Fait sans précédent, le Maroc a convoqué tous ses ambassadeurs dans le monde, pour participer à une 1ère conférence organisée à Rabat où ils ont pu échanger, écouter différents opérateurs nationaux et, surtout, prendre connaissance de nouvelles recommandations royales afférentes à leur mission.
Au cours de cette rencontre (voir notre compte rendu «Ambassadeurs du Maroc, finie la «récré !»), «Le Reporter» a pu recueillir les avis et impressions de quelques ministres et ambassadeurs. Les voici.
Saâd-Eddine El Othmani, ministre des AE et de la Coopération
«Promouvoir le Label Maroc»
Qu’est-ce qui a dicté cette première conférence à Rabat des ambassadeurs du Maroc ?
Il s’agit d’une conférence qui regroupe tous les ambassadeurs de SM le Roi dans les différents pays du monde. Et, pour la première fois, le Souverain a adressé un message.
Quelles sont les caractéristiques de ce message royal?
SM le Roi a insisté sur le renforcement de la diplomatie économique et a dressé la feuille de route de la politique étrangère du Royaume, ainsi que les priorités pour l’avenir.
Une nouvelle politique étrangère?
SM le Roi appelle la diplomatie marocaine à promouvoir le «Label Maroc». Nous avons aujourd’hui avec ce message royal des priorités bien définies, bien tracées aussi et très claires.
Qu’est-ce qu’il est demandé au diplomate marocain dans un monde en perpétuelle mutation?
Il lui est demandé de défendre les intérêts du Maroc, de mieux faire connaître le «Label Maroc» qui se caractérise aujourd’hui par la stabilité, les réformes audacieuses et la diversité des relations du Maroc avec l’étranger.
Une nouvelle diplomatie marocaine?
Je dirais une nouvelle ère diplomatique marocaine.
Quelle est votre appréciation concernant les crises politiques que vivent plusieurs pays arabes et quelles solutions préconise le Maroc?
Nous estimons que le cadre arabe est le cadre approprié pour suivre ces crises et leur trouver les solutions qui s’imposent.
Le Maroc n’a-t-il pas encore ouvert une ambassade en Irak?
Les frères irakiens en ont fait la demande et nous l’étudions sérieusement.
SM le Roi a appelé à parler de grands chantiers. Le budget du département des affaires étrangères le permet-il?
Effectivement, les chantiers sont nombreux, nos aspirations et espérances sont grandes et, bien entendu, les moyens sont limités. De toute manière, si nous n’arrivons pas à avoir les moyens de notre politique, nous devrons faire prévaloir la politique de nos moyens.
Abdallah Baha, ministre d’État
«Une nouvelle vision de la diplomatie marocaine»
Comment appréciez-vous le message royal?
Le message royal est global et clair. Il a tracé les contours de la nouvelle vision de la diplomatie marocaine pour les prochaines étapes. Il s’agit, à mon avis, d’une diplomatie participative entre les diplomaties parlementaire, populaire, locale et de la société civile avec toutes ses diverses composantes.
Et cette nouvelle vision royale de la diplomatie marocaine?
Cette nouvelle orientation est à mon sens un renouvellement et un bain de jouvence pour l’action diplomatique marocaine. Dans ce message adressé aux participants à la Conférence des ambassadeurs du Maroc à l’étranger, SM le Roi a clairement défini les priorités stratégiques de la politique étrangère du Royaume dans le cadre d’une approche participative et inclusive.
Quel nouveau rôle pour les diplomates marocains, défini dans cette feuille de route?
Les diplomates marocains ont, à partir de cette feuille de route, à jouer un rôle d’extrême importance pour mettre en pratique cette vision royale. Donc, ils se doivent de défendre les intérêts suprêmes de la Nation en mettant tout en œuvre pour mieux traduire dans les faits les orientations contenues dans le message royal, avec comme objectif extrême de crédibiliser et, comme l’a dit SM le Roi dans son message, de «hisser notre diplomatie au rang d’une diplomatie dynamique et anticipative…, accéder aux plus hauts niveaux de professionnalisme et atteindre l’excellence au niveau mondial».
Chakib Benmoussa, ambassadeur du Maroc en France
«Relever les défis»
«Je crois que le message royal a permis de brosser un tableau global et complet des défis du Maroc d’aujourd’hui et de l’action diplomatique comme moyen et contribution à relever ces défis, qu’ils soient dans les domaines politique et économique, ou pour assumer les responsabilités qui sont celles du Maroc à l’échelle des grands choix mondiaux et des crises que connaît aujourd’hui le monde dans différentes régions.
Je crois que SM le Roi a souligné les transformations importantes que connaît aujourd’hui le monde et qui font que la diplomatie a besoin de s’adapter à cette réalité. Elle a aussi besoin, avec l’appui de l’ensemble de la vision qui est portée par les grandes réformes initiées par le Maroc, de cette vision pour pouvoir aider au rayonnement du pays et aider à ce que les grands dossiers soient défendus à l’international».
Mohamed Maâ Al Aynaïne, ambassadeur du Maroc en Australie
«Adopter une approche novatrice»
«Le message royal parle de nouveaux grands chantiers: diplomatie, économie, culture, etc. Il a en outre défini les grands traits de la nouvelle diplomatie. Le message est global et clair. C’est une véritable feuille de route pour tout diplomate du Maroc où qu’il se trouve. Il appelle tout diplomate »à renforcer ses capacités d’adaptation et d’innovation tout en demeurant fidèle à l’ancrage du Maroc et à son authenticité tout en adoptant une approche novatrice dans son travail ».
J’estime que le message Royal n’a négligé aucun point, ce qui démontre encore une fois l’importance octroyée par le Souverain à la diplomatie marocaine qui reflète le rayonnement historique actuel et à venir du Maroc».
Hassan Abou Ayoub, ambassadeur du Maroc en Italie
«Un programme d’action»
Le message Royal aux diplomates, quelle lecture en faites-vous?
Je dirais, à événement historique, message historique. C’est en effet la première fois que les ambassadeurs de SM le Roi se réunissent, comme dans les traditions qui existent dans la plupart des grandes diplomaties du monde.
SM le Roi a dressé, dans son message à la conférence des ambassadeurs marocains, un panorama exceptionnel, géostratégique, économique et culturel qui redonne les référents qui devraient permettre à notre appareil diplomatique de relever les défis du moment et qui constituent la réponse à cette nouvelle donne mondiale que nous vivons au quotidien, dans les événements de notre région, mais également dans les grands défis que la communauté internationale se doit d’affronter en matière économique, environnementale et de sécurité.
Peut-on parler d’une réelle feuille de route pour la diplomatie marocaine ?
C’est, à mon sens, plus qu’une feuille de route, c’est un programme d’action qu’il s’agit maintenant de mettre en place et en œuvre, au plus tôt.