Reporters sans frontières (RSF) a lancé, vendredi, une campagne de signature d’une pétition en ligne pour la libération urgente du journaliste et patron de presse, Ihsane El Kadi, “harcelé juridiquement et détenu de manière abusive par les autorités algériennes”.
« Victime d’un véritable harcèlement politico-judiciaire, cela fait maintenant un mois qu’Ihsane El Kadi est maintenu en détention, dans le cadre d’une procédure inique. Reporters sans frontières lance une pétition pour la libération urgente de ce patron de presse algérien incarcéré depuis le 29 décembre 2022 », écrit l’ONG dans un plaidoyer mis en ligne sur son site Internet.
Ihsane El Kadi est un journaliste indépendant, fervent défenseur de la liberté de la presse et directeur de la station algérienne Radio M et du site d’information Maghreb Émergent, deux médias critiques à l’égard du pouvoir en Algérie, relève la même source.
Soumis à un « véritable harcèlement politico-judiciaire, il fait l’objet d’intimidations croissantes du pouvoir depuis des années : arrestations et poursuites judiciaires. Cette fois, après avoir été convoqué à deux reprises en novembre par les services de sécurité, il est placé en garde à vue le 24 décembre, ses deux médias d’information sont mis sous scellés le lendemain, et il est incarcéré quatre jours plus tard », dénonce-t-on.
Mi-janvier, la justice algérienne a confirmé sa détention dans le cadre d’une enquête pour « collecte illégale de fonds et atteinte présumée à la sûreté de l’État ». Une décision, qui a pris de court sa famille, ses proches et son collectif de défense puisque ses défenseurs n’ont pas été informés du changement de date de l’audience d’examen de son appel – prévu initialement le 18 janvier – et n’ont donc pas pu présenter leurs arguments, rappelle RSF.
« C’est une violation du droit de la défense », déplore un membre du collectif de défense, cité par l’organisation.
L’interpellation d’Ihsane El Kadi a suscité une vague d’indignation et une vaste campagne de soutien internationale, notamment menée par RSF qui a officiellement saisi les Nations unies et initié un appel commun de 16 patrons de médias et de rédactions, dont le rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, prix Nobel de la paix 2021, Dmitri Mouratov, rappelle-t-on.
Et de poursuivre que « la poursuite de la détention arbitraire d’Ihsane El Kadi et la procédure inique dont il fait l’objet sont intolérables », ajoutant que les « voix libres ne doivent pas s’éteindre dans les geôles algériennes ».
Due à une constante augmentation des menaces, des intimidations et du harcèlement judiciaire des journalistes, l’Algérie se classe à la 134e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.
LR/MAP