Les autorités casablancaises pourraient-elles régler la problématique des «marchands ambulants» qui concerne plusieurs quartiers de Casablanca? En tout cas, ce sujet continue de préoccuper, notamment dans certaines artères où les «farracha» sont tolérés par certains agents d’autorité.
Les autorités casablancaises ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Selon des sources proches du dossier, depuis quelques semaines, le dossier épineux des vendeurs ambulants est à l’ordre du jour de plusieurs réunions tenues au niveau de l’ensemble des préfectures de la capitale économique. Ces mêmes sources indiquent que ces réunions font suite aux instructions données, il y a près d’un mois, par le wali de la région de Casablanca, Abdelkébir Zahoud, pour mettre fin à l’occupation de l’espace public par les «farracha», lesquels exposent leurs marchandises à même le sol en toute illégalité. Ceci dit, les autorités doivent toutefois tenter de trouver des emplacements de vente pour les marchands ambulants, notamment ceux déjà recensés dans le cadre d’une commission gouvernementale, mise en place il y a plus d’un an pour régler cette problématique. «Le travail de cette commission consistait d’abord à recenser et à classer tous les marchands ambulants par catégories, afin d’essayer de leur trouver des endroits dans chaque commune, pour qu’ils puissent exercer leur activité en toute légalité», précise-t-on. Pour les vendeurs de poissons ou de produits frais, les autorités seraient prêtes à leur procurer des triporteurs. Ainsi, à Sidi Bernoussi, Sidi Moumen, Derb Sultan, El fidaa, Sidi Belyout…, les autorités locales tentent d’accélérer la cadence, en tenant des rencontres au sujet de cette question de marchands ambulants qui reste préoccupante. C’est le cas notamment de la Préfecture de Sidi Bernoussi où, à ce jour, trois Projets de commerce de proximité (PCP) ont été initiés en faveur des «farracha ». Mais, il semble que le problème n’est pas pour autant résolu. Des dizaines de marchands ambulants, qui s’adonnent à cette activité informelle depuis plus de dix ans, refusent cependant d’adhérer à ces projets, selon l’Union démocratique des commerçants et des artisans (UDCA), laquelle réunit près de 60.000 vendeurs ambulants au niveau national.
A l’UDCA, on reproche à ces PCP de «ne pas présenter la solution idéale pour accueillir, dans les meilleures conditions, les marchands ambulants». «Nous nous sommes opposés à ces projets. Car, nous estimons qu’ils ne présentent vraiment pas de solution efficace à nos problèmes en tant que vendeurs ambulants. Ce n’est qu’une solution provisoire. D’ailleurs, une quarantaine de commerçants ayant bénéficié de l’un des trois PCP, notamment celui d’Al Firdaouss à Sidi Bernoussi, ont été expulsés et sont aujourd’hui en chômage. En plus, plusieurs questions restent en suspens, concernant la gestion de ces PCP», déclare Karim Amarir, secrétaire général adjoint au Bureau provincial de l’UDCA. Ce Bureau, qui pointe du doigt l’association en charge de ces PCP, a d’ailleurs adressé une lettre (dont Le Reporter détient une copie) au nouveau gouverneur d’arrondissements de Sidi Bernoussi, Nabil Kharroubi, sollicitant son intervention dans le dossier des vendeurs ambulants n’ayant pas encore bénéficié de ces projets. Selon nos sources, une rencontre s’est tenue à ce sujet, il y a deux semaines, entre le gouverneur et les représentants des marchands ambulants, membres de l’UDCA. «Nous ne sommes pas mis d’accord sur la démarche à adopter, dans le cadre des projets lancés pour cerner la prolifération des commerçants ambulants à Sidi Bernoussi. C’est pourquoi nous avons refusé d’y adhérer. Nous n’avons pas cessé de réclamer une rencontre avec l’ancien gouverneur, pour expliquer les raisons de notre refus et aussi pour lui présenter notre proposition», indique Amarir, avant de conclure: «Le nouveau gouverneur nous a promis de prendre en compte nos propositions. D’ailleurs, l’emplacement abritant le projet, dont plus de 200 commerçants ambulants vont bénéficier, est déjà identifié».
Dans d’autres quartiers, les choses évoluent encore lentement. En attendant que des projets dédiés à ces commerçants soient initiés dans ces zones, des opérations «coup de poing» sont parfois menées pour déloger les marchands ambulants des espaces qu’ils occupent. Mais le problème n’est pas pour autant résolu. Dans certains quartiers, les «farracha» continuent même d’être tolérés par certains agents d’autorité.
Naîma Cherii