Les guerriers du nord du Mali ont fait la paix. A Bamako, des représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rebelles indépendantistes) et de la Plateforme (groupes armés pro-Bamako) ont convenu d’un cessez-le-feu définitif. Autour de la ville de Kidal, depuis plus d’un an, les frères ennemis touaregs se menaient une guerre d’usure, faite d’escarmouches, d’attente dans les postes avancés du désert et de raids meurtriers. Leur rivalité, sur fond de bataille clanique, avait de fait gelé la mise en œuvre de l’accord de paix d’Alger signé en juin 2015.
«Le représentant spécial de l’ONU au Mali, le Tchadien Mahamat Saleh Annadif, a fait du bon travail, indique un connaisseur du dossier. L’accord est robuste. Mais les quinze prochains jours seront cruciaux: il ne faut surtout pas de dérapages». Durant ce délai de deux semaines, le texte prévoit notamment un retour des combattants de la Plateforme sur le site de Takalot, à 40 kilomètres de Kidal, qui était passé aux mains de la CMA. «Il s’agit d’une petite concession pour permettre au Gatia, important groupe armé de la Plateforme, de sauver la face, poursuit le spécialiste. La CMA, en position de force, avait regagné du terrain et délogé le Gatia de toute la région de Kidal. Mais l’accord ne devait pas consacrer à 100% leur défaite».
Le retour de l’Etat malien dans le nord du pays pourrait donc recommencer à avancer, à petits pas. Le gouverneur de la région de Kidal, Sidi Mohamed Ag Icharach, a pu poser ses valises dans cette ville qui échappe au contrôle de Bamako, depuis que l’armée malienne en a été chassée en 2012. Une base de plusieurs centaines de soldats français de l’opération Barkhane y est implantée, ainsi que l’un des plus gros camps de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali (Minusma).
Patrice Zehr