Comment expliquer que, malgré de nombreuses stratégies, le Maroc semble être toujours dans un cercle vicieux? C’est la question sur laquelle se penche l’économiste Najib Akesbi, qui intervenait en marge de la 1ère édition de l’Université d’été des cadres électriciens de la Fédération nationale des travailleurs de l’énergie (FNTE).
Le système politique est-il devenu une entrave à la croissance économique au Maroc? Les politiques publiques sont-elles basées sur une approche participative? Les stratégies publiques mises en œuvre par les différents gouvernements qui se sont succédé ont-elles pu atteindre les objectifs fixés? Comment expliquer que, malgré ces nombreuses stratégies, le Maroc semble être toujours dans un cercle vicieux? Mais d’abord, a-t-on pris acte des raisons de l’échec de ces stratégies, pour en tenir compte dans le futur? Celles-ci font-elles régulièrement l’objet d’une évaluation pour les améliorer? «Ce sont des questions récurrentes et compliquées», concède l’économiste Najib Akesbi, qui intervenait lors d’une rencontre organisée, le 23 septembre à Agadir, en marge de la 1ère édition de l’Université d’été des cadres électriciens de la Fédération nationale des travailleurs de l’énergie (FNTE). Des incitations accordées au secteur privé, au modèle de promotion de la croissance par les exportations, il n’épargne rien. En 2017, notera-t-il, la Banque Mondiale a d’ailleurs sonné l’alarme. «Le Maroc a 50 années de retard. De l’avis de cette institution internationale, tous les indicateurs de développement sont similaires à ceux enregistrés en Europe dans les années 60. Chaque année, plus de 25 mille postes d’emploi sont perdus dans le secteur de l’industrie. D’un point de vue économique, le privé n’a pas joué son rôle. L’Etat continue d’investir dans des secteurs qui doivent être faits par le privé. Un autre indicateur sur l’échec de la politique d’exportation, le taux de couverture des importations par les exportations. La dette publique totale est de 827 MMDH, soit 82% du PIB», insiste Najib Akesbi, qui se montre sceptique.
Mais pourquoi est-on arrivé à cette situation? Tous les gouvernements précédents ont fait les mêmes choix: ils ont misé sur le secteur privé et ont opté pour le modèle de promotion de la croissance par les exportations, explique l’économiste. «L’investissement étatique dépasse deux fois celui privé. Cela signifie qu’au lieu d’investir dans les secteurs sociaux vitaux, comme l’éducation, la santé, l’enseignement ou encore le désenclavement dans le monde rural, l’Etat investit dans des projets comme des stations touristiques, qui sont aujourd’hui en difficulté», précise-t-il. Pour lui, «les choix ayant été faits dans le cadre de ces stratégies publiques sont erronés et il n’existe malheureusement pas d’outils de correction de ces choix à même d’améliorer ces stratégies publiques». La gravité de la situation exige la mise en place de mécanismes de suivi, de contrôle et d’évaluation, pour trouver des alternatives, afin de sortir de l’impasse. Car les mêmes causes produisent les mêmes effets», dit-il.
Naïma Cherii