Le Maroc ne compte plus ses festivals qui en font une réelle plaque tournante de la culture (Mawazine, Musiques sacrées de Fes, Festival Gnaoua…). Et cela, bien que le spectateur marocain soit très exigeant et sans complaisance aucune!
On dit souvent: «Quand l’immobilier marche, tout marche», ou encore «quand la voiture marche, tout marche»… Mais on oublie de souligner que cela est aussi valable pour la culture! En effet, quand elle marche, tout marche, parce qu’elle est une raison de vivre. C’est un chantier qui est pris en considération par le Maroc, parallèlement aux autres projets que connaît le pays. La preuve en est la longue liste des festivals qu’organise le Royaume tout au long de l’année. Il y a ceux qui se placent comme manifestation internationale à l’instar du Festival international du film de Marrakech, du Festival Mawazine-Rythmes du Monde, du Festival du cinéma africain de Khouribga, du Festival de Fès des musiques sacrées du monde, du Festival international culturel d’Asilah, du Festival Gnaoua et Musiques du monde (Essaouira), du Festival des arts populaires de Marrakech… Mais aussi du Festival international du Cinéma d’Animation de Meknès, Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger, Festival Jawhara, Festival de Casablanca, Festival du rire de Marrakech… Et pour reprendre le propos de Rabelais, le rire est le propre de l’homme!
En effet, des artistes se sont produits à guichets fermés, comme Gad El Maleh, pour ne pas le citer, mais aussi d’autres artistes maîtrisant le stand-up comme Hanane El Fadili ou Hamza Tahiri plus connu sous le pseudonyme de Miz.
L’écrivain Philipe Sollers a dit que «celui qui ne sait pas rire ne doit pas être pris au sérieux». Les Marocains, eux, savent rire, critiquer, écouter, dénoncer, dévoiler et déranger, avec un regard juste sur leur pays et ses problèmes et un esprit critique loin de toute schizophrénie. Malgré la crise mondiale, aucun festival au Maroc n’a été annulé. Sans oublier le cinéma. En effet, le film marocain est présent dans tous les festivals à l’étranger. Et, sans complexe, nos artistes puisent dans notre patrimoine, le répertoire national, mais aussi dans l’universel, comme la série «Bnat Lalla Mennana» dont le scenario est une adaptation de la pièce de théâtre «La maison de Bernarda Alba» de Federico Garcia Lorca, mais avec une touche marocaine.
Quant aux galeries, il n’y a pas une semaine qui passe sans qu’une salle n’annonce une exposition… A cela s’ajoute le premier Centre international d’art contemporain au Maroc «CACE», situé à Ifitry, à 50 km d’Essaouira, sur la côte de Safi. Ses visiteurs bénéficient d’une vision très complète de la production artistique marocaine actuelle au travers de la collection permanente qui rassemble les œuvres d’artistes marocaines (soit quelque 100 artistes, toutes générations confondues). Ces œuvres entrent en résonance avec les réalisations de plasticiens venus d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie et ayant séjourné à la Résidence d’artistes Ifitry, adjacente au Centre. Si des espaces dédiés à la création s’ouvrent chaque jour, cela signifie que c’est un créneau qui est porteur. Outre l’implication du privé dans l’art à travers des fondations, il y a aussi des galeries qui ont opté pour un concept particulier. Il s’agit d’intégrer l’œuvre d’art au créneau de cadeaux d’entreprise.
Si le Maroc est devenu un eldorado pour plusieurs artistes, les nôtres aussi se déplacent. A titre d’exemple, après le mois de Ramadan, le groupe Mazagan reprendra le chemin de la scène avec une série de concerts au Maroc via le Festival méditerranéen d’Al Hoceima, le festival international Jawhara (Azemmour), le Festival Timizar (Tiznit), le Festival de Guelmim ; mais aussi en France et en Italie. Le groupe représentera le Maroc au Jeux de la Francophonie 2013 qui auront lieu à Nice (France) au début de septembre, avant de s’envoler vers l’Italie pour y animer deux concerts à Treviso et à Fabrico en octobre prochain.
A travers cette scène culturelle en ébullition, une pensée pleine de gratitude, de respect et de considération va à tous ces artistes vétérans hors pair qui sont restés humbles et modestes durant leur parcours et qui nous ont quittés cette année. Certes, la culture permet de mettre le doigt là où le bât blesse, de dire ce qui fait mal dans notre corps social et de le dire avec des mots, des vers, satire ou autodérision via la musique, le théâtre, le cinéma… Mais, mis à part la manière, l’essentiel reste de le dire avec amour pour un Maroc fort par ses ressources humaines.