Un projet de nouveaux abattoirs privés serait prévu dans la région de Casablanca-Settat, pour répondre aux besoins des Casablancais, révèlent des sources bien informées. Mais…
Alors que le tant attendu agrément venait de leur être délivré, en août dernier, les abattoirs de Casablanca semblent connaître des difficultés. En tout cas, selon les professionnels, la production dans les abattoirs de la ville est en diminution. «Et elle le sera encore plus, si rien n’est fait par les autorités de Casablanca pour lutter contre l’abattage clandestin», prévient Abdelali Ramou, SG du Syndicat des chevillards de Casablanca. Cette année, dit-il, la production dans ces abattoirs a atteint 25.000 tonnes, contre 29.000 tonnes il y a une année.
Les responsables de la ville sont conscients de cette baisse. C’est pourquoi ils comptent créer de nouveaux abattoirs privés, pour répondre aux besoins des Casablancais. Ces informations ont été fournies par des sources bien informées, lesquelles révèlent au Reporter qu’un projet de nouveaux abattoirs privés est prévu dans la région de Casablanca-Settat. Contactés par Le Reporter, des élus au Conseil de la ville n’ont pas démenti ces informations, mais n’ont pas non plus donné plus de détails sur ledit projet. «Il faut au moins trois abattoirs pour la région de Casa, pour pouvoir lutter contre l’abattage clandestin et le marché noir», souligne notre source.
Ceci étant, en attendant l’annonce officielle de ce projet, une grogne règne actuellement dans les milieux des chevillards de Casablanca. Au syndicat des chevillards, on se dit en colère contre les autorités de la ville.
Pour ce syndicat, «rien n’a été fait pour interdire l’activité d’abattage au niveau des marchés informels dans la région de Casablanca. C’est ce qui explique la baisse de la production dans les abattoirs qui sont pourtant agréés», explique le SG du Syndicat des chevillards de Casablanca.
A Casablanca, poursuit, Abdelali Ramou, il y a onze lieux d’abattage clandestin entourant la ville. Il s’agit, entre autres, de Tit Mellil, Médiouna, Berrechid, Had Soualem et Sakoura. A lui seul, le marché du Sbit accueille vingt-quatre camions de bêtes qui y sont abattues, selon la même source. «L’abattage s’y fait trois à quatre fois par semaine, soit 900 à 1.000 têtes. Toute cette viande est vendue à Casablanca, sans aucun contrôle. Et pourtant, les autorités n’ont pas agi pour fermer ces lieux», affirme le Syndicat des chevillards de Casablanca.
A en croire les professionnels du secteur, plus de 50% des viandes vendues sur le marché casablancais proviennent du circuit clandestin. A la direction régionale de l’ONSSA de Casablanca, on se veut rassurant. «Nous tenons régulièrement des réunions avec les chevillards pour débattre justement de cette question et, surtout, des mesures à même de lutter contre cette problématique», tient à souligner Abdellah Asouel, directeur régional de l’ONSSA à Casablanca. Et d’ajouter: «Certains professionnels disent que plus de la moitié des viandes commercialisées est issue de l’abattage clandestin. C’est faux. C’est vrai que l’on retrouve ce type de viandes sur le marché casablancais. D’ailleurs, nous faisons des saisies. Mais ce n’est pas un pourcentage inquiétant».
Une déclaration qui ne rassure guère les membres du Bureau régional du Syndicat des chevillards de Casablanca. En effet, le Secrétaire général, Abdelali Ramou n’a pas mâché ses mots. Selon lui, les doléances des professionnels du secteur n’ayant pas été entendu, ceux-là ont décidé de passer à la vitesse supérieure en portant le dossier devant la justice. «Dans une ville où les abattoirs sont agréés, il ne doit plus y avoir d’abattage clandestin. C’est pourquoi nous comptons porter plainte pour amener les autorités casablancaises à mettre fin à cet abattage clandestin et à fermer tous ces lieux qui existent dans la région de la ville», révèle notre interlocuteur. Et de poursuivre: «Ces lieux doivent être fermés en vertu de la loi, comme cela a d’ailleurs été fait à Meknès où, après l’ouverture des nouveaux abattoirs privés de la ville, les autorités compétentes ont interdit toute activité informelle dans les trois lieux d’abattage qui entouraient cette ville, dont notamment celui de Boufakrane».
Naîma Cherii