La France de Macron et les paradoxes africains

La France de Macron et les paradoxes africains

Le président français voudrait un partenariat entre la France et l’Afrique noire qui serait sur le modèle marocain. Mais la France est une ex-puissance coloniale majeure du continent et c’est donc beaucoup plus difficile.

Le président Macron, cependant, n’a aucun complexe et surtout pas celui du colonisateur. Il est d’une génération postcoloniale. Il est jeune et s’adresse, au-delà des dirigeants, aux jeunes d’un continent jeune qui va compter plus d’un milliard d’habitants.

Il n’hésite pas à dénoncer les crimes de la colonisation, quitte à se mettre à dos une partie de son opinion publique. Il ne pratique pas la langue de bois. Ainsi, il fait un constat qui ne plaît pas toujours -la démographie galopante du continent noir rend illusoire les avancées réelles de la croissance-. C’est sans doute une des clés du développement, mais qui se heurte aux traditions. Il précise que les esclavagistes des migrants en Libye sont presque exclusivement des Africains. Il veut protéger les migrants, mais refuse que la France soit un pays humanitaire ouvert.

Ce franc-parler n’est pas sans risque.

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Dans l’amphithéâtre bondé de l’ université de Ouagadougou, M. Macron avait fait rire son public aux dépens de son hôte, le président Kaboré, en répondant à une question sur l’énergie en général, la climatisation défectueuse de la Faculté en particulier, précisant qu’il n’était pas une puissance coloniale et n’avait pas à s’occuper de pareils sujets. «Du coup, il s’en va! Reste!», a ri Macron, alors que M. Kaboré quittait la salle un moment. «Il est parti réparer la climatisation», a ironisé le chef de l’Etat.

Tout le monde ne partage pas son sens de la plaisanterie. «Il est transgressif, mais là, ce fut un peu grossier, soupire un autre ministre. Sous le couvert de l’humour, Macron a ridiculisé le président Kaboré. Par ailleurs, quand Macron dit qu’il est d’une autre génération, il doit aussi savoir qu’il est comptable de toute l’Histoire de France».

Interrogé sur le sujet à la résidence de France, mercredi soir à Abidjan, Emmanuel Macron a critiqué les «vrais paternalistes» qui considèrent «qu’on ne peut pas faire d’humour avec un dirigeant africain». «Je l’aurais fait avec un dirigeant européen avec qui j’ai ce type de relation», a ajouté le chef de l’Etat, qui a précisé que sa blague avait «fait rire» le président du Burkina Faso. «Tout ça est ridicule», a balayé M. Macron.
Mais pour certains, il a fait perdre la face devant des étudiants critiques à un chef d’Etat dans un pays menacé par le terrorisme. Il a pris un risque inutile.

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Clairement, Emmanuel Macron entend cependant rompre avec la politique post-coloniale de ses prédécesseurs et présenter une «nouvelle vision de la francophonie, moins défensive».

Ce fut le cas après une étape en Côte d’Ivoire et au Ghana anglophone. Le président, qui maîtrise parfaitement la langue de Shakespeare, s’ouvre donc aux pays anglophones et aux thématiques innovantes. Au lieu de parler d’aide au développement, le chef d’Etat devait s’entretenir avec de jeunes entrepreneurs ghanéens et français dans l’Impact Hubb d’Accra et rencontrer des jeunes sportifs dans le quartier de Jamestown. Le Ghana se distingue comme l’un des grands exportateurs africains de talents sportifs.

Patrice Zehr

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