, l’accusant «de menacer la stabilité des institutions du pays, ce qui n’est pas pour tranquilliser les investisseurs». L’accusation n’étant pas tombée dans une oreille sourde, en l’occurrence celle de l’istiqlalien Mustapha Hanine, celui-ci a nié en bloc les dires de Bouanou. En atteste, a-t-il avancé, le recours istiqlalien à l’article 42 de la constitution qui stipule que «le Roi, Chef de l’Etat, veille au respect de la constitution, au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles…» et non à l’article 47 qui parle de démission d’un ou de plusieurs membres du gouvernement du fait de leur décision individuelle ou collective.

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Rétablir la confiance

Pour leur part, les Marocains ne s’expliquent pas -et ne le cachent pas- le fait que les composantes de la majorité gouvernementale se tirent dessus et se lancent dans une polémique stérile, en plus du fait que le parlement, avec ses deux Chambres, ses majorité et son opposition, en fait autant avec des prises de bec sur des sujets et thèmes «bidons», faisant abstraction des vrais problèmes et crises auxquelles le pays et les citoyens sont confrontés. En tête de ces problèmes, il y a l’incapacité du gouvernement de réaliser un taux de croissance de l’ordre de 4,5% au courant de cette année et ce, même conforté par une saison agricole tant espérée et attendue
Donc, les Marocains attendent mieux de leur gouvernement, de leur parlement, partis politiques, majorité et opposition qui n’ont pas le droit de les décevoir. Sinon, cette confiance, qui a du mal à se réinstaurer entre les citoyens et les politiciens, risque de se désagréger davantage. Et et ce n’est pas bon pour l’avenir du pays que nous souhaitons plus radieux.

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