Le week-end des portiques aura été meurtrier à Jérusalem et au-delà.
Le représentant spécial du président Trump pour les négociations internationales, Jason Greenblatt, est parti pour Israël, afin de soutenir les efforts pour réduire les tensions dans la région. Cette visite intervient, alors que la mise en place, le 16 juillet par Israël, de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est occupé, a provoqué la colère des Palestiniens.
Des heurts quotidiens entre manifestants et forces israéliennes ont fait cinq morts et des dizaines de blessés parmi les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée.
Et en Cisjordanie, un Palestinien a tué à coups de couteau trois Israéliens à leur domicile dans une colonie israélienne.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé un «gel des contacts» avec Israël, tant que les nouvelles mesures de sécurité, mises en place par l’Etat hébreu autour de l’esplanade des Mosquées, ne seraient pas annulées. S’exprimant devant des journalistes, le 21 juillet, le président de l’Autorité palestinienne a fait savoir que celle-ci gelait ses contacts avec Israël, en attendant une levée des mesures de sécurité mises en place par les autorités israéliennes près de l’esplanade des Mosquées, à Al Qods.
C’est une poudrière, un des endroits les plus emblématiques du conflit israélo-palestinien. Il y a deux ans déjà, des affrontements avaient éclaté sur l’esplanade des Mosquées, faisant à l’époque un mort. Avec un enjeu, celui de la remise en cause du «statu quo». L’esplanade des Mosquées abrite la mosquée Al-Aqsa et le Dôme du Rocher. Il s’agit d’un lieu saint, le troisième pour les musulmans. Pour les juifs également qui l’appellent «Mont du Temple». Là-bas, se dressait autrefois un temple qui fut détruit en son temps par les Romains. Le mur des Lamentations en est le vestige.
Le statut de l’esplanade des Mosquées est à la fois complexe et très simple: en 1967, alors qu’Israël annexe Jérusalem-Est, la communauté internationale refuse de reconnaître que cette partie de la ville fait partie de l’Etat hébreux. La gestion de l’esplanade des Mosquées est alors laissée à la Jordanie, qui gère donc ces lieux via la fondation Waqf. Ce qui permet aux musulmans de pouvoir aller prier, quand ils le veulent, à Al-Aqsa. Les juifs, eux, voient leurs horaires de prière restreints. Dans un pays largement colonisé par Israël, l’esplanade des Mosquées est protégée. Mais on voit bien qu’il y a loin de la théorie à la réalité.
Israël ne cesse de jouer avec le feu. Sous la pression internationale, l’Etat hébreu a finalement démantelé les portiques et les a remplacés par des caméras, également refusées par les Palestiniens qui voient là une tentative israélienne de changer le statut de l’esplanade.
Patrice Zehr