Ce que les caméras nous ont montré de la participation de SM Mohammed VI au 5ème Sommet UE-UA, qui s’est tenu les 29 et 30 novembre 2017, à Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire, est loin de rendre compte de tout ce qu’a fait le Roi pour le Maroc, pour l’Afrique et pour les partenaires tiers.
Pour le Maroc, le plus gros de ce que le Roi a fait, a en effet été largement retransmis par les télévisions et autre médias marocains et étrangers. On a vu le Souverain redorer l’image de son pays, au sein de cette UA (Union Africaine), si longtemps délaissée (et, donc, si longtemps hostile) ; et donner une autre image du chef d’Etat africain à l’UE (Union européenne) qui avait tendance à voir l’Afrique et les Africains si petits devant elle.
On a vu le Roi saluer chaleureusement ses amis, chefs d’Etat et de gouvernement des deux continents. Mais pas seulement… On l’a vu aussi, faisant preuve de ce pragmatisme qui le caractérise, nouer des relations de nouvelle amitié avec les adversaires d’hier. Notamment, l’Angola, pays qui reconnaît et soutient les séparatistes du Polisario. Ou encore –surprise magistrale- l’Afrique du Sud ! Ce pays qui, jusque-là, constituait un binôme avec l’Algérie dans tous les coups de Trafalgar imaginés contre le Maroc. On l’a vu même répondre courtoisement aux quelques mots murmurés par le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, venu saluer le Souverain et, a-t-il déclaré plus tard, transmettre les salutations du Président Bouteflika (Ah… ?).
Enfin, on a pris connaissance de la lettre que le Roi du Maroc a adressée aux participants du Sommet UE-UA et mesuré, à l’aune de son contenu, le rôle déterminant que joue désormais le Maroc dans tous les dossiers chauds qui préoccupent les responsables euro-africains.
Quant à certaines images, que n’accompagnait aucun commentaire, elles étaient plus éloquentes que de longs discours ; et ont montré aux Marocains que leur Roi était bien à l’œuvre pour défendre la cause nationale… Sans plaidoyer… Juste de la crédibilité !
Bien sûr, rien de tout ceci n’a été fait au hasard et dans l’improvisation. SM Mohammed VI prépare ses déplacements longtemps à l’avance. Un travail acharné –le sien et celui de ses collaborateurs- balise le terrain bien avant qu’il ne soit donné à l’opinion publique d’en voir les résultats.
C’est cette capacité à anticiper, doublée d’une vision claire et d’un engagement ferme, qui font la force de l’action royale.
Vision claire et engagement ferme sont également les atouts que met en avant le Roi du Maroc dans sa politique africaine.
La vision royale, tout le monde la connaît aujourd’hui, se résume en deux formules: «Fin de l’assistanat. Place au partenariat» et «Partenariat gagnant-gagnant, d’abord sud-sud, puis co-développement». Le co-développement, pour le Maroc, se traduit en partenariat triangulaire chaque fois que les 3 partenaires y trouvent leur intérêt propre dans une logique win-win.
Cette politique que SM Mohammed VI défend depuis longtemps et qu’il a martelée dans tous ses discours (au Maroc, en Afrique et à l’ONU) –qui veut que les pays africains comptent sur eux-mêmes, d’une part et soient traités d’égal à égal, d’autre part – a commencé par faire grincer des dents. Le Roi a poursuivi son plaidoyer avec détermination. Aujourd’hui, ce sont les grandes puissances-mêmes qui tiennent ce discours. On a ainsi entendu le Président français, Emmanuel Macron, à Ouagadougou, la veille du Sommet UE-UA, ou encore le Président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors de ce Sommet, décréter la fin de l’ère coloniale, et/ou appeler les Africains à se prendre en mains et se faire confiance. Du reste, les grandes puissances ont elles-mêmes intérêt à adopter le concept du co-développement qui les débarrasse de l’étiquette néo-coloniale.
Le courage du Roi du Maroc a payé. Et c’est au bénéfice de tous.
Dans la suite logique de ce raisonnement, le Roi Mohammed VI a également plaidé pour une révision de la conditionnalité de la dette, dans le sens d’un allègement des conditions imposées aux pays africains dont le Souverain rappelle qu’ils n’ont qu’un demi-siècle d’indépendance et ne peuvent donc pas réaliser les mêmes performances économiques que les anciennes puissances coloniales lesquelles ont une (longue) longueur d’avance et les moyens qui vont avec…
Les plaidoyers pour la jeunesse et l’immigration se voulaient tout aussi révélateurs de l’engagement royal à s’impliquer dans les grandes causes de l’Afrique, la parole du Roi du Maroc ayant du poids pour une raison simple. La preuve a été apportée du sérieux des engagements, avec la présence économique et financière effective du Maroc en Afrique subsaharienne (le Maroc est 1er investisseur en Afrique de l’Ouest et 2ème dans l’ensemble du continent). A ce titre, d’ailleurs, une alliance avec l’Afrique du sud «fera des éclairs». De nombreux observateurs s’en déclarent déjà persuadés…
De plus, le discours du Roi sur le co-développement a eu des effets concrets au Maroc-même. A la dernière Réunion franco-marocaine de haut niveau qui a eu lieu à Skhirate, il y a deux semaines, le Premier ministre français, Edouard Philippe, est venu développer le thème de co-développement. De même, cette semaine, le Premier ministre portugais et la délégation qui l’accompagne sont venus au Maroc dans le même esprit et pour la même thématique.
C’est tout cela que l’on peut mettre à l’actif du Roi… Les plus sceptiques seront bien obligés de le reconnaître, objectivement.
BA