Une information stratégique, relative au Moyen-Orient, est passée récemment inaperçue en Occident. A la demande de l’Arabie Saoudite, l’armée pakistanaise a déployé une brigade mécanisée au sud du royaume, le long de sa frontière avec le Yémen.
«Ce nouveau kriegspiel rappelle, par le grand nombre de ses acteurs et par sa dangerosité, les crises balkaniques du début du XXe siècle».
Voici donc une nouvelle puissance qui se jette dans le «grand jeu» stratégique se déroulant autour de la mer Rouge, beaucoup plus complexe que celui qui se joua au XIXe siècle pour le contrôle de l’Afghanistan.
Les tensions en mer entre la coalition arabe (appuyée par les Etats-Unis) et les rebelles sont montées d’un cran depuis les attaques perpétrées contre des navires de la coalition arabe et l’US Navy. Un navire de guerre émirati a été attaqué en octobre 2016 par les rebelles, au moyen d’un missile antinavire, selon des experts. Des navires américain et saoudien ont par la suite été pris pour cible. La bataille pour la ville portuaire de Mokha a laissé planer des menaces dans les eaux très fréquentées de la mer Rouge et du détroit de Bab el-Mandeb. L’Office of Naval Intelligence a tiré la sonnette d’alarme, le 6 mars, au sujet de la présence de mines marines «à l’entrée du port Mokha» (situé à 70 kilomètres au nord du détroit qui sépare le Yémen de Djibouti), dans une information rapportée par Reuters. Assumant son rôle de gardien des mers dans un contexte de haute tension, l’US Navy avait assuré déployer les efforts nécessaires pour protéger le détroit et les navires qui y transitent de ces mines, avant l’incident. Sans succès. L’administration maritime américaine avait pointé du doigt la responsabilité des rebelles houtis, alliés aux partisans de l’ancien président Ali Abdallah Saleh et supposément appuyés par le grand rival chiite de l’Arabie Saoudite, l’Iran.
Ce point névralgique du commerce mondial assure l’approvisionnement énergétique de l’Europe et des Etats-Unis, notamment.
Patrice Zehr