Pas de vacances, pas de respect pour les parents?

Hamid et Loubna, mariés, sont parents de deux enfants. Ces parents en ont entendu des vertes et des pas mûres, parce qu’ils n’offrent pas de vacances d’été à leurs enfants. Voici leur récit.

«Depuis une semaine, mon mari et moi, nous ne dormons plus. Ce qui nous empêche de fermer l’œil, ce ne sont pas toutes nos factures à payer, ni même nos conflits avec certains de nos collègues «docteurs ès savonnage de planche». Nous sommes complètement désespérés par ce que nous avons entendu de la bouche de nos jumeaux! Jamais au grand jamais, nous ne nous serions attendus à de tels propos et surtout à de telles questions. Nous en sommes à nous demander à quel moment nous avons raté le coche ou perdu le contrôle dans leur éducation, pour qu’ils nous balancent ces inadmissibles blâmes?  

Notre discussion avait démarré, alors que nous finissions de dîner tous les quatre. Le sujet mis à l’ordre du jour portait sur le programme des vacances. Nos deux enfants s’étaient empressés d’ailleurs de reprendre leurs tablettes pour nous exposer les photos partagées sur les réseaux sociaux avec leurs camarades en congé. Mon mari, mal à l’aise, avoua à ses gamins que cette année, aucun déplacement hors de la ville n’était possible pour la famille à cause d’un manque de budget. La rébellion s’est tout de suite fait entendre. Nous avons été tout simplement mis en boîte avec des critiques caustiques. Nos deux enfants ont commencé par nous adresser des reproches. Pour eux, nous n’étions que des parents indignes et, en plus, ils se fichaient éperdument de nos problèmes. Après des tentatives de réconfort infructueuses, mon époux explosa. Enumérant toutes les dépenses pour eux et pour la maison, il termina en disant qu’il n’était pas en mesure de faire plus, qu’ils le veuillent ou non.  Ce à quoi mes jumeaux répondirent en chœur que le drame de leur vie, c’est d’avoir vu le jour dans une famille comme la nôtre. Parce qu’aucun de leurs camarades ne souffre d’autant de misère de la part de son père et/ou sa mère. Leur ami untel, par exemple, qui a 15 ans comme eux, ses parents à lui ont déjà offert un appartement enregistré en son nom. Il a même une voiture qu’il conduit sans permis, sans parler de la profusion de billets qui sortent de ses poches quotidiennement. La nullité de ses résultats scolaires ne lui pose aucun problème; lui, ses vacances, c’est aux USA qu’il les passe. Et un autre, ses parents lui ont ouvert un compte bancaire et quelques millions y dorment déjà. Celui-là, dès la première semaine de vacances scolaires, toute la famille a plié bagage en direction de leur résidence secondaire en bord de mer. Il n’y en a pas un sans programme pour les vacances, sauf eux.  Presque tous ne demandent jamais qu’on leur achète le dernier portable ou le dernier ordinateur, parce que c’est une obligation. Alors que chez nous, il n’y a rien qui ne soit échangé. Pour avoir un téléphone -et ce n’est rien un téléphone!-, pourtant cela nécessite qu’ils rapportent les meilleurs résultats scolaires de la classe.

Inadmissible !

Ils finirent de nous crucifier en nous posant deux questions, celles justement qui nous ont fait perdre le sommeil. Ils nous sommèrent de leur expliquer pourquoi nous n’avions pas de titre de maison, ni quoi que ce soit à leur léguer. Et comment était-ce possible que nous ne cessions de leur dire que nous les aimons plus que tout au monde et que nous nous saignons pour leur garantir protection, études et bonne éducation, sans que nous craignions de disparaître à tout jamais en les laissant sans toit et sans le sou?

Je dois avouer que sur le coup, la terre a cessé de tourner pour mon mari et moi, le ciel nous est réellement tombé sur la tête. A ce jour, nous continuons de ressasser ces mots et nous torturer d’interrogations. Avons-nous été dans l’erreur la plus fatale en ayant choyé nos enfants, malgré nos moyens limités, ou en ayant lâché du lest face à leur crise de liberté, ou encore en ayant fait prévaloir la communication sur le despotisme? Parce que tant de fois, nous avons remis en question notre autorité et la sanction. Justement, leur permettre de se rebeller dans le but d’affûter leur esprit critique était plus important. Mais comment imaginer une seconde que cela pousserait nos enfants à oser cultiver de telles idées?

Le plus dur, mon veuvage ou les déboires de mes enfants ?

Mais où est donc passé tout ce que nous n’avons jamais cessé de leur transmettre: l’amour familial, les principes, les valeurs du respect, les avantages du mérite, de l’effort, du travail, en leur donnant l’exemple? Devons-nous et ce, jusqu’à la fin de nos jours, accepter cette fatalité? A savoir que nos enfants sont de vils calculateurs, matérialistes et qu’ils ne nous témoigneront de l’attachement et de l’estime que si nous sommes… des parents riches, capables de satisfaire tous leurs caprices?».

Mariem Bennani

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