Le Nigeria est un “partenaire stratégique très important” du Maroc, a affirmé l’Ambassadeur de SM le Roi au Nigeria, M. Moha Ou Ali Tagma.
“C’est au Nigeria que le Maroc réalise ses plus gros investissements étrangers”, a fait savoir M. Tagma dans un entretien paru vendredi dans le quotidien nigérian “Daily Trust”, sous le titre “Pourquoi le Maroc est-il une destination privilégiée des Nigérians ?”.
SM le Roi Mohammed VI et Son Excellence le président Muhammadu Buhari ont tracé depuis 2016 le chemin de ce que devrait être la relation entre les deux pays, qui ont tous les atouts pour être une locomotive pour l’Afrique, a-t-il poursuivi.
Les deux pays sont très proches, historiquement, géographiquement et culturellement, et leur relations remontent à plusieurs siècles, à l’époque où les royautés du Borno, du Sokoto et de Kano entretenaient des relations très profondes avec le Maroc, notamment avec les villes de Marrakech et de Fès, a expliqué le diplomate marocain.
Sur cette base, et en raison de leurs choix politiques et sociaux similaires et des impératifs de développement économique et social des deux pays, ils ont construit un partenariat gagnant-gagnant exemplaire, a souligné l’Ambassadeur .
Répondant à une question sur le gazoduc Nigeria-Maroc, M. Tagma a rappelé que SM le Roi Mohammed VI a affirmé, dans Son dernier discours à l’occasion du 47-ème anniversaire de la Marche Verte, que le projet de gazoduc Nigeria-Maroc, destiné aux générations présentes et futures, “œuvre en faveur de la paix, de l’intégration économique du continent africain et de son développement commun”.
Le Souverain a déclaré qu’”eu égard à la dimension continentale du gazoduc Nigéria-Maroc, Nous y voyons aussi un projet structurant promettant d’arrimer l’Afrique et l’Europe”, a-t-il ajouté.
“Compte tenu de l’intérêt particulier que Nous portons au partenariat avec les États de l’ouest du continent, ce projet représente pour Nous plus qu’un projet bilatéral entre deux pays frères. Notre souhait est qu’il soit plus largement un projet stratégique profitable à l’ensemble de la région de l’Afrique de l’ouest, dont la population dépasse 440 millions d’habitants”, a indiqué SM le Roi.
SM le Roi a noté, à cet égard, qu’”outre le Maroc et la Mauritanie, ce gazoduc offre aux quinze pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), des opportunités et des garanties en matière de sécurité énergétique et de développement socio-économique et industriel”, a souligné le diplomate marocain.
Dans ce contexte, SM le Roi a rappelé que le mémorandum d’entente, signé récemment à Rabat, avec la CEDEAO et, à Nouakchott avec la Mauritanie et le Sénégal, marque un jalon essentiel dans le processus de réalisation du projet, a-t-il fait observer.
Le Souverain a mis en avant que ce mémorandum traduit l’engagement des pays concernés à contribuer à la concrétisation de ce projet stratégique et illustre leur volonté politique d’assurer son succès, a-t-il indiqué.
Dans ce contexte, a-t-il ajouté, SM le Roi s’est félicité de l’appui des institutions financières régionales et internationales qui ont exprimé le souhait d’apporter leur concours effectif à sa mise en œuvre, affirmant “le souci du Maroc d’agir toujours, de concert avec Nos frères du Nigéria et l’ensemble des partenaires, en toute transparence et responsabilité, pour que ce projet soit concrétisé dans les meilleurs délais”.
S’agissant de la coopération bilatérale, M. Tagma a relevé que lors de la visite de SM le Roi au Nigeria en décembre 2016 et de la visite du président Buhari au Maroc en juin 2018, les deux pays ont signé plusieurs accords visant à renforcer leurs relations et leur coopération, notamment dans le domaine économique.
Outre l’accord sur le gazoduc Nigeria-Maroc, les deux pays ont également conclu un important accord dans le domaine des engrais qui soutient la politique du président Buhari visant à développer l’agriculture au Nigeria pour une économie plus diversifiée et assurer la sécurité alimentaire de la population nigériane, a-t-il mis en avant.
L’accord prévoit la fourniture d’engrais au Nigeria, ainsi que la construction de trois usines de production d’engrais à Kaduna, Ogun et Sokoto, et la construction d’un grand complexe de fabrication d’engrais dans l’État d’Akwa Ibom, a-t-il détaillé.
Cet accord, qui est mis en œuvre, du côté marocain, par l’Office chérifien des phosphates (OCP), fait du Nigeria la plateforme privilégiée des investissements étrangers marocains et le seul pays en Afrique où l’OCP a mis en place de telles infrastructures, a-t-il soutenu.
“D’autres accords concernent le partage d’expériences dans différents secteurs. Un accord a été signé à l’occasion de la visite royale de décembre 2016 au Nigeria par la Fondation Mohammed VI pour le développement durable, grâce auquel elle a construit un centre de formation professionnelle à Maiduguri, dans l’État de Borno, en étroite collaboration avec le gouvernement local et une organisation non gouvernementale nigériane”, a encore rappelé le diplomate marocain.
Au sujet du renforcement des capacités des jeunes au Nigeria, M. Tagma a indiqué que des centaines d’étudiants nigérians poursuivent leurs études au Maroc dans les différentes universités du pays et dans différentes filières dans le cadre de l’accord de coopération entre les deux pays, en vertu duquel le Maroc octroie chaque année 100 bourses aux étudiants nigérians, en plus de ceux qui choisissent des instituts privés au Maroc pour poursuivre leurs études.
En outre, le Maroc est devenu une destination privilégiée pour de nombreux Nigérians, non seulement pour les affaires et les bourses d’études, mais aussi en tant que pôle touristique et spirituel, a-t-il enchaîné.
Les villes de Marrakech, Fès et Casablanca sont de plus en plus fréquentées par les citoyens nigérians, a-t-il précisé, soulignant que le Maroc est le berceau de la Tijaniya puisque la ville de Fès est celle où Sidi Ahmed Tijani a vécu, professé et a été enterré.
LR/MAP