Après la vidéo diffusée en août 2018, montrant des jeunes délinquants tentant d’agresser sexuellement une jeune femme à bord d’un autobus, les Marocains se sont réveillés, le matin du mardi 27 mars dernier, sur une nouvelle vidéo qui les a encore choqués.
En effet, dans cette vidéo, largement diffusée sur la toile, on voit une mineure en train de se débattre, pour s’extirper des griffes d’un jeune homme qui voulait la violer, dans un terrain vague à Benguerir et qui, désespérée, criait à son agresseur: «est-ce que tu n’as pas de sœur ?».
Cette vidéo, d’une rare violence, a profondément choqué la société civile, laquelle a appelé à prendre les mesures adéquates pour faire face à la multiplication des actes de violences commis contre les femmes marocaines. Selon les défenseurs de la cause féminine, les agressions commises par certains «mâles» contre la gent féminine dans le Royaume ont tendance à devenir de simples faits divers. Pour faire face à cette situation alarmante, qui menace la société dans sa cohésion et sa stabilité, ces mêmes défenseurs estiment qu’il est temps de mettre en place une politique capable de raviver chez les citoyens, notamment les générations montantes, le respect des valeurs très observées, jusqu’à un passé récent, par la société et encadrant la relation hommes-femmes.
De leur côté, les sociologues pointent du doigt l’école. Pour eux, l’enseignement au Maroc ne joue plus son rôle consistant à construire une société composée de citoyens instruits, dûment éduqués et respectueux d’autrui. Pour les spécialistes des questions juridiques, la solution à même de permettre de faire face à la violence faite aux femmes passe, d’abord et avant tout, par le renforcement de l’arsenal juridique et des textes de loi en la matière.
En février 2018, la très attendue loi 103.13, relative à la lutte contre les violences faites aux femmes, a finalement été adoptée par la Chambre des représentants, après avoir traîné pendant 5 années au Parlement. Considérée comme une avancée importante dans le domaine de défense des droits des femmes, cette loi demeure cependant, de l’avis de nombreux juristes et acteurs de la société civile, incomplète. Elle doit, par conséquent, être complétée par une révision globale du Code pénal, afin qu’elle soit conforme à la Constitution de 2011, laquelle interdit toutes formes de discrimination basée sur le genre.
Mohcine Lourhzal