Pour Michael Knights, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, la Syrie et l’Irak «attaquent le même ennemi» et, au vu des victoires rapides à Tal Afar et à Hawija en Irak, la reprise de la zone frontalière côté irakien pourrait ne prendre que «deux semaines». Au terme de cette bataille, l’Irak mettrait fin à plus de trois années d’occupation par l’EI de près d’un tiers de son territoire. Les djihadistes qui vont parvenir à s’échapper vont «se cacher dans le désert». Ils rejoindront la vallée de l’Euphrate, remuante zone frontalière connue pour ses trafiquants et par laquelle passaient déjà il y a une quinzaine d’années djihadistes et autres combattants extrémistes, ajoute le colonel américain. «Le caractère désertique de ces pans de territoire rendra difficile leur pacification totale; des résidus de l’EI pourraient continuer d’être actifs après la défaite», abonde Karim Bitar, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques. En fait, les djihadistes «sont revenus là où ils étaient en 2013», assure à l’Agence France-Presse Michael Knights. «Ils vont reprendre l’insurrection des débuts», celle d’avant la proclamation en juin 2014 de leur «califat» aujourd’hui en lambeaux.
«Dans de nombreux endroits, ils ont retrouvé leurs capacités de 2013» et ont encore plusieurs caches possibles à travers le territoire irakien, dit-il, citant les villes de «Ramadi, Fallouja, la ceinture entourant Bagdad et des zones des provinces d’Al-Anbar et de Diyala». Depuis leurs caches, «ils vont essayer de mener des attaques pour déstabiliser les autorités localement; et poursuivre les opérations extérieures et médiatiques -soit en les organisant, soit en inspirant des assaillants à l’étranger- pour conserver un vernis de légitimité», assure le colonel Dillon à l’Agence France-Presse.
Patrice Zehr