Revendications sociales : Outre Al Hoceïma, la tension dans plusieurs régions

Revendications sociales : Outre Al Hoceïma, la tension dans plusieurs régions

Décidément, le gouvernement «El Othmani» ne semble pas encore au bout de ses peines. Alors qu’il tente d’apaiser la tension dans la région du Rif, où les mouvements de protestation se sont poursuivis depuis la mort accidentelle d’un poissonnier broyé par un camion-benne d’ordures, en octobre dernier, des voix s’élèvent dans d’autres régions, pour appeler à des rassemblements en vue de réclamer des droits socio-économiques.

L’aspiration à plus d’intégration, de dignité, de justice et d’égalité des chances est toujours et partout d’actualité, selon des associatifs des droits de l’Homme. «La région d’Al Hoceima ne fait pas l’exception. Plusieurs autres villes du Royaume manquent d’infrastructures et de création d’opportunités de travail pour les jeunes», estiment ces mêmes associatifs contactés (lundi 22 mai) par Le Reporter. Ces derniers ajoutent: «Les gouvernements précédents ont tous déçu les populations qui continuent de vivre dans des conditions difficiles. Le gouvernement d’El Othmani doit déployer des efforts sérieux pour répondre aux besoins des populations en situation difficile. Car, il faut le dire, dans certaines régions, on voit que ces populations éprouvent beaucoup de colère à cause de l’injustice (sociale)».

A Khouribga et Boujniba

Dans les villes de Khouribga et de Boujniba, des milliers de contestataires, en chômage, ont organisé, vendredi 19 mai, une manifestation contre ce qu’ils ont qualifié de «marginalisation» et de «Hogra». Parmi les problèmes pointés du doigt, il y avait en tête celui de l’emploi. «La région est riche en minerais, mais la situation socio-économique n’est pas reluisante dans la région. Elle est même explosive. Le taux de chômage y est plus important que dans d’autres régions. Ce qui pousse les jeunes soit à émigrer, soit à exercer des activités illégales», déplore le représentant d’une association locale de Khouribga. Cette même source affirme que les mouvements de protestation se sont poursuivis, ces dernières années. Mais les doléances exprimées parmi les jeunes mécontents n’ont pas été prises en compte par les gouvernements précédents. «Les revendications sociales restent donc toujours légitimes aux yeux des jeunes chômeurs, lesquels prévoient de revenir à la charge en organisant d’autres mouvements de protestation», insiste-t-on auprès des mêmes sources.

A Sidi Ifni

A Sidi Ifni, l’économie locale vit aussi au ralenti, selon des sources locales qui soutiennent que des groupes de jeunes chômeurs tiennent, depuis un mois, un sit-in au port de cette ville pour avoir du travail. Ces jeunes, mécontents, prévoient de tenir d’autres mouvements de protestation, affirment nos sources. Sur les réseaux sociaux, ils ont d’ailleurs annoncé que leur colère n’est pas près de faiblir, appelant les gens à descendre dans la rue pour manifester contre «la précarité».
Les élus locaux sont les premiers critiqués. Slimane Sidki, un associatif de la région, déclare qu’aucune stratégie n’a été élaborée jusque-là, pour mettre la question de l’emploi au cœur des priorités des élus de cette région. «Ce qui a poussé, ajoute-t-il, un nombre important de jeunes à émigrer à Las Palmas ou dans d’autres villes marocaines comme Casablanca ou Rabat». Cet associatif estime que le taux de chômage à Sidi Ifni est considéré comme l’un des plus élevés parmi les jeunes dans le pays. «Par leur mouvement de protestation, les jeunes, qui veulent des conditions de vie meilleures, espèrent adresser un message au nouveau gouvernement», estime Slimane Sidki. Il voit dans les dernières manifestations «un soulèvement contre la marginalisation et la précarité». En termes de développement, poursuit-il, le manque est constaté dans pratiquement tous les secteurs: santé, éducation, infrastructures, etc. «Le seul endroit dynamique dans la ville est le port de pêche. Mais il connaît actuellement des problèmes techniques qui rendent difficile le travail des pêcheurs», précise Sidki.

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A Tinghir

La contestation a aussi gagné la région de Tinghir. «Les habitants de cette région se sentent abandonnés par les élus. C’est pourquoi ils sont prêts à hausser le ton en organisant des mouvements de protestation pour exprimer leur colère, comme cela a d’ailleurs été le cas en 2013. Car, on ne peut pas rester sans rien faire devant l’indifférence des responsables en charge de la gestion publique», prévient Abderrahman Benameur, un représentant associatif. En solidarité avec les manifestants de la région d’Al Hoceima, les habitants de Tinjdad, dans la région de Tinghir, l’ont d’ailleurs fait savoir, ce lundi 22 mai, lors d’un sit-in organisé dans cette commune, indique notre interlocuteur. Ce dernier n’a pas manqué de critiquer la lenteur de la mise en exécution du Programme de développement prévu pour la région de Draâ-Tafilalet. Les déficits en matière d’infrastructures restent, entre autre, un puissant facteur de contestation dans cette zone, selon l’associatif. Or, signale-t-il, «les infrastructures de base sont insuffisantes dans notre région, laquelle fait partie des villes qui s’étaient élevées, il y a quelques années, contre la marginalisation que dénoncent les habitants». Ces derniers, poursuit-il, «demandent l’application pure et simple du Programme régional de développement, pour améliorer le quotidien des habitants». Sur un ton encore plus alarmant, cet associatif ne va pas par quatre chemins. «Dans plusieurs communes relevant de la région, on n’a ni écoles, ni centres hospitaliers, ni routes», se plaint-il. C’est pourquoi «plusieurs mouvements de protestations ont d’ailleurs été organisés ces dernières années, pour interpeller le gouvernement sur la situation critique», rappelle Abderrahmane Benameur qui annonce que le cas d’Al Hoceima inspire plus d’un dans sa région. «Il n’y pas trente-six voies. Les populations savent que le seul moyen pour pousser le gouvernement à répondre à nos besoins et doléances sociales, c’est de descendre dans la rue».

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A Tata

Même son de cloche chez d’autres associatifs à Tata. Dans cette ville, soutiennent ces derniers, les mêmes revendications socio-économiques engendrent une frustration générale qu’expriment beaucoup de gens vivant dans la précarité. Selon ces mêmes voix associatives, la précarité et la marginalisation dans cette ville se lisent à travers des indications, telles le chômage et le «développement». Un point de vue que partage également le conseiller régional, Mohamed Oudor. «Beaucoup de jeunes ont été poussés à quitter la région pour chercher du travail dans d’autres zones du pays», dit-il. Pour appuyer ses propos, ce PJDiste précise que la ville de Tata comptait, en 2004, près de 132.000 habitants, alors qu’aujourd’hui, elle n’en compte que 117.000. «Près de 15.000 habitants ont ainsi quitté la ville de Tata pour aller vers un avenir meilleur», explique Oudor, également conseiller communal, pour qui «aucune politique n’a malheureusement été mise en place jusque-là, dans cette ville, pour mettre l’emploi au centre des stratégies officielles».
Ainsi, les revendications des manifestants du Rif semblent être les mêmes que celles des autres régions du Royaume. Pour apporter des solutions immédiates et adaptées aux problèmes de la région rifaine, le gouvernement a-t-il les moyens? En tout cas, il se trouve dans une situation très peu confortable.

Naîma Cherii

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