Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan

Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan

«La modification du régime de change requiert plusieurs prérequis»

Le gouvernement a annoncé que le régime de change flexible est toujours d’actualité et que les modalités de son entrée en vigueur seront annoncées au moment opportun. Le passage d’un régime de change fixe à un régime flottant continue de susciter le débat. Certains estiment que cette réforme est sans danger, tandis que d’autres expliquent que le changement du régime de change requiert certains prérequis. L’avis du Haut-Commissaire au Plan…

Le Maroc avance vers un régime de change flexible. Pensez-vous que les conditions sont réunies pour une telle décision?

Le changement du régime de change est une mesure à prendre très au sérieux. En tant que telle, elle requiert des prérequis économiques, financiers et humains, aptes à accompagner une telle réforme qui touche à un secteur extrêmement sensible, la monnaie nationale du Royaume du Maroc. J’estime que le passage d’un régime de change fixe à un autre flottant n’aura pas les résultats escomptés sans le renforcement de l’économie nationale qui doit être fondée sur de bonnes bases, afin qu’elle puisse dépasser les chocs que peuvent avoir certaines réformes, dont celle de la flexibilité du dirham. 

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Quelles sont ces bases à même de donner naissance à une économie marocaine plus solide et beaucoup moins vulnérable aux réformes monétaires, entre autres?

Nous souffrons d’un déficit économique structurel que j’ai longtemps pointé du doigt en tant que principal obstacle qui empêche le Royaume de faire face aux changements économiques et à la concurrence de plus en plus accrue dans tous les secteurs d’activités.

En l’absence de réformes économiques en profondeur, peut-on dire que le Maroc est aujourd’hui préparé à supporter les effets secondaires de la flexibilité de sa monnaie? 

La croissance économique au Maroc repose essentiellement sur le secteur agricole. Or, l’expérience a montré que ce secteur est incertain en raison des conditions climatiques imprévisibles. Pour surmonter cette situation, il faut se tourner davantage vers l’industrie qui constitue de nos jours le pilier principal dans les économies des pays les plus puissants à l’échelle mondiale. Je dirais enfin que le renforcement et la diversification de l’économie marocaine sont deux mesures à prendre rapidement, avant de songer à n’importe quelle autre réforme économique, monétaire ou budgétaire.

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La flexibilité de change du dirham semble ne pas inquiéter le gouvernement. Son porte-parole a même indiqué que le passage à un régime de change flottant est toujours d’actualité et que ses modalités seront annoncées au moment opportun. Qu’en pensez-vous?

J’ai l’intime conviction que le gouvernement et les autorités monétaires ne se hasarderont pas à prendre une quelconque décision relative à la monnaie nationale sans en avoir pesé le pour et le contre. Il faut donc attendre d’avoir des explications claires de la part des responsables, avant de trancher définitivement sur cette question de flexibilité de notre monnaie nationale. Ce que je peux dire, c’est que le changement du régime de change de n’importe quelle monnaie est une décision, une mesure extrêmement sensible. Au Maroc, cette question est également sensible du fait qu’elle engage la monnaie du Royaume et porte l’image de la plus haute autorité de l’Etat. C’est pourquoi il faut prendre son  temps et bien réfléchir, avant de prendre une telle mesure ou d’autres.

Propos recueillis par: Mohcine Lourhzal

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