Dette privée : Où en est le Maroc?

«Dette privée au Maroc, enjeux et perspectives» est le thème de la conférence organisée à Casablanca par l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (Asfim), en partenariat avec Casablanca Finance City, (CFC). Retour sur l’événement.

Nizar Baraka ministre des Finances

La rencontre était une bonne occasion de dresser le bilan de l’évolution du secteur de la dette privée au Maroc, secteur en forte croissance avec un gisement de près de 180 MMDH. Ce compartiment du marché financier a en effet contribué au financement de l’économie de manière significative au cours des dix dernières années. Il représente aujourd’hui au Maroc près de la moitié du gisement des Bons du Trésor, près de 40% de la capitalisation boursière et près de 25% de l’encours des crédits bancaires.

Pour un état des lieux

La conférence a été inaugurée par Nizar Baraka, ministre de l’Économie et des Finances, et a connu la participation de régulateurs, investisseurs institutionnels, banques conseils, émetteurs, agences de notation et sociétés de gestion. Elle s’est articulée autour de trois ateliers complémentaires, à savoir le rôle de la dette privée dans le financement de l’économie et la mobilisation de l’épargne au Maroc; les pratiques à l’international de ce marché; et les propositions pour assurer la pérennité et le développement de ce compartiment au Maroc.
Les intervenants ont exposé le fonctionnement ainsi que les contraintes du marché de la dette privée. Le renforcement de la confiance des investisseurs à travers une plus grande transparence, un meilleur accès à l’information et la mise en place de dispositifs juridiques ont été les points clés qui ont émergé. Par ailleurs, la notation des émetteurs et des émissions a été vivement encouragée par la majorité des participants, afin de permettre à tout investisseur d’avoir une opinion indépendante, avant et tout au long de la durée de vie de l’émission, du risque de crédit.
Les participants ont ainsi apporté un éclairage sur les problématiques, l’état des lieux, les enjeux, les dysfonctionnements et les perspectives du marché de la dette privée au Maroc à travers quatre prismes, pour avoir une vision globale sur l’évolution de ce marché. Il s’agissait d’abord d’un prisme macroéconomique, vu que la dette privée est aussi un moyen de financement de l’économie; ensuite, d’un prisme microéconomique qui a étalé le point de vue de l’entreprise qui émet; d’un autre prisme marché et fonctionnement à travers les normes et les opérations; et enfin d’un prisme Benchmarking qui a permis de donner une idée sur les meilleures pratiques des marchés de la dette privée à l’international.

Un été bien mouvementé

Une étude qui dit tout

La conférence était aussi une occasion pour présenter les résultats d’une étude réalisée par l’Asfim, en collaboration avec le cabinet Equinox Consulting, dans le but d’évaluer le secteur de la gestion d’actifs au Maroc. Conclue par le constat selon lequel un émetteur sur deux est coté en Bourse, l’étude précise que les sociétés gestionnaires doivent encore améliorer le service rendu à leurs clients tout en mettant en œuvre des projets d’adaptation aux évolutions réglementaires et à l’internationalisation du marché. Elle relève aussi que la stratégie de distribution n’a pas encore atteint un niveau de maturité complet, dans un marché qui estime à plus de 75% que la confiance des clients particuliers envers le marché financier ne va pas augmenter.
Par ailleurs, bien qu’elle soit un moyen éprouvé pour la hausse de la rentabilité, l’externalisation est peu répandue dans la gestion d’actifs au Maroc. Aujourd’hui, les placements traditionnels, notamment les produits bancaires, concurrencent les produits des sociétés de gestion, lesquelles cherchent également à diversifier leurs investissements sur de nouveaux produits (finance islamique et immobilier). En outre, la création de sociétés de gestion (au nombre de 18 actuellement) va se poursuivre à un rythme plus modéré: 87% d’entre elles estiment que le nombre ne devra pas augmenter de plus de 20% dans les 5 ans à venir. Pour ce qui est des émetteurs, les établissements de crédit sont prépondérants (60% de l’encours), suivis des établissements publics (15% de l’encours) et des sociétés immobilières (6% de l’encours).

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Un poids relativement faible

Le marché de la dette privée connaît une forte évolution au niveau national. Sur les cinq dernières années, il s’est accru de 380%, tiré principalement par la soif des investisseurs de trouver des alternatives d’investissement, le ralentissement de l’octroi de crédits bancaires et le faible intérêt pour le compartiment boursier comme vecteur de levier de capitaux.
Selon l’étude présentée par l’Asfim, le gisement de la dette privée est passé, sur la période 2007-2012, de 46 MMDH à 178 MMDH. En effectuant un benchmarking, le poids de la dette privée dans le financement de l’économie nationale demeure faible. Le Maroc se situe à des niveaux légèrement au-dessus de 10% au moment où, dans les économies américaine et européenne, il représente plus du tiers du financement de l’activité économique.

 

Bon à savoir

Qu’est-ce qu’un TAP?

Un «Tap» ou abondement, c’est lorsqu’un émetteur décide de se financer non pas via une nouvelle émission, mais via un «rajout» sur une ligne existante. L’avantage, c’est que c’est moins coûteux et qu’on a déjà une base d’investisseurs à prospecter. On peut ainsi proposer à ceux qui en ont d’agrandir leur ligne. Certes, le prix sera celui du jour et non le prix d’origine, mais au moins ils auront des titres supplémentaires sans avoir à aller sur le marché.


Voir entretiens avec Nizar Baraka, ministre de l’Économie et des Finances, Amine Amor, président de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissements marocains (Asfim), Abderrahim Bouazza, directeur de la Supervision Bancaire – Bank Al-Maghrib.

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