Maroc-France | La confiance revient…

Maroc-France | La confiance revient…

Petit suspense au Sahara, Royal paraphe, accords stratégiques, projet inédit… Les pics des 3 jours de la visite d’État du Président Macron au Maroc.

La visite d’État du Président Macron au Maroc a eu lieu du 28 au 30 octobre (2024) et s’il fallait en évoquer et analyser tous les détails de ce qui a été dit, fait, projeté et-du début à la fin- ressenti, tant du côté marocain que français, c’est tout un livre qu’il faudrait, non quelques reportages de médias, aussi consistants et fidèles seraient-ils.

Voyons donc ce que l’on peut en retenir, sans promesses d’exhaustivité.

Le livre, les deux Chefs d’État le réservent pour les pages où s’écrira l’avenir de ce «Partenariat d’exception renforcé», selon l’expression répétée à l’infini durant ces trois jours.

C’est le Président Macron qui le confiait aux deux chaînes de télévision-Medi1 TV et 2M-dans un entretien qu’il leur a accordé avant son retour en France. Lors de son tête-à-tête avec SM Mohammed VI, il avait émis le souhait que les deux pays écrivent «une nouvelle page», le Souverain a rectifié: «un livre»… C’est dire la foi que place le Roi dans ce retour de confiance entre les deux États, leurs dirigeants, leurs classes politiques, leurs opérateurs économiques, leurs citoyens.

La confiance, un mot qui est revenu à de multiples reprises dans la bouche du Président Macron -il suffit de réécouter son entretien avec les deux chaînes de télévision marocaines- et dont le retour est à la base de ce si bienvenu réchauffement des relations et de toute la magie vertueuse qui s’en est suivie.

Le Maroc avait besoin de cette confiance dans son combat pour son intégrité territoriale, Cause nationale sacrée dont la France n’ignore pas la place qu’elle tient dans le cœur de tout Marocain.

Le tournant déterminant dans le retour de cette confiance a donc commencé avec la mise à niveau du positionnement de la France sur cette question, elle qui avait été la 1ère à apporter son soutien avant de se laisser dépasser par d’autres États amis.

Et c’est ce retour de confiance qui a conduit à cette visite d’État, frappée à tous les niveaux du sceau de l’engagement.Un engagement fort et déterminé, du côté du Maroc comme de celui de la France.

Les sombres nuages des trois années de brouille où l’amitié séculaire a, plus d’une fois, pris un coup dans l’aile, se sont dissipés avec la lettre du Président Macron à SM Mohammed VI, à l’occasion de la Fête du Trône, dans laquelle le Chef de l’État français a exprimé la position de la France, considérant que «le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine» ; que «Pour la France, l’autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue» ; et que le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007 «constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies».

La centralité de la Cause du Sahara est telle, pour l’opinion publique marocaine que, malgré cette lettre claire et limpide du Président Macron, les citoyens étaient dans l’expectative, espérant un pas supplémentaire sur cette voie.

ONU | L’Algérie, cauchemar de la cause palestinienne au Conseil de sécurité

D’autant qu’une alerte lancée sur les réseaux sociaux par un site (IGH) la veille de la visite présidentielle, laissait entendre que la France annoncerait l’ouverture d’un consulat au Sahara.

Les confirmations et démentis de journalistes, invoquant les uns et les autres des «sources fiables», allaient nourrir les débats et accentuer le suspense jusqu’à la fin de la visite.

A chaque étape importante du programme des deux Chefs d’État ou du Président et de sa délégation, l’annonce était guettée.

Trois grands moments étaient particulièrement attendus.

D’abord, les entretiens en tête-à-tête de SM Mohammed VI et du Président Macron, qui devaient déboucher sur la signature, par les Chefs d’État eux-mêmes, d’une Déclaration.

Moment à forte symbolique. Outre le contenu de la Déclaration, SM Mohammed VI a rarement signé publiquement un quelconque document, diplomatique ou autre. La seule fois avant celle-ci, c’était à Dubaï, avec l’Émir des Émirats Arabes Unis, en décembre 2023.

La teneur de la Déclaration était à la hauteur de ce fait rare. Les deux Chefs d’État y consignaient, entre autre, leur ferme volonté de porter «la relation entre les deux pays au niveau d’un « Partenariat d’exception renforcé »» ; d’«agir en tant que partenaires stratégiques dans tous les domaines, notamment le dialogue politique, le partenariat économique et les échanges humains» ; de s’attacher à ce que le « Partenariat d’exception renforcé » soit mis au service de 3 grands objectifs et de tous les secteurs stratégiques… (Voir l’intégralité de la Déclaration, pages suivantes).

La question du Sahara y était évoquée. Il était souligné que le « Partenariat d’exception renforcé » entre le Maroc et la France avait vocation à être mis en œuvre dans le champ d’application territorial le plus large possible, à la lumière de la position française exprimée à l’occasion du 25ème anniversaire de l’accession au Trône de Sa Majesté (le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine)… Mais point de projet de consulat à Laâyoune.

Le 2ème temps fort scruté était celui de la signature d’une double dizaine d’accords devant le Souverain et le Président français. 22 accords ont été solennellement signés (voir pages suivantes), mais quoique certains d’entre eux prévoyaient de s’appliquer à l’ensemble du territoire marocain, Sahara compris donc, aucun n’a confirmé ni infirmé une éventuelle ouverture de consulat.

Restait un 3ème moment fort. Celui du Discours du Président français devant le Parlement, les deux Chambres réunies.

Un moment rare. Là aussi, une seule fois un Chef d’État étranger avait pris la parole devant le Parlement du Maroc, c’était François Hollande en 2013.

Moment rare également par tous les messages contenus dans le Discours prononcé par le Président Macron.

Rendant hommage au Roi du Maroc qui «incarne la continuité de l’une des plus anciennes dynasties du monde et l’un des visages de la modernité» ; remontant à loin dans l’Histoire des relations exceptionnelles de la France avec le Maroc, tout en soulignant que nulle rancœur mémorielle ne leur a jamais imposé d’exigences ; convoquant la mémoire d’un grand nombre d’acteurs politiques et culturels de cette Histoire qui, par leur passion pour le Royaume, ont tissé des liens particuliers entre les deux pays ; et insistant encore une fois sur le « Partenariat d’exception renforcé » actuel et futur, le Président Macron, orateur hors pair, a réussi à suspendre le temps et à suspendre, dans le même temps, tous les auditeurs à ses lèvres, les élus présents dans l’hémicycle, comme le reste des Marocains, son Discours ayant été retransmis en direct sur toutes les ondes et à la télévision.

Dossier du Sahara : Omar Hilale recadre l’ambassadeur du Venezuela

Et lorsqu’il a abordé la question du Sahara, réitérant la formule du «présent et de l’avenir du Sahara occidental qui s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine», en y apportant deux précisions –son engagement, au nom de la France, à «accompagner le Maroc dans les instances internationales» et cet autre engagement qu’il formule ainsi: «Et je le dis ici aussi avec beaucoup de force, nos opérateurs et nos entreprises accompagneront le développement de ces territoires au travers d’investissements, d’initiatives durables et solidaires au bénéfice des populations locales», c’est à une standing ovation qu’il a droit.

Ce n’est pas l’annonce d’ouverture d’un consulat au Sahara, mais c’est celle d’investissements et initiatives durables dans ces Régions du Sud marocain.

En fait, le suspense prendra fin le lendemain,lors de la conférence de presse que donneront ensemble le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita et son homologue Jean-Noël Barrot. Le Chef de la Diplomatie française annoncera la publication le jour même (mardi 29 octobre), sur le site officiel du Quai d’Orsay, de la carte officielle du Royaume du Maroc intégrant son Sahara… Ainsi que… L’élargissement de la circonscription consulaire française pour couvrir les provinces du Sahara marocain !

L’accompagnement du Maroc dans la défense de son dossier du Sahara dans toutes les instances régionales et internationales, l’adoption officielle de la carte du Maroc son Sahara compris, la déclaration d’intention d’élargir la couverture consulaire française aux Régions du Sahara… Ce sont autant d’engagements qui répondent aux attentes du Maroc -dirigeants et citoyens- et qui restaurent la confiance nécessaire à tout partenariat économique et commercial, à tout projet d’investissement… Or, le Maroc,qui est lui-même un chantier ouvert, en perspective du mondial 2030,offrant d’innombrables opportunités aux investisseurs, est aussi initiateur de plusieurs projets continentaux où l’alliance de l’expertise, du financement et de l’esprit win-win peuvent rassembler autour d’objectifs bénéficiant à tous.

Pour commencer, le Président Macron qui a évalué le chemin parcouru par le Maroc, s’est entendu avec SM Mohammed VI sur un projet inédit qui a été repris dans leur Déclaration commune.

Les deux Chefs d’État sont convenus de superviser directement le suivi du « Partenariat d’exception renforcé » entre le Maroc et la France. Aussi, sont-ils convenus de désigner un comité stratégique de suivi, paritaire et restreint, chargé de formuler toute proposition de nature à permettre l’approfondissement continu du « Partenariat d’exception renforcé ».

Il est précisé dans la Déclaration que ce «Comité complètera, sans les remplacer, les instances préexistantes de pilotage des coopérations bilatérales».

Commentant ce projet, le Président Macron ajoutera que c’est la 1ère fois qu’un tel projet est lancé avec un pays hors Union Européenne.

Les relations Maroco-françaises reviennent de loin. Aujourd’hui, l’amitié reprend ses droits. Au vu des brouilles de ces 3 dernières années, ce n’était pas joué d’avance. Mais quand la confiance revient, tous les rêves de « Partenariat d’exception renforcé » sont permis.

Bahia Amrani

,
,
,

Check Also

Le PLF 2025 adopté à la majorité à la Chambre des représentants

Le PLF 2025 adopté à la majorité à la Chambre des représentants

La Chambre des représentants a adopté, vendredi lors d’une séance plénière, à la majorité, le …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Captcha Plus loading...

,