Gestion de l’eau | Face à la rareté, le Maroc déploie une stratégie avant-gardiste

gestion de l’eau

Le changement climatique qui affecte le Maroc, se manifeste par des sécheresses consécutives et des précipitations anormalement faibles.

Cette situation a un impact direct sur les ressources en eau, provoquant une baisse importante de la part annuelle d’eau par habitant, estimée aujourd’hui à 620 m3 par an. Ce chiffre ne devrait pas dépasser 560 m3 à l’horizon 2030. Selon les Nations-Unies, cela rapprocherait le Royaume du seuil international de pénurie extrême d’eau fixé à 500m3 par habitant. Compte tenu de la situation climatique actuelle et de son impact sur les ressources hydriques, le Maroc sous l’Impulsion Royale, a pris une série de mesures pour renforcer sa gouvernance hydrique et ainsi atténuer l’impact de la rareté de l’eau à court, moyen et long termes. Conformément aux Orientations de SM le Roi Mohammed VI, exprimées par le Souverain lors du Discours d’ouverture de la Session d’automne du Parlement, le 14 octobre 2022, et à l’occasion des Séances de Travail présidées par SM le Roi en mai 2023 et janvier 2024, autour de la question de l’eau, une stratégie avant-gardiste de gestion de ses ressources hydriques a été mise en place.

Aux grands maux les grands remèdes

Le changement climatique a entraîné une forte pression sur les ressources naturelles du Maroc. Ceci, à son tour, a eu un impact sur les systèmes environnementaux dans des secteurs vitaux, en particulier celui de l’eau. Cela impose des défis croissants, car l’eau est essentielle à toutes les activités productives. La forte baisse des précipitations a provoqué une forte diminution des réserves des principaux barrages à l’échelle nationale. Le dernier Rapport d’évaluation du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), estime que le Maroc, connaîtra de moins en moins de précipitations au cours des prochaines années, alors que les périodes de sécheresse deviendront de plus en plus fréquentes. Face à ces scénarios et projections pessimistes, les pouvoirs publics ont pris la mesure du problème.

Pour un accès équitable et durable à l’eau

Le Royaume compte actuellement 15 Stations de dessalement d’une capacité totale de 192 millions de m3 par an. 5 stations sont actuellement en construction et devraient ajouter une capacité de production supplémentaire de 138,3 millions de m3 par an.

stations de dessalement

Entre 2024 et 2045, la construction de 16 nouvelles stations de dessalement est prévue, avec une capacité supplémentaire de 1.490 millions de m3 par an. Les usines de dessalement d’eau de mer opérationnelles ou qui verront bientôt le jour, comme celle de Casablanca, la plus grande en Afrique et dont les travaux de construction ont été lancés par SAR le Prince Héritier Moulay El Hassan, lundi 10 juin 2024, visent à mobiliser les ressources en eau non-conventionnelles. Le Maroc met également en œuvre des projets visant à relier les bassins hydrographiques en transportant l’eau des bassins fluviaux via des pipelines jusqu’aux centres de demande en eau des grandes villes. Dans ce cadre, le Royaume a opté pour une solution novatrice qui consiste à interconnecter les principaux bassins hydrauliques, créant ainsi un Réseau de transfert d’eau pour assurer une distribution équitable des ressources hydriques entre les différentes villes et Régions du pays. Ainsi, en cas de pénurie dans un territoire, l’eau peut être facilement transférée depuis des bassins excédentaires vers ceux déficitaires. Quelques mois après le lancement du premier projet d’autoroute de l’eau, reliant Oued Sebou au Barrage Sidi Mohammed Ben Abdellah, le Maroc en prévoit un second, entre le Barrage Oued Al Makhazine et la ville de Tanger.

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L’ouvrage, dont les travaux ont débuté fin 2023, sera long de 60 kilomètres et permettra de transporter pas moins de 600 millions de m3 d’eau. Le projet passera par le barrage de Dar Khrofa et celui du 9 avril, avant d’atteindre la Ville du Détroit, sa destination finale. Ce projet ambitieux baptisé «Autoroute de l’Eau», s’inscrit dans le cadre des objectifs du Plan National Programme d’Approvisionnement en Eau Potable et Eau d’Irrigation 2020-2027 et le Plan National de l’Eau 2020-2050. En raison des années successives de sécheresse, la pression sur les ressources en eau au Maroc a conduit à mobiliser les efforts colossaux pour élaborer de toute urgence des plans d’adaptation au changement climatique et une politique de l’eau qui renforce la résilience de l’économie marocaine et sa capacité à résister à la variabilité climatique, en particulier dans le secteur de l’agriculture. C’est ce qui a poussé le Royaume à investir dans des ressources en eau non-traditionnelles, telles que des usines de traitement des eaux usées et des stations de dessalement de l’eau de mer.

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La sensibilisation, maillon indispensable pour l’économie de l’eau

Cependant, le secteur de l’eau continue de connaître des difficultés liées principalement à l’exploitation excessive des eaux souterraines et à l’absence d’une gestion adéquate de la demande en eau, qui pourrait contribuer à rationaliser l’utilisation des ressources hydriques.

ressources hydriques

Pour remédier à cette situation, le ministère de l’Equipement et de l’Eau a lancé une campagne de sensibilisation du grand public autour de l’importance de la préservation durable de l’eau. Cette campagne de communication d’envergure à destination des usagers de l’eau, lancée à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Eau (22 mars 2024), se décline en trois phases, dont la première porte sur la sensibilisation à l’importance de la ressource, afin de renforcer la conscience des citoyens face à la problématique du stress hydrique que connaît le Maroc. La deuxième phase concerne les gestes utiles permettant d’économiser l’eau. Enfin, la troisième étape de ladite campagne qui se poursuivra tout au long de l’année en cours (2024), vise à tenir le grand public au courant des actions menées par les pouvoirs publics pour la sauvegarde des ressources hydriques aussi bien au niveau national, que régional et local.

Mohcine Lourhzal


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L’OCP donne l’exemple

groupe office chérifien des phosphates

Le Groupe Office Chérifien des Phosphates (OCP), joue un rôle important dans l’industrie du dessalement au Maroc. Le Groupe a lancé un programme visant à répondre à ses propres besoins en eau en mettant en œuvre des techniques innovantes et en utilisant des sources d’eau non conventionnelles.

Ce programme vise à éliminer la dépendance de l’entreprise à l’eau douce d’ici 2030 et peut contribuer à l’approvisionnement en eau des villes marocaines. Les efforts d’OCP ont déjà contribué à répondre aux besoins en eau des villes de Safi et El Jadida, grâce au dessalement de l’eau de mer. L’Office Chérifien des Phosphates, qui a déjà annoncé un vaste plan visant à produire de l’énergie renouvelable et de l’hydrogène vert, devient ainsi un acteur majeur du lien énergie verte-eau dessalée. En effet, la réponse du Maroc au changement climatique se fait à plusieurs niveaux. Il s’agit principalement de verdir son secteur énergétique et en même temps, investir dans l’adaptation à une éventuelle pénurie d’eau accrue dans les années à venir.

LR

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