Il aura fallu près de cinq ans avant que les divergences entre l’administration et les professionnels de la pêche ne se dissipent.
Le Plan d’aménagement des pêcheries des crevettes, dont les premières discussions ont été lancées en 2013, est enfin validé par le département de Aziz Akhannouch. Les textes d’application de ce plan devront incessamment entrer au Parlement pour leur adoption.
La dernière rencontre s’est tenue, il y a un mois et demi, à Essaouira (fief de la crevette au Maroc), entre les différentes instances de la pêche (côtière et hauturière) et l’administration, pour l’adoption de la version finale de ce plan, dont un débat a été lancé pour la première fois au sein de la profession à Tanger, en 2015. Le décret d’application est actuellement en cours d’impression au niveau du SGG. Très prochainement, ce texte entrera au Parlement pour son adoption, selon des sources officieuses au ministère de tutelle. «C’est pour la première fois qu’on met en place un Plan d’aménagement qui a été discuté entre les professionnels, l’administration et les scientifiques. Il y avait des divergences entre l’administration et les professionnels, concernant notamment certaines questions, comme celle relative aux zones devant être interdites à la pêche. Mais tout a été réglé et le Plan d’aménagement des pêcheries des crevettes a finalement été validé», déclare au Reporter Kamal Sabri, Président de la Chambre de pêches maritimes du nord. Les ressources des crevettes -ciblées par les chalutiers- seraient depuis un certain temps menacées, à cause de la surexploitation, notamment dans certaines zones du royaume, à savoir le nord du pays, soutiennent des voix professionnelles. Ce Plan d’aménagement des pêcheries de crevettes, qui s’inscrit dans le cadre de la généralisation des plans d’aménagement des pêcheries à l’ensemble des ressources halieutiques, a pour but de préserver les stocks de la crevette. Plusieurs aspects du plan ont ainsi été examinés, à savoir la question des périodes d’arrêt biologique et celle des zones d’interdiction de pêche, les deux points de discorde avec l’administration. «Aujourd’hui, on a toutes les informations nécessaires sur la croissance de cette espèce qu’est la crevette. On a pu identifier les périodes et les zones de ponte des crevettes, ainsi que leur période de croissance», précise Kamal Sabri. Au départ, poursuit-il, les scientifiques de l’INRH ont travaillé seuls pour l’identification des zones d’interdiction, mais les marins-pêcheurs n’étaient pas d’accord sur certaines zones. «Dans ces zones-là, on ne pêchait pas la crevette. Il était donc normal qu’il n’y ait pas un accord des professionnels sur cette question. Ceci dit, au vu de leur grande expérience, l’avis des marins-pêcheurs et des capitaines était pour la première fois pris en considération par les scientifiques de l’INRH», souligne-t-il.
Notons enfin qu’un premier plan d’aménagement préliminaire des crevettes avait été adopté en 2013. Il concerne trois zones, à savoir celle se trouvant entre Bousselham et Kénitra, celle d’Essaouira et la zone située entre Sidi Ifni et Agadir.
Naîma Cherii