Parlement
Vifs échanges sur la peine de mort
La députée du PPS, Nouzha Skalli, a porté le débat sur la peine de mort devant l’Hémicycle, provoquant le choc des titans avec le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid (PJD).
«Je ne comprends pas comment les médias profitent d’une différence de positions sur la question de l’abolition de la peine de mort entre deux partis de la majorité, le PJD et le PPS, pour crier à la crise de l’alliance entre eux». C’est en ces mots que s’est exprimé un député du parti de la lampe pour qualifier la couverture médiatique de la question posée par la députée PPS, Nouzha Skalli, au ministre de la Justice et des Libertés sur la question portant sur l’abolition de la peine capitale.
Un choc pour Nouzha Skalli
La députée et ancienne ministre du gouvernement Abbas El Fassi, a lancé à l’adresse de Mustapha Ramid que la non signature par le gouvernement de Benkirane de l’accord onusien sur l’abolition de la peine de mort a constitué un choc réel pour les parlementaires et les milieux de défense des droits de l’homme. La réponse du ministre PJD a fusé. «Comment est-ce que vous n’avez pas été choquée, alors que vous étiez ministre au sein d’un gouvernement qui a refusé d’approuver cet accord?», a répondu du tac au tac le ministre.
Mais cette réponse, malgré sa pertinence, n’a pas du tout désarçonné la députée PPS qui est revenue à l’attaque en utilisant des arguments qui n’ont pas été pour plaire au ministre de la Justice, dont celui-ci: Le Maroc s’est quatre fois abstenu de voter la résolution de l’ONU en appelant à l’abolition de la peine de mort, alors que l’Algérie a voté la résolution onusienne en 2007. «Est-ce là un exemple à suivre?», a rétorqué le ministre.
Le réseau des parlementaires congratulé
Nouzha Skalli a mis en exergue, lors de son intervention à la séance des questions orales à la Chambre des représentants, le rôle des parlementaires marocains pour l’abolition de la peine de mort qui a valu à leur Réseau les congratulations de la Conférence internationale pour l’abolition de cette peine, réunie récemment à Madrid. La députée du PPS ne s’expliquait pas la position de l’actuel gouvernement Benkirane de ne pas appliquer les recommandations de l’«Instance Equité et Réconciliation» et encore moins les appels de son président, feu Driss Benzekri.
Le ministre de la Justice et des Libertés a profité de ce débat, certes houleux, pour appeler le réseau des parlementaires contre la peine de mort à mettre sur la table une proposition de loi qui amenderait les dispositions du droit pénal relatif à la peine de mort.
111 condamnés dans le couloir de la mort
Il est à noter que 111 condamnés à mort, dont deux femmes, se trouvent dans le couloir de la mort. La députée Nouzha Skalli a rappelé au ministre de la Justice qu’ils vivent dans une situation déplorable. Le Maroc a gelé l’exécution de la peine capitale depuis vingt ans. Le dernier condamné à mort a été le tristement célèbre Commissaire Tabet en 1993.Mais le débat reste ouvert et divise les Marocains.