Houda, 30 ans, institutrice, est mariée et mère d’un enfant. Le mari de cette jeune femme lui propose d’accepter son amour pour sa maîtresse. Rien que ça! Elle raconte…
«La vérité est parfois cruelle à entendre. J’en suis à ne pas me sentir en mesure de prendre une décision, surtout la bonne. Pourtant, même s’il n’y a pas photo et que je devrais quitter cet odieux personnage qu’est mon époux, j’hésite encore à le faire. Tout cela est dû à ce qu’il me propose. J’ai été dupée, ma dignité a été entachée et maintenant, en plus, il voudrait m’ensevelir vivante: refuser et me tirer, en abandonnant ma fille; ou accepter et rester, ce qui est impensable et impossible. Ma situation est bloquée, j’ai le cœur et les tripes en flammes et j’ai peur de commettre l’irréparable.
Comment en suis-je arrivée là? Depuis des mois, j’avais remarqué que mon époux était bien plus distant avec moi que de coutume. Au départ, je le croyais préoccupé par je ne sais encore quel problème. Aborder le sujet avec lui n’a jamais été une mince affaire. Comme à l’accoutumée, chaque fois que je lui ai posé des questions, précisément sur cette attitude qui se répète si souvent, je l’ai entendu me répondre qu’il n’y a rien. Pourtant, par la suite, généralement deux à trois jours plus tard, c’était à son tour de venir à la charge pour me sonder. Evidemment, comment ne pas comprendre que derrière ce scénario, il chercherait à percer le fond de mes pensées… Mais à quel sujet? Donc, sur le coup, je tentais de comprendre le but mais, très vite, j’abandonnais. Et dire que je m’en voulais terriblement d’avoir un esprit tordu, malsain et de me dire qu’il n’y avait rien de caché entre nous depuis 7 ans. Pourtant, dès le début de notre union, mon mari s’est révélé être quelqu’un de spécial, silencieux jusqu’à intriguer… Combien de fois ne lui ai-je pas demandé des explications. Mais niet, il n’en sortait rien. Pour sûr, maintenant que je connais les raisons de ce mutisme et pourquoi ce qui se tramait dans sa tête devait rester impénétrable… Si seulement j’avais creusé un tout petit peu plus, j’aurai découvert le pot aux roses et c’est moi qui aurait eu le dernier mot, aujourd’hui.
J’ai été si stupide de ne pas avoir tenté de comprendre pourquoi mon petit coq de mari avait établi des règles et des limites que je ne devais franchir sous aucun prétexte. Par exemple, parler de son travail était interdit. Il ne l’a jamais fait sauf pour me signaler quelques changements notoires pour des déplacements si fréquents. D’ailleurs je n’ai jamais su leur destination. Au départ, je trouvais cela normal, même je m’enorgueillissais du fait qu’il ne s’occupe et s’inquiète que de moi. Il connaissait mon emploi du temps mieux que moi et mes déplacements quotidiens, il les contrôlait à la minute près. Quand j’y pense, là de suite, je sens la nausée monter.
Même chose pour ses parents, je ne savais rien sur eux. Il les a tenus toujours à l’écart de nous. D’ailleurs, je ne les ai rencontrés que trois fois en 7 ans. Une fois, pour la transcription de notre acte de mariage, une autre, le jour de notre mariage et la troisième, au baptême de notre fille. Tout le reste du temps, je l’ai vu prendre de leurs nouvelles expressément et uniquement par téléphone. J’en avais conclu qu’il n’était pas pénible et peu causant seulement avec moi. Visiblement, il l’était également avec sa famille. Même son frère et sa sœur, de jeunes étudiants, je ne les ai rencontrés que quelques fois pour une heure ou deux. Ils ne sont jamais venus chez nous. A chaque fois que j’avais émis le désir de les inviter, mon époux s’y est opposé férocement, sans me donner de raisons.
Ce qui m’apaisait quand même un peu, ce sont les paroles de ma mère. Lorsque je racontais ce que j’estimais être louche dans mon couple, elle se marrait, m’affirmant que j’avais une chance inouïe que ce soit mon mari qui m’évite toute une série de tracas inutiles. Et qu’on le veuille ou non -mais c’est une vérité-, les belles-mères, belles-sœurs, etc., n’ont jamais été que les cadeaux empoisonnés du mariage. Aussi, je ne m’inquiétais plus du tout lorsque je voyais ma fille et son père étaler une tendresse et complicité complètement ahurissante.
Ce pourquoi, lorsque j’avais su que j’attendais un autre enfant, je me suis sentie plus rassurée sur notre avenir. J’étais absolument certaine que mon mari serait heureux aussi. Déjà, je planifiais l’avenir, souhaitant plus que tout au monde que ce soit un garçon, l’héritier du nom. J’attendais fébrilement le retour de mon mari qui était en déplacement pour deux semaines, pour lui annoncer l’immense nouvelle. Mais un drame entre-temps était survenu et à son retour j’avais déjà perdu le fœtus.
Après avoir tout raconté à mon cher époux, son comportement fut le plus inattendu qui soit. D’abord, il avait écarquillé les yeux pour montrer son étonnement après. Furieux, il m’a traitée d’illuminée. Puis, de but en blanc, il m’a dit que je devais désormais l’éviter jusqu’à ce qu’il prenne une décision en ce qui concerne notre vie commune. Je n’y comprenais rien et certainement pas la raison de cet échauffement. Le lendemain matin, tout reposé, il vint m’expliquer tranquillement, sans sourciller, que depuis toujours, il avait une double vie. Qu’il était amoureux d’une autre femme, mais qu’il ne pouvait l’épouser à cause de sa famille qui n’a jamais voulu d’elle, parce qu’elle était divorcée. Il m’avait rencontrée entre-temps et avait cru l’oublier en fondant une famille avec moi. Mais, environ un an après, il s’était remis avec elle, parce qu’il s’était rendu compte que la vie, sans elle, n’avait aucun sens. Et que tout le monde était au courant, sauf moi. Pour éviter que je sache la vérité, parce qu’il avait de l’affection pour moi, il m’avait toujours tenue à l’écart. Une chose était certaine et il n’y a aucun doute à ce sujet: notre fille, il l’adore. Mais que jamais il ne pourrait supporter d’avoir un autre enfant si ce n’est avec la femme dont il est éperdument amoureux. Que désormais, j’avais le choix soit de rester en couple avec lui et d’accepter de le partager avec une autre femme; soit de le quitter, mais qu’il m’obligerait à ce que la garde de notre fille lui revienne. Il a fini en m’avouant également que ce secret n’a jamais été facile à porter. C’est ce qui explique toutes ces fois qu’il se murait dans le silence. Apparemment, ce pauvre homme, le vrai illuminé de l’histoire, ne se rendait même pas compte qu’il était passionné par trois femmes en même temps: sa maîtresse, moi et sa fille.
Jusqu’à présent, je n’ai pris aucune décision, parce que tout est si flou dans ma tête. Et puis, je ne sais si vraiment mon mari dit vrai et pourrait obtenir de droit de garde de notre fille».
Mariem Bennani