Invité du programme “In Conversation with…”, dans le cadre de la 19è édition du Festival International du Film de Marrakech, le grand cinéaste américain Jim Jarmusch a dit, mardi, toute sa joie de revenir au Festival International du Film de Marrakech et au Maroc, une “terre d’inspiration et d’échange”.
“C’est magique de revenir à nouveau au Festival International du Film de Marrakech que j’ai découvert pour la première fois en 2009”, s’est félicité le cinéaste connu notamment pour les films “Stranger Than Paradise” (1984), “Down by Law” (1986), “Dead Man” (1995) et “Ghost Dog : la voie du Samourai” (1999), lors de sa rencontre avec les cinéphiles à la 19e édition du Festival international du film de Marrakech, placée sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI.
Faisant part de son amour inconditionnel pour la Cité Ocre et le Maroc, “un pays merveilleux et un peuple chaleureux”, le cinéaste américain a souligné son fort attachement à la ville de Tanger, où il a tourné “Only Lovers Left Alive” (2013).
“Tanger m’a beaucoup inspiré et m’a offert l’opportunité de nouer des relations intenses avec des personnes magnifiques”, a relevé le metteur en scène de ce film de vampires avec Tom Hiddleston et Tilda Swinton, où l’action se partage entre deux villes, Detroit dans le Michigan aux Etats-Unis et Tanger.
Devant une assistance attentive et admiratrice, Jarmusch, un cinéaste qui a toujours refusé de faire comme tout le monde, a partagé sa vision singulière du cinéma et de la création. “Je ne peux pas définir mon cinéma… Je pense à chaque scène comme un film à part entière sans penser à la façon dont les scènes vont se connecter… comme les perles d’un collier”, a-t-il expliqué.
Véritable observateur des petites interactions humaines et s’inspirant des détails de la nature et de la vie, Jarmusch, exemple parfait du cinéaste indépendant américain, a estimé “qu’une grande partie de mon travail consiste à avoir une antenne pour capter les idées, les émotions, les situations…”.
Refusant de définir son style cinématographique, le cinéaste qui construit depuis le début des années 80 une œuvre d’une grande cohérence, à la fois minimaliste, personnelle, libre et désenchantée, a souligné qu’il “existe un nombre limité d’histoires à raconter, mais il existe un nombre illimité de façons de les raconter”, s’assumant “intuitif” et “anti-analytique”.
Sa façon de faire ? surtout un œil pour les détails. “Je suis un vrai maniaque des détails : chaque pièce de vêtement, la couleur des lacets, la forme du cendrier… chaque détail est très important, ce qui rend les gens autour de moi fous”, a-t-il dit avec un sourire malicieux.
Pour cela, le metteur en scène qui a commencé sa carrière avec “Permanent Vacation” (1980) a estimé que la production d’un film est “trop difficile” et “demande une énergie énorme” et “une concentration intense”.
Par ailleurs, il a admis sa passion pour la désorientation. “Je suis ouvert à la désorientation et à la réorganisation… J’aime être dans des endroits où je suis désorienté et essayer de me perdre et voir si je peux retrouver mon chemin”, a-t-il relevé, exprimant sa passion pour les nouvelles aventures dans des nouvelles villes et cultures.
Dans ce sens, Jarmusch a refusé toute catégorisation. “Je ne comprends pas pourquoi nous devons mettre des catégories au lieu de la beauté infinie de la diversité … la plus belle chose à propos de la vie sur terre est la diversité”, a-t-elle soutenu en guise de conclusion.
Outre ses œuvres cinématographiques, Jarmusch est acteur, auteur, musicien et producteur. Son livre Some Collages est publié par Anthology Editions en 2021. Il poursuit en parallèle ses concerts et les enregistrements en studio avec son groupe SQURL, le luthiste Jozef Wissem et bien d’autres artistes encore.
Outre Jim Jarmusch, le programme “In Conversation with …” accueille l’acteur indien Ranveer Singh, l’actrice franco-italienne Marina Foïs, la réalisatrice française Léos Carax, l’actrice et réalisatrice française Julie Delpy, la réalisatrice française Julia Ducournau, deuxième réalisatrice à recevoir la Palme d’Or de l’histoire du Festival de Cannes.
Seront également de la partie, le compositeur franco-libanais oscarisé Gabriel Yared, l’éminent acteur britannique Jeremy Irons, le réalisateur iranien deux fois oscarisé Asghar Farhadi et le réalisateur suédois Robin Östlund.
LR/MAP