Syrie : On parle déjà de reconstruction

Syrie : On parle déjà de reconstruction

Du 21 au 23 septembre, se déroule la troisième Exposition pour la reconstruction de la Syrie. Assez surréaliste, vue de l’extérieur et pourtant…

La guerre n’est pas terminée en Syrie et déjà tout le monde se presse déjà pour la reconstruction du pays. Comme si la tempête était passée et que  le moment était venu de constater les dégâts et de préparer l’après! Cela ne veut pas dire qu’Al-Assad a gagné la guerre, mais il est clair que grâce à l’intervention russe, il ne peut plus la perdre.

Sur les fronts militaires, les choses semblent de plus en plus claires.

Sept commandants et plus de 1.000 rebelles devront joindre l’armée gouvernementale syrienne, en application d’un accord signé entre les deux parties, a annoncé dans un communiqué le Centre russe pour la réconciliation des parties en conflit. Selon les informations fournies par le Centre, le Comité pour la réconciliation nationale de la province de Homs est également parvenu à un accord avec le maire d’Al-Qaryatayn, visant à reconstruire l’hôpital de la ville. La province de Deir Ez-Zor, la dernière encore aux mains de Daech, concentre l’essentiel des combats. Province riche en pétrole et frontalière de l’Irak, Deir Ez-Zor attire toutes les attentions. Attaquée sur tous les fronts, sa reprise n’est qu’une question de temps. Proche du président Bachar Al-Assad, l’Iran a tout particulièrement intérêt à voir l’armée syrienne victorieuse à Deir Ez-Zor, pour assurer une continuité, à la fois commerciale et territoriale, entre Téhéran et les Libanais du Hezbollah.

Plus généralement, il est indiscutable que l’intervention russe est un succès. Elle a permis d’atteindre son objectif politique premier, qui était de sauver le régime syrien alors en grande difficulté et même de contribuer à sa victoire probable. Le corps expéditionnaire russe a largement contribué à l’endiguement des forces rebelles à la fin de 2015. Puis, en particulier avec la prise d’Alep, à la conquête presque définitive du grand axe de l’autoroute M5, centre de gravité du conflit, pendant l’année 2016. Avant de lancer une campagne dans l’est désertique, jusqu’au dégagement de l’aéroport de Deir ez-Zor, assiégé par l’organisation Etat islamique

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La communauté internationale reste divisée sur la conduite à tenir dans cette drôle d’après-guerre. L’Arabie Saoudite et les pays sunnites qui la suivent exigent le départ de Bachar Al-Assad et soutiennent discrètement le HTC (Hayyiate Tahrir Cham, Organisation de Libération du Levant), dans l’espoir d’affaiblir le régime, mais se gardent bien maintenant d’intervenir directement.

L’Europe veut aussi le départ de Bachar, mais aussi que les responsables des massacres gouvernementaux soient traduits devant un tribunal international pour crimes contre l’Humanité. La Chine et l’Inde se font plus discrètes, mais s’apprêtent à participer à la reconstruction du pays quand un certain ordre sera rétabli. Bien sûr, les Occidentaux seront totalement exclus de ces marchés, Damas faisant appel aux pays situés à son est. Les chantiers devraient être gigantesques.

Pour Frédéric Pichon, chercheur spécialiste de la Syrie et consultant, qui vient de publier «Syrie, une guerre pour rien» (éd. du Cerf), le régime de Damas effectue un «pivot vers l’Est», notamment vers la Chine et l’Inde, pour renforcer sa légitimité auprès des puissances émergentes.

Les dividendes de la paix seront partagés avec des pays tous situés à l’Est. Cela inclut évidemment la Russie et l’Iran -soutiens militaires de Damas- mais aussi la Biélorussie, la Chine, l’Inde ou la Malaisie. Les entreprises de ces pays étaient particulièrement attendues lors de la Foire de Damas en août et le sont pour la troisième Exposition pour la reconstruction de la Syrie, qui se tient du 21 au 23 septembre. Des infrastructures à l’énergie, en passant par le BTP et les services, les Syriens cherchent des capitaux parmi les sociétés de ces pays. Elles illustrent ce que l’on nomme le «consensus de Pékin», cette attitude neutre que l’on adopte vis-à-vis de ses partenaires économiques. Elle ne concerne pas seulement la Chine, mais tous les «émergents». Ces entreprises venues de l’Est ne regardent pas si le régime de Damas est démocratique, mais pensent d’abord et avant tout «à faire du business» en en profitant, pour tailler des croupières aux entreprises occidentales.

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Au-delà, les Etats occidentaux sont tombés dans un piège. Toute participation financière apportée à la reconstruction serait vue comme légitimant Bachar Al-Assad. La haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, a proposé de subordonner une éventuelle aide pour la reconstruction à des conditions politiques. Mais elle s’est heurtée à l’intransigeance de la France, alors catégorique sur l’absolue nécessité d’une transition politique. Avec Emmanuel Macron, l’Elysée connaît aujourd’hui une évolution vers un peu plus de pragmatisme.

Or, on aurait tort de sous-estimer la Syrie comme débouché occidental de l’Asie.

Le pays annonce son retour, mais dans un contexte géopolitique totalement bouleversé.

Patrice Zehr

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