En Birmanie, des milliers de personnes ont suivi sur des écrans géants l’intervention de leur dirigeante, munis de pancartes en soutien à celle qui reste une icône dans son pays. Aung San Suu Kyi, très critiquée pour son silence et sa froideur depuis le début de la crise avec les Rohingyas, qualifiée de «nettoyage ethnique» par plusieurs dirigeants, a envoyé un message d’apaisement à la communauté internationale, exhortant à mettre fin aux divisions entre bouddhistes et musulmans. «Nous sommes profondément désolés pour les souffrances de tous ceux qui se sont retrouvés pris au piège de ce conflit», a-t-elle dit, évoquant les Rohingyas ayant fui en masse au Bangladesh, mais aussi les bouddhistes ayant déserté leurs villages. Mais elle n’est pas allée jusqu’à publiquement critiquer l’armée. Et si elle a promis de punir tous les abus, «encore faut-il que nous disposions de preuves solides», a-t-elle ajouté.
Amnesty International a dénoncé une «politique de l’autruche», car «il existe des preuves écrasantes que les forces de sécurité sont engagées dans une campagne de nettoyage ethnique». Les Rohingyas, la plus grande population apatride du monde, sont traités depuis des années comme des étrangers dans ce pays à plus de 90% bouddhiste.
Victimes de discriminations depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, ils ne peuvent ni voyager, ni se marier sans autorisation. Et ils n’ont accès ni au marché du travail, ni aux services publics.
La Grande-Bretagne, l’ex-puissance coloniale, a annoncé qu’en raison de «la poursuite des violences», dont sont victimes les membres de cette minorité musulmane dans l’ouest de la Birmanie, elle suspendait son aide à l’entraînement de l’armée birmane. De la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le secrétaire général de l’Organisation, Antonio Guterres, a appelé à «mettre fin aux opérations militaires et permettre un accès humanitaire sans restrictions» aux victimes des combats.
Patrice Zehr