Mare des voleurs dans les bus!

Nadia, cuisinière, séparée de son mari, a trois enfants. Cette mère de famille souhaite un meilleur état des bus, surtout ceux des banlieues et plus de sécurité dans la périphérie des villes, gangrénée par la délinquance.

«Depuis une année, mon mari nous a délaissés, mes enfants et moi, pour aller s’occuper de sa mère gravement malade au douar. De toute façon, en ce qui me concerne, pas question de lui mettre des bâtons dans les roues pour l’en dissuader ou de porter plainte contre lui. D’une part, parce que j’estime que la cause en vaut la peine. Je ne badine pas avec la malédiction des parents; qu’ils soient les siens ou les miens, c’est kif kif. D’autre part,  je n’aurais pas voulu qu’il eût pu me reprocher un jour de l’avoir incité à être un «maskhout el walidine». Surtout si l’inéluctable devait se déclarer entre-temps. Je sais aussi que je n’en aurais rien soutiré, de toute façon. Divorcer et qu’il me verse une pension? Même pas en rêve, c’est clair! A l’inverse, j’aurais été servie en machinations, scandales et brutalités pures et dures, pour me contraindre à cesser les poursuites et le suivre au bled. Mon mari est un chômeur invétéré, partisan du moindre effort. Il n’a pas hésité à maintes reprises à se servir de ses poings pour m’obliger à admettre son état et ses exigences.

Sans mentir, je rends grâce à Dieu, mille fois par jour, pour m’avoir donné cette chance de vivre séparée de lui. Maintenant, la totalité de mon petit revenu, je sais où ça va. Je le dépense à bon escient pour mes enfants. C’est la première fois que nous jeûnons dans la tranquillité avec une table bien garnie. Franchement, de son absence, il découle des tonnes d’avantages. Mes employeurs, me sachant seule, m’offrent un tas de choses; et en ce mois de Ramadan, plus encore! J’ai même pu faire des provisions en farine, huile et autres condiments de première nécessité. Aussi, je n’étais jamais sortie avec mes enfants pour les promener le soir, après le ftour.  Maintenant, c’est chose faite,  je leur achète même des friandises ou des épis de maïs grillés. Mais si j’ai pu être débarrassée d’une grosse tare qui vivait sous mon toit, voilà qu’une autre vient tout juste de se pointer sur mon chemin. Pas que sur le mien seulement, nous sommes de nombreuses femmes de ma condition à en souffrir désespérément.

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Nous habitons la périphérie d’une grande ville de la province. Chaque petit matin, nous prenons le bus pour nous rendre à notre besogne. A cette heure, généralement, il n’y a aucun problème. C’est à notre retour, alors que nous sommes complètement extenuées par le jeûne et le boulot, que les mauvaises surprises nous attendent. Des voyous ne trouvent pas meilleure source pour se ravitailler que de s’attaquer à nous autres.  Ils sont assis tranquillement et accueillent les victimes de leur choix à la descente du terminus du bus. Cette vermine se pointe aussi à deux ou trois arrêts avant, pour ne dépouiller que les femmes ou les jeunes filles. Honnêtement, j’avais vu les scenarios sans broncher et me croyais vernie d’être passée au travers de leur barrière. Mais j’étais dans l’erreur, parce que mon tour est finalement arrivé.

Ces têtes d’ananas, avec lunettes de soleil et kit audio à l’oreille, assis sur des motos, m’ont sommée pour mon bien de tout abandonner à leurs pieds, sans qu’ils aient à effectuer de fouille. Humiliée et résignée à ne pas me braquer, j’ai dû déposer mon téléphone portable et mon petit porte-monnaie qui contenait 50DH et quelques pièces, ainsi que mon cabas rempli de nourriture offerte. L’un deux, avec la pointe de son sabre, a tout de même soulevé mon foulard pour voir si je ne portais pas de collier ou boucles d’oreille en or. Dans ce coin, ce sont des nababs que personne n’ose défier. Même le conducteur du bus, comme d’habitude, n’avait pas bougé le petit doigt et je le comprends finalement.  Lui aussi craint leur vengeance, puisqu’il effectue le même circuit tous les jours. Ces voyous sont extrêmement grossiers. J’en ai vu ailleurs qui s’attaquaient verbalement aux forces de l’ordre qui les avaient surpris en flagrant délit de vandalisme. Dans nos quartiers de la périphérie, surtout aux alentours des boutiques, boulangeries et galeries, ce mois, c’est l’enfer. Les rixes entre jeunes désœuvrés n’en finissent pas, de 17 heures jusqu’à l’heure du ftour. Nous autres les habitants du secteur, nous n’avons jamais vu pareille violence! C’est inouï! Le sabre est devenu une arme courante et c’est avec lui que les règlements de compte se font, pendant que nous tous circulons pour faire nos courses.

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Pareil dans les bus qui nous transportent. On paye des tickets d’accès pour des bus qui n’ont pas de vitres ou elles sont remplacées par de vieux panneaux d’agglomérés de récupération qui s’effritent. Faut voir les trous béants sur le plancher: on y voit parfaitement l’asphalte qui défile. Un mauvais pas et hop, c’est la jambe qui part et, parfois, ils sont bondés!  Oui, tout le monde peut constater que le transport en commun dans notre zone est en porte-à-faux avec les exigences de sécurité routière. En plus, pour boucler la boucle en son sein, les petits malfrats circulent, mais ceux-là ne sont pas aussi dangereux que ceux qui patientent pour intercepter les pauvres bonnes femmes que nous sommes.

Du coup, je me pose la question de savoir quoi faire en pareille situation… Pour vivre en paix et dans la sécurité, nous, les victimes féminines du racket et de ces bus de malheur, devons-nous envisager de déménager pour nous installer au centre-ville? Bien sûr que ce serait la meilleure solution! Malheureusement, comment le pourrions-nous avec une moyenne de 150 à 250 DH la semaine? En attendant, j’espère que mon récit suscitera de l’intérêt pour notre cause, parce que, toutes, nous travaillons et prenons en charge nos familles et nous souhaitons que cela se passe dans la sécurité». 

Mariem Bennani

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