Le mois sacré de Ramadan change notre vie chaque année. Il faudrait s’abstenir de manger, de boire et d’avoir des relations sexuelles, du lever jusqu’au coucher du soleil.
Il faudrait aussi observer strictement des obligations que nous abandonnons durant toute l’année, comme rendre visite à la famille, se réconcilier avec un ami, etc. S’ajoute à cela le fait que ceux et celles, qui ne faisaient leurs prières que le soir au retour à la maison, retrouvent les bonnes habitudes en la pratiquant à son temps. Les mosquées sont pleines, on y prie et récite le coran…
Mais, à part le côté spirituel, le Ramadan reste presque le seul événement qui arrive encore à réunir toute la famille autour d’une même table, surtout quand on sait que, maintenant, une seule famille possède deux ou trois télévisions à la maison. S’ajoute à cela l’Internet via les portables.
En effet, au Maroc, à l’heure de la rupture du jeûne, tous les membres de la famille doivent être réunis autour d’une table bien garnie, avec les «ch’hiwates» du mois de Ramadan.
Mais, il n’y a pas que les bonnes choses en cette occasion.
Chaque année, ce sont les mêmes scènes qu’on observe. Au début du Ramadan, surtout durant les premiers jours, il y a des personnes qui crient et se disputent pour rien.
Quant aux conducteurs de voitures, ils ont la main légère pour activer les klaxons à l’approche du ftour. On appelle cela «tramdina».
Autre fait ramadanesque: les hommes, qui habituellement n’aiment pas faire le marché, deviennent durant le mois sacré des habitués des souks et des points de vente, au point que «souvent» ils achètent des choses que la famille ne mange même pas. Et qu’est-ce qu’ils trouvent comme explication pour se disculper? Ils vous répètent: «Ghir el-aïn hia li katakoul»!
Et il y a ceux qui jeûnent toute la journée pour se régaler le soir dans ces cafés qui ciblent une autre clientèle en créant de l’animation avec des orchestres de la chanson populaire; pour ne rentrer à la maison qu’au petit matin. Sans oublier ces hommes qui, chaque soir, après «Salat tarawih», jouent aux cartes jusqu’au «s’hour».
Tout cela fait que nous ne produisons pas ou presque pas (bonjour le coût de ce faible rendement sur tout un mois…). Et le bouc émissaire, c’est «le Ramadan» !
Par ailleurs, les habitudes ont évolué par rapport à nos grands-mères et même nos mères qui se préparaient plusieurs mois avant le mois du jeûne pour avoir tous les ingrédients nécessaires à la préparation, à la maison, de «ces ch’hiwates» dont on raffole. Mais les temps ont changé et la femme marocaine est mieux servie qu’avant. Elle peut trouver beaucoup de choses sur le marché, dans les pâtisseries ou chez des commerces qui ouvrent à cette occasion… Sans trop se fatiguer.
Malgré cela, un grand coup de chapeau à la femme au foyer ou à la mère de famille qui reste un vrai «chef» d’orchestre! Elle veut que sa table soit à la hauteur et au goût de sa famille et de ses invités.
Coup de chapeau également aux associations humanitaires qui offrent, à chaque Ramadan, le ftour à des personnes qui, pour une raison ou une autre, en ont besoin (Abir sabil), ou s’occupent des familles démunies qui veulent prendre un ftour complet, comme toutes les familles marocaines (harira, dattes, lait, chabbakia, œufs…).
Enfin, une pensée profonde pour le peuple syrien qui va encore une fois passer un Ramadan dans la terreur…