Le ministre de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka a présidé, mercredi à New York, un événement de haut niveau sur la durabilité dans la bonne gouvernance des ressources en eau souterraines.
L’objectif de cet événement parallèle, qui s’inscrit dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur l’eau (22-24 mars), vise notamment à fédérer les efforts des acteurs internationaux autour de la gouvernance durable des ressources en eau au plus haut niveau.
Intervenant à cette occasion, M. Baraka, qui est également président du Réseau international des organismes de Bassins (RIOB), a indiqué que la réunion est une deuxième opportunité, après le Sommet sur les eaux souterraines qui s’est tenu à l’UNESCO-Paris en décembre dernier, pour mettre en lumière les défis et les solutions liés à la gouvernance des eaux souterraines au niveau international afin d’en assurer la préservation et l’utilisation rationnelle et durable.
Il s’agit également de discuter comment cet aspect de durabilité pourrait être pris en compte, en particulier au niveau de l’unité de gestion et planification telle que le bassin hydrographique, afin d’accélérer la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), a-t-il relevé.
Le ministre a fait observer que le Maroc compte environ 98 aquifères superficiels et 32 aquifères profonds, précisant que les ressources en eaux souterraines renouvelables sont estimées à environ 4 milliards de mètres cubes, soit environ 20% du potentiel hydrique national selon le niveau actuel de connaissance. Ces ressources constituent un stock stratégique, notamment lors des épisodes de sécheresse ou de faible hydraulicité, a-t-il dit.
Il a, dans ce cadre, souligné que la gouvernance des eaux souterraines est devenue une haute priorité au niveau national, soulignée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans le discours royal à l’occasion de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 11ème législature. Il a cité à ce propos un passage de ce discours dans lequel le Souverain souligne : “Il est impératif d’accorder une attention particulière à l’exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques, en mettant un terme au phénomène de pompage illégal et au creusement de puits anarchiques”.
Évoquant les actions prises par le Maroc en vue de la limitation de la surexploitation des eaux souterraines, M. Baraka a cité principalement la mise en place des contrats de gestion participative des nappes en commun accord avec tous les partenaires et usagers de l’eau, des mesures de contrôle et de suivi des prélèvements, l’interdiction de creuser de nouveaux points d’eau dans certains cas et l’arrêt de l’extension de nouveaux périmètres irrigués, ainsi que la reconstitution des stocks des eaux souterraines à travers un programme de recharge artificielle.
S’agissant de la Gestion intégrée des ressources en Eau (GIRE) à l’échelle du bassin, le président du RIOB a relevé que cette démarche constitue aujourd’hui et plus que jamais une manière créative pour gérer conjointement et durablement les eaux souterraines et les eaux de surface, ajoutant que cette approche a fait la preuve, à l’échelle internationale, de son efficacité et présente des avantages tangibles à l’échelle mondiale.
Il a estimé que la coopération et la solidarité aux niveaux national et international doivent être encore élargies, en particulier pour les eaux souterraines, autour d’outils pratiques tels que les systèmes d’information coopératifs, la planification à long terme et la communication entre tous les usagers de l’eau, en particulier pour l’énergie, l’alimentation et la préservation des écosystèmes.
“Le rôle des organismes de bassins deviendra plus important dans la mise en place de la GIRE dans le futur, particulièrement dans des circonstances hydriques tendues et surtout quand il s’agit des ressources transfrontalières”, a-t-il indiqué, en soulignant l’importance qu’il faut donner au Plan d’action de Dakar pour les bassins des fleuves, lacs et aquifères, lancé à Dakar lors du dernier Forum mondial de l’eau.
Il a estimé qu’au-delà du seul défi d’atteindre l’Objectif de développement durable sur l’eau et l’assainissement, le plan d’action de Dakar sur les bassins affirme que la réalisation des objectifs de développement durable liés à l’eau dépend fortement de nos capacités à agir à l’échelle de ce bassin, de mettre en œuvre la Gestion intégrée des ressources en eau et d’améliorer la coopération intersectorielle ainsi que la coopération entre les administrations au niveau local.
Le ministre a, dans ce cadre, évoqué la troisième conférence internationale sur l’eau et le climat, qui se tiendra les 6 et 7 juillet prochain à Fès, et qui sera organisée conjointement par le ministère, le Réseau international des organisations de Bassins et le Conseil mondial de l’Eau (CME). La thématique choisie pour cette conférence sera “La gestion par bassin, clé de l’adaptation et de l’atteinte des ODD”, a-t-il précisé, notant que la réunion assurera le lien entre l’actuelle conférence des Nations Unies sur l’Eau et la COP28 qui se tiendra cette année aux Emirats Arabes Unis.
Il a invité les représentants des États, les agences des Nations Unies, les organisations internationales, les bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux, les organismes de bassin (nationaux et transfrontaliers), les autorités régionales et locales, les universités et les autres acteurs intéressés par la gestion de l’eau au niveau des bassins à assister à cet événement international et à partager leurs expériences en matière de gestion des eaux souterraines, l’innovation et les technologies pour l’économie de l’eau, la mobilisation des ressources en eau et la gouvernance de l’eau, et ce pour une meilleure cohérence entre les efforts nationaux et internationaux de gestion des bassins.
Dans une déclaration à M24, la chaîne d’information en continu de la MAP, le ministre a qualifié de “distinguée” la participation du Maroc à la conférence de l’ONU sur l’eau qui se veut, selon lui, l’occasion de présenter la vision du Royaume en matière de gestion de la problématique de l’eau.
En marge de cette conférence, le ministre a eu une série d’entretiens avec des chefs de délégation notamment des Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, le Mali, la Guinée, le Tchad, le Sénégal, Madagascar, l’Egypte, le Koweït et les Emirats arabes unis.
Co-organisée par le Tadjikistan et les Pays-Bas avec l’appui des Nations Unies, la conférence internationale sur l’eau est consacrée à l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre des objectifs de la décennie d’action pour l’eau 2018-2028, qui a été proclamée par l’Assemblée générale de l’ONU, en décembre 2016.
LR/MAP