En août dernier, le prix du litre de lait est passé de 6,60 à 7 DH. Une décision prise par la profession et qui n’a apparemment été ressentie que par le consommateur, puisque le gouvernement ne semblait même pas être au courant!
Comment expliquer la réaction tardive de l’Exécutif? La hausse inattendue des prix appliquée par plusieurs opérateurs a fini par faire réagir le ministère des Affaires générales et de la Gouvernance, lequel a décidé de soumettre le dossier de la hausse du prix du lait à l’appréciation du Conseil de la concurrence. Il s’agissait là d’une première étape pour déterminer si les dispositions de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence étaient respectées par le département. Ce dernier a tenu une réunion de crise avec les patrons du secteur en vue d’examiner la question. Une réunion similaire s’est tenue deux jours plus tard du côté du ministère de l’Agriculture. Au terme de cette rencontre, entre ce dernier et l’Interprofession Lait, il a été convenu de reverser la plus grande part de cette augmentation aux agriculteurs. En effet, les entreprises du secteur seront amenées à rétrocéder 60% de cette augmentation, au minimum, aux éleveurs. Ces mesures ont été appliquées dans l’immédiat avec un effet rétroactif remontant au début du mois d’août 2013.
Les explications des uns et des autres
Selon l’Association nationale des éleveurs de bovins (Aneb), la production du lait sera en baisse cette année et ce, pour la 1ère fois en 40 ans. Le marché devrait ainsi finir l’année sur une baisse de production de 5% en moyenne sur l’ensemble du territoire. Ce recul est attribué à la mauvaise saison agricole en 2012 et au renchérissement des facteurs de production, explique l’Aneb.
Du côté des officiels, ce dossier de l’augmentation du prix du lait suit son cours au sein des différents départements, chacun selon les prérogatives qui lui sont attribuées et en concertation entre les ministres concernés. Entre-temps, le gouvernement veillera à réorienter la hausse du prix du lait au profit du petit agriculteur.
Selon le ministre de l’Agriculture, la hausse (6%) est due à la flambée du prix du bétail, du fourrage, du gasoil et d’autres intrants de production sur le marché mondial. Elle est la 1ère depuis janvier 2009, ce qui correspond à une moyenne de près de 1,5% par an, soit un niveau sensiblement identique au taux d’inflation enregistré sur la période qui se situe à 1,2%, explique le ministre dans une tentative de calmer les esprits, surtout devant les différents groupes parlementaires qui n’ont pas manqué d’exprimer leurs colères et préoccupations quant au timing de cette hausse et ses effets sur le pouvoir d’achat du citoyen.
L’introduction et l’assurance d’une concurrence pure et parfaite entre les producteurs eux-mêmes et les producteurs et transformateurs constituent la meilleure façon pour assurer une meilleure valorisation du produit chez le producteur et un prix soutenable pour le consommateur, a-t-on préconisé du côté de la Commission des secteurs productifs à la Chambre des représentants.
Soutien La filière a connu en avril 2009 la signature d’un contrat programme entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle marocaine de lait «Fimalait», en vertu duquel un soutien de 2 MMDH lui a été consenti, notamment à travers le Fonds de développement agricole. Ainsi, de 2009 à aujourd’hui, le chiffre d’affaires en amont de la filière a affiché une hausse importante avoisinant 8 MMDH à destination d’un million d’éleveurs-producteurs de viandes rouges, dont 400.000 spécialisés dans l’activité laitière. |