En une semaine, trois vidéos d’agressions physiques sur des femmes d’âges divers, filmées dans différentes régions du Royaume, ont été diffusées sur les réseaux sociaux.
Après les deux vidéos concernant respectivement la tentative de viol d’une mineure à Benguérir et la femme passée à tabac en pleine rue à Inezgane par son époux, une troisième vidéo, aussi cruelle qu’émouvante, a été filmée et diffusée sur internet, le 30 mars 2018, à Rabat. Elle montrait un homme poignardant son ex-femme, de sang-froid, à l’aide d’une arme blanche qu’il avait dissimulée sous ses vêtements.
Persécution des femmes: le débat relancé
La diffusion de ces vidéos a relancé le débat sur les violences faites aux femmes. Selon les associations féministes, la loi contre la violence à l’égard des femmes, adoptée le 14 février 2018 par le Parlement, est insuffisante pour faire face au phénomène des persécutions, dont les femmes marocaines sont victimes au quotidien. Dans ce sens, le Forum parité et égalité a appelé au développement des moyens de prévention de la violence et du viol et à la mobilisation des ressources nécessaires à la réhabilitation des victimes. Les membres du Forum ont réclamé, dans un communiqué, la révision du système pédagogique, en vue d’inculquer aux nouvelles générations les valeurs de l’égalité, des droits de l’Homme et du respect de la femme. Ils ont également exigé l’établissement des responsabilités et l’application des sanctions sévères prévues par la loi, contre les individus impliqués dans des actes de violence à l’égard des femmes, tout en garantissant aux victimes un suivi médical, psychologique et judiciaire approprié.
De l’avis des acteurs de la société civile, la multiplication des vidéos montrant des femmes agressées, en plein jour et dans des endroits publics, doit pousser tout un chacun à se poser des questions au sujet d’un phénomène sur lequel la société marocaine a longtemps fermé les yeux. Les mêmes sources estiment que les cas de tentative de viol révélés par des vidéos sur les réseaux sociaux ces derniers mois sont le résultat de l’éloignement d’une partie de la population des valeurs qui, jadis, sacralisaient la femme marocaine et considéraient le harcèlement sexuel comme un acte grave. De même, estiment les défenseurs des droits des femmes dans le Royaume, ces affaires révèlent le déficit d’éducation sexuelle dans la société marocaine.
Les sanctions prévues par la loi sont-elles suffisantes pour dissuader tout agresseur voyant en la femme une proie facile? Pour les Organisations non gouvernementales, la solution passe d’abord par le durcissement du Code pénal en matière de harcèlement sexuel. En effet, beaucoup de voix se sont élevées au Maroc pour demander de lourdes peines contre les mis en cause, dans l’espoir d’en dissuader d’autres à commettre de pareils crimes.
Mohcine Lourhzal
Agression sexuelle sur une mineure Ce que prévoit la loi Dans le cas de la vidéo montrant une adolescente en train d’être agressée sexuellement dans la région de Benguérir, le principal inculpé et la personne qui a filmé la scène risquent gros. Dans ce cas précis, où l’agresseur est majeur et la victime est mineure, c’est l’article 485 du Code pénal qui sera appliqué. Celui-ci prévoit une peine de 10 à 20 ans d’emprisonnement. Concernant la personne qui filme la scène, elle pourra être jugée pour non-assistance à personne en danger, selon l’article 431 du même Code. Elle encourt une peine de 3 à 5 ans de prison.
ML