La 3ème Assemblée Générale de la Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines (FAAPA) s’est tenue jeudi 14 décembre 2017 à Casablanca.
Le programme de cette réunion a comporté la présentation des activités de la Fédération et le rapport de la 5ème réunion du Conseil Exécutif de la FAAPA tenue dernièrement à Abidjan, ainsi que d’autres points inscrits à l’ordre du jour, dont les accords de coopération, les conventions de partenariat, l’amendement des statuts et du règlement intérieur de la FAAPA et l’élection de son Conseil Exécutif.
Un bilan d’étape prometteur
Au cours de la séance inaugurale de cette Assemblée générale, le Secrétaire général du ministère de la Communication, Mohamed Ghazali, a plaidé pour un véritable partenariat entre les agences africaines, face à la concurrence internationale et dans un esprit de coopération Sud-Sud. Le Directeur général de l’agence Maghreb Arab Presse (MAP) et Président en exercice de la FAAPA, Khalil Hachimi Idrissi, a présenté les principales réalisations de la Fédération depuis sa création en 2014. Dans son bilan d’étape, K. Hachimi Idrissi s’est notamment félicité du développement de la plate-forme de cette structure et de son site, la création du Centre de formation des journalistes à Rabat, la tenue régulière des réunions des instances de la FAAPA et l’adhésion d’autres agences africaines à cette dernière.
Relever le défi de la transformation digitale
L’Assemblée générale de la Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines a été également marquée par l’organisation d’un séminaire sur le thème de «l’intégration des réseaux sociaux dans les stratégies des agences de presse africaines». Les représentants des agences de presse africaines ont tous reconnu l’impact des réseaux sociaux en termes d’audience. Ils ont ajouté qu’il est temps de mettre les bouchées doubles pour adhérer à cette nouvelle ère en matière d’information, au lieu de se résigner à cette fatalité. C’est d’ailleurs ce qu’a affirmé l’ancien Directeur général de l’Agence ivoirienne de presse (AIP), Samba Koné. «Il faut absolument intégrer les réseaux sociaux dans le mode de fonctionnement des agences de presse africaines, tout en les adaptant aux exigences de l’éthique professionnelle et de la déontologie», a-t-il ajouté. Et d’expliquer: «Les réseaux sociaux et internet, de manière plus globale, sont devenus un mal nécessaire et un outil indispensable, pour toucher un plus large public». Il a précisé qu’en plus de s’imposer comme une sorte de base de données, le web est devenu une source d’identification des informations.
Rapidité ne veut pas dire qualité de l’information
Faisant la synthèse du débat qui a marqué la 3ème Assemblée générale de la FAAPA, Khalil Hachimi Idrissi a relevé que les agences de presse sont, certes, acculées à faire leur mue, mais il n’en demeure pas moins qu’elles auront toujours un rôle central à jouer. Car, même s’il leur arrive de perdre des fois la bataille de la rapidité, elles restent, grâce à leur rigueur et à leur sens de l’éthique, les mieux outillées pour accompagner et éclairer les événements, a-t-il soutenu. S’agissant des critiques portées au journalisme web, accusé de véhiculer parfois de fausses informations, le président de la FAAPA a qualifié les «fake news» de pêché originel des réseaux du web. Il a par ailleurs attiré l’attention sur le fait que «les cyber-journalistes font généralement faux en voulant faire vite».
En définitive, les agences de presse africaines se doivent de se préparer pour relever le défi de la transformation digitale et de la qualification des ressources humaines, pour entrer de plain-pied dans la nouvelle ère de l’information.
Mohcine Lourhzal
Questions à…
Khalil Hachimi Idrissi, Directeur de la MAP et président de la FAAPA
«Renforcer les capacités des agences de presse africaines»
Quels sont les objectifs derrière la création de la FAAPA et ont-il tous été réalisés?
La FAAPA est une plate-forme d’échange d’expériences entre les différentes agences de presse africaines. La Fédération, créée en 2014, s’occupe de la formation des ressources humaines dans ce domaine. A la FAAPA, nous organisons des séminaires de formation chaque année, avec des formations très variées. Organisées au siège du Centre Africain de Formation des Journalistes (CAFJ), dont le siège se trouve à Rabat, dans les locaux de la MAP, ces séminaires de formation permettent d’avoir d’excellents résultats en matière de formation concernant le journalisme d’agence. La FAAPA a également une fonction de plaidoyer dans le continent africain, pour pousser les chefs d’Etat africains à prendre en considération leurs agences de presse nationales, à signer des conventions avec elles et, surtout, à renter avec elles dans une programmation financière pluriannuelle qui permettrait de réaliser des projets en commun.
Quelles sont les principales entraves qui empêchent le véritable rayonnement des agences de presse africaines?
Le financement au coup par coup, l’absence de vision claire et l’absence d’une relation conventionnelle créent des difficultés aux agences de presse africaines. Aujourd’hui, ce que nous faisons à la Fédération Atlantique des Agences de Presse Africaines (FAAPA), c’est de pousser vers davantage de contractualisation des relations entre les Etats africains et leurs agences de presse.
Le défi numérique inquiète les professionnels des médias. Les agences de presse africaines sont-elles suffisamment armées pour faire face au foisonnement du journalisme web?
Tout le monde parle, en Afrique, des défis du numérique. Or, pour faire face au développement du digital, il est primordial de renforcer les capacités des agences de presse africaines. Il faut également insuffler une dynamique nouvelle au volet de la formation du personnel qui constitue l’élément clé à tout développement, qu’il soit lié aux agences de presse ou autre.
Des agences de presse africaines de référence, aptes à concurrencer les plus vieilles agences de presse étrangères. Est-ce une illusion ou une ambition réalisable?
Les agences de presse africaines peuvent devenir des médias de référence, si elles sont professionnelles, bien gérées, disposant d’une charte éthique et œuvrant au service des actions publiques. A la FAAPA, on est satisfait de l’évolution des agences de presse africaines qui sont, aujourd’hui, appelées à aller encore plus de l’avant au service d’un espace médiatique africain à forte valeur ajoutée et hautement concurrentiel.
Propos recueillis par ML
La FAAPA c’est: – 28 membres, – 31.107 dépêches publiées du 1er décembre 2016 au 31 novembre 2017, – 80 journalistes et cadres formés par le CAFJ, – et 10 conventions de partenariat.