Opérations mains propres | Les élus dans le collimateur de la Justice

Le Parquet d’un côté, la Cour des comptes de l’autre… Qu’ils représentent le citoyen au Parlement ou dans les collectivités locales, fin d’impunité pour les «élus délinquants»?

Sidérant et affligeant !

Le nombre d’élus qui sont actuellement soit devant la Justice soit dans son viseur, laisse les citoyens –que ces élus sont censés représenter- sans voix.

Il est vrai que nul ne se faisaitde grandes illusions sur les élus en général. Les critiques leur étaient adressées directement à l’occasion de chaque élection, lorsque, candidats, ils venaient frapper à la porte de ceux dont ils convoitaient les voix leur promettant monts et merveilles et qu’il leur était lancé à la figure leur amère vérité. «Vous ne vous souvenez de nous que la veille des élections et on ne vous voit, vous ou vos rabatteurs, que pour nous demander de voter pour vous. Après, aucune de vos promesses n’est tenue. Vous ne servez que vos intérêts et vous nous utilisez pour ça!», leur était-il asséné régulièrement.

Mais de là à voir autant d’élus –qu’ils représentent le citoyen au Parlement ou au niveau des collectivités locales- devant la Justice, derrière les barreaux, ou sous enquête… Le choc est grand.

Il est quand même question de plus d’une vingtaine d’élus déjà aux prises avec la Justice ou carrément derrière les barreaux et d’une autre vingtaine –voire plus- que le Parquet s’apprête à faire comparaître… Sans compter les enquêtes de la Cour des comptes, qui en conduiront d’autres encore devant les tribunaux !

Et parmi les mis en cause, figurent de grands responsables au sein de leur parti politique, dépositaires de la confiance à la fois des citoyens et des adhérents du parti.

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Il s’agit là d’une double crise de confiance, d’une crise politique qui déclenche incontestablement les «warning».

Preuve en est, les recommandations sans équivoque du Roi dans le Message que le Souverain a adressé au Parlement à l’occasion de son symposium marquant les 60 ans de vie parlementaire nationale, où les mots «moralisation de la vie parlementaire», «code de déontologie juridiquement contraignant pour les deux Chambres», ont sonné comme de sévères avertissements concernant les élus du Peuple.

Deux questions se posent alors dans toutes les discussions que ces scandales nourrissent depuis que le Parquet a rendu publics les résultats de son enquête concernant l’affaire «L’Escobar du Sahara» (enquête qui était menée dans la discrétion depuis une dizaine de mois).

Que faire d’ici la fin de la législature actuelle, face à une telle profusion de cas d’«élus délinquants» ?

Et que faire en prévision des législatures prochaines, afin d’éviter de telles situations ?

Dans la situation actuelle, la Justice poursuit son œuvre. La Cour des comptes aussi. Il n’est que d’attendre que cette salutaire «opération mains propres» soit menée à son terme ; que ceux qui doivent être condamnés le soient ; et que cette opération donne un coup d’arrêt aux éventuels délits de ceux qui seraient tentés d’en commettre.

Bien sûr, il restera aux partis politiques, indiscutablement responsables du choix des élus qu’ils proposent à l’électorat, de limiter leurs dégâts en remplaçant leurs mauvais représentants par de bons, sachant qu’il y va de la toute petite marge de crédit qu’il leur reste.

Par contre, en ce qui concerne l’avenir, même si le concept d’impunité est bien assimilé après les leçons de l’actuelle législature, il y aura encore beaucoup à faire…

Le Gouvernement et le Parlement doivent s’atteler à l’implémentation des recommandations Royales portant sur la moralisation de la vie parlementaire et un code déontologique juridiquement contraignant.

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Les règles et textes de loi doivent être encore plus sévères afin d’empêcher que passe entre les mailles quiconque voudrait détourner la noble mission de représentation du citoyen, au profit d’intérêts personnels, en vue d’enrichissement illicite, ou de tout acte frauduleux… Empêcher également que n’importe qui puisse assumer cette mission. Il est inconcevable qu’un candidat sans instruction, ouayant le niveau scolaire d’un élève ducycle primaire puisse prétendre à un siège au Parlement, où les textes de lois nécessitent une certaine compétence…  

Pour autant, les règles et les lois ne suffisent pas à faire rempart.

Celles qui sont déjà en vigueur au Maroc sont parfois plus rigoureuses que dans certaines démocraties avancées. Il suffit de les compléter.

Là où l’essentiel se joue, c’est en amont, au niveau des partis politiques et des décisions qu’ils prennent pour adouber leurs candidats. Eux ne voient que le candidat qui peut remporter l’élection et leur assurer un siège, soit au Parlement, soit au niveau des collectivités locales. Pourtant c’est leur image et celle des institutions du pays qui sont en jeu. S’ils sont obligés d’adouber des notables, qu’ils les obligent au moins, par un règlement intérieur du parti et un contrôle régulier, à ne pas enfreindre la loi. Leur responsabilité est déterminante.

Il faut enfin que les candidats, qui sont prêts à toutes les corruptions et malversations pour décrocher un siège, comprennent définitivement que la représentation de leurs concitoyens est une responsabilité politique citoyenne et non un investissement dont ils doivent attendre une rentabilité financière.

B. Amrani

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