L’expérience du Maroc dans la lutte contre le terrorisme a été mise en avant à Abuja, lors de la Réunion africaine de haut-niveau sur la lutte contre le terrorisme qui se tient les 22 et 23 avril sous le thème “Renforcement de la coopération régionale et des institutions pour faire face à l’évolution de la menace terroriste en Afrique”.
S’exprimant à cette occasion, le directeur des questions globales au ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Ismaël Chekkori, a passé en revue les principaux enseignements tirés de l’expérience du Royaume en matière de lutte contre le terrorisme et les bonnes pratiques que le Maroc a réussi à développer et à partager au fil des ans.
“Il est primordial d’anticiper l’évolution rapide de la menace à l’aide d’outils tels que son évaluation précise, en particulier des mouvements transfrontaliers, la détection des premiers signaux de radicalisation, de la dynamique du terrorisme local et de ses liens avec les groupes terroristes internationaux et l’anticipation des nouvelles tendances du terrorisme”, a expliqué M. Chekkori.
Il a estimé, à cet égard, que “l’anticipation nécessite de bonnes capacités de renseignement et une analyse objective des informations”.
D’autre part, M. Chekkori a indiqué que sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a mis en place une réponse holistique et multidimensionnelle à la menace terroriste qui incarne une approche du gouvernement et de l’ensemble de la société.
“Cette approche vise à renforcer la résilience institutionnelle dans les domaines sécuritaire, socio-économique et religieux”, a-t-il mis en avant.
À cet égard, “des cadres institutionnels efficaces ont été mis en place en promulguant des lois antiterroristes solides et en créant des organismes spécialisés dans la mise en œuvre des mesures nationales de lutte contre le terrorisme”, a-t-il fait savoir.
Il s’agit, a expliqué M. Chekkori, de se concentrer sur quatre éléments clés pour renforcer les capacités institutionnelles, à savoir la mise en place de plans, de procédures et de ressources solides pour faire face aux différents types de menaces, le partage des renseignements et de l’information entre les agences et organisations concernées afin d’identifier les menaces potentielles et prendre les mesures qui s’imposent, la coordination et la coopération qui impliquent une communication efficace, une collaboration et des opérations conjointes afin d’améliorer la capacité de réponse globale et des approches adaptatives et flexibles afin d’ajuster les stratégies et les réponses pour rester à l’avant-garde des risques et des défis émergents.
Toutefois, M. Chekkori a fait remarquer que “les mesures de sécurité et judiciaires sont importantes mais insuffisantes à elles seules”. Il est absolument nécessaire d’élaborer des stratégies globales capables d’aborder toutes les dimensions du terrorisme. Plus important encore, les vulnérabilités”, a-t-il dit.
“Conscient de cette dimension critique, le Maroc a pris plusieurs mesures notables telles que la création de l’Institut Mohammed VI de Formation des Imams Morchidines et Morchidates, qui joue un rôle essentiel”, a-t-il mis en exergue, rappelant le rôle important assumé également par l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH), lancée par SM le Roi Mohammed VI, en matière de lutte contre les facteurs socio-économiques susceptibles de conduire à la radicalisation et à l’extrémisme violent.
M. Chekkori a également cité le programme Moussalaha qui est une autre pierre angulaire de l’approche globale du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme, précisant qu’il s’agit d’une “initiative spécifiquement conçue pour réhabiliter et réintégrer les anciens détenus terroristes dans la société”.
“Le succès du programme Moussalaha souligne l’importance de prévenir les racines de l’extrémisme et de traiter ses conséquences par la compassion et le soutien durable de la communauté”, a-t-il soutenu, notant que c’est dans ce contexte que “notre appel à une coopération régionale revitalisée, fondée sur un cadre institutionnel solide, devient non seulement pertinent mais impératif”.
Dans cette optique, “la promotion d’une coopération institutionnelle plus étroite contribuerait efficacement à des réponses inclusives et collaboratives qui répondent efficacement aux besoins spécifiques des pays africains, conformément au principe d’appropriation, et adaptées aux besoins spécifiques des États africains”, a-t-il détaillé.
Il a relevé que “le Maroc s’est toujours engagé à renforcer la coopération institutionnelle régionale contre le terrorisme, en s’inspirant des leçons et des succès de sa stratégie nationale” en la matière, a-t-il dit.
Le responsable a mis en exergue l’engagement du Maroc dans ce domaine, rappelant que “les services de sécurité marocains ont échangé des informations cruciales qui ont permis à leurs homologues d’autres pays de prévenir des attentats et des complots terroristes meurtriers”.
Au niveau régional, le Maroc a lancé en 2022, en collaboration avec le Bureau des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNOCT), la “Plateforme de Marrakech pour les chefs des agences africaines de sécurité et de lutte contre le terrorisme”, a-t-il fait savoir.
S’agissant de la mise en place d’une approche coordonnée et du renforcement des capacités, “le Maroc a réussi à mettre en place des programmes bilatéraux de renforcement des capacités”, a-t-il poursuivi, ajoutant que le Royaume a accueilli le Bureau du programme de l’UNOCT pour la formation à la lutte contre le terrorisme en Afrique, qui constitue un mécanisme clé pour promouvoir efficacement le renforcement des capacités et des institutions en matière de lutte contre le terrorisme en Afrique”.
“Le Maroc a adopté une approche globale, notamment en s’attaquant à la dimension idéologique de la radicalisation et en contribuant au rétablissement de la véritable tradition de l’Islam”, a-t-il souligné, citant, à cet égard, “la création de la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains, qui vise à unifier et à guider les érudits musulmans dans la promotion d’une interprétation pacifique de l’Islam à travers l’Afrique”, a-t-il dit.
Il a affirmé que “le Maroc continue à accorder la priorité aux préoccupations de l’Afrique dans l’accomplissement des diverses responsabilités internationales”.
“En sa qualité actuelle de co-président de l’Africa Focus Group de la Coalition mondiale pour vaincre ISIS, et en sa qualité antérieure de co-président du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, le Royaume a toujours mis en avant les priorités et les défis pressants des pays africains en termes de prévention et de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent”, a-t-il noté.
M. Chekkori a réaffirmé la conviction profonde du Maroc que la prévention et la lutte contre le fléau du terrorisme doivent être basées sur une approche globale et cohérente qui prône la responsabilité collective, l’inclusivité, la sécurité indivisible, la solidarité et l’appropriation, en tant qu’éléments clés.
“À cet égard, le Royaume s’engage à poursuivre le dialogue et les échanges, dans un esprit de confiance, d’ouverture et d’engagement constructif, afin de faire face conjointement à cette menace”, a-t-il affirmé.
LR/MAP