El Habib Belkouch, Président du Centre d’études en droits humains et démocratie

«Le Maroc ne vote toujours pas le Moratoire aux Nations Unies»

El Habib Belkouch, Président du Centre d’études en droits humains et démocratie

Votre appréciation sur le Rapport d’Amnesty International sur la peine de mort?

La publication du Rapport d’Amnesty International est une opportunité pour évaluer le degré d’avancement des combats contre la peine de mort à l’échelle internationale et aussi pour savoir où en est cette bataille au niveau du Maroc.

Pourquoi cette bataille au Maroc?

Tout simplement parce qu’il y a une dynamique au niveau de la société marocaine, qui a commencé par les ONG des droits de l’homme et qui a eu des échos au sein du Parlement, dans le cadre d’un groupe qui existait auparavant et qui, nous l’espérons, sera reconduit, surtout en cette phase difficile.

Où en est ce combat dans un monde où sévit le terrorisme?

C’est un combat qui trouve actuellement le plus de difficultés, dans une conjoncture internationale et nationale qui n’est pas propice à l’avancée des droits humains, en général, y compris la question de l’abolition de la peine de mort.

Qu’en est-il de la position officielle du gouvernement marocain?

Nous constatons, malheureusement, que les gouvernements marocains qui se succèdent persistent à ne pas voter pour le Moratoire, lequel est voté chaque année aux Nations Unies; ce qui est dommage pour un pays qui consacre le droit à la vie dans sa Constitution et qui a arrêté les exécutions depuis plus d’un quart de siècle.

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Que signifient pour vous ces réticences?

Cela signifie tout simplement que les réticences sont fortes au sein des politiques marocaines.

Avez-vous déjà touché le nouvel Exécutif?

Il y a des concertations sur les questions prioritaires, notamment dans le cadre de la préparation de la Déclaration gouvernementale.

Que pensez-vous de la question des droits de l’Homme?

Nous pensons que cette question doit être au centre de la Déclaration, si on veut vraiment nous faire passer un message, principalement sur les questions qui préoccupent les acteurs de la société civile sur la peine de mort et la question de la femme; et aussi sur les droits de l’homme et ce qui a été élaboré plus de douze ans, mais qui n’a pas encore vu le jour.

Vous espérez beaucoup de ce nouveau gouvernement?

Nous attendons cette Déclaration.

Quelle réaction de la part des citoyens, dans tout cela?

Sur les questions de ce genre, telles la peine de mort, j’estime que la société doit évoluer, concernant l’apport des acteurs qui sont là. Cela peut influer. Malgré ce qu’on appelle «conservatisme» existant au sein de la société, ça n’a jamais été un obstacle.

Quelle démocratie pour les lois organiques électorales ?

Les condamnations à la peine de mort ont diminué dans le monde. N’est-ce pas que c’est en contradiction avec la recrudescence du terrorisme, de la violence…?

On peut dire que le monde actuel est entre deux tendances. Il est vrai, il y a ce combat pour plus de démocratie, de liberté et de droits de l’Homme, notamment dans les pays du Sud, mais aussi du Nord. Cependant, il y a aussi cette tendance des politiques vers plus de rétrécissement des espaces des libertés, connaissant les mesures prises et les pratiques même au sein des démocraties les plus installées, que ce soit en matière de torture ou de réflexion sur la révision des lois. Je crois que cette régression est une tendance internationale.

Votre combat en fait les frais…

Absolument et il ne devient que plus difficile. Mais n’empêche, il demeure d’actualité. Ce sont les moments difficiles qui mobilisent le plus.

Interview réalisée par Mohammed Nafaa

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