A l’âge de huit ans, Jamal Belahrach quitte le Maroc avec ses parents pour s’installer en France. Il y vit jusqu’en 1997, année où il fait le choix de rentrer au Maroc pour contribuer au développement de son pays d’origine.
De nationalité franco-marocaine et diplômé de l’Université de Saint-Denis, du programme Top-Management de l’INSEAD à Fontainebleau et du programme de Management Général Avancé d’HEC executive (Jouy-en-Josas) en self made man, il lancera les activités de Manpower, multinationale américaine. En 2000, il crée Manpower en Tunisie et, en 2004, il devient président Manpower Maghreb (Maroc et Tunisie) et DOM-TOM (Antilles, Océan Indien, Nouvelle Calédonie), filiales extérieures de Manpower France.
Son temps est partagé entre la France et les filiales qu’il a en charge. Il est également membre du Global Leadership Team (GLT) ManpowerGroup, une équipe de 150 dirigeants sélectionnés dans les 84 pays où Manpower est présente. Aujourd’hui, Manpower Maroc fait travailler 8.000 salariés temporaires tous les jours et 100 collaborateurs permanents et réalise 450 millions de DH de CA.
En 2001, il crée le Centre des Jeunes Dirigeants au Maroc (CJD) et en 2008, il est président-fondateur de la Fédération Nationale des Entreprises de Travail Temporaire (FNETT) où il propose plusieurs mesures qui tournent autour de la transparence, du respect de la loi et d’une meilleure protection des agents intérimaires. En 2009, il est président de la Commission Emploi et Relations Sociales à la CGEM (patronat marocain) où il est aussi membre du Conseil d’administration.
Grand militant pour la lutte contre le chômage au Maroc et les droits des salariés, il a initié la couverture maladie, la bancarisation pour les salariés temporaires et le projet de loi sur le travail temporaire. Parmi ses principales réalisations: le Pacte national pour l’emploi avec 20 mesures clés, dans le cadre de la CGEM, dont deux ont été approuvées par le gouvernement et mises en pratique.
En janvier 2012, il fait signer aux partenaires sociaux un accord avec le patronat dans le cadre de la médiation sociale. En janvier 2013, il fait encore signer le pacte social pour une compétitivité durable et un travail décent entre la CGEM et les principales centrales syndicales: UMT, UGTM, UNTM. En juin 2013, l’indemnité pour perte d’emploi (IPE) voit le jour au Maroc, une idée qu’il proposait alors qu’il était président du CJD.
Jamal Belahrach est le premier Marocain à être coopté et à siéger au sein de la Task Force de l’emploi, créée récemment par le G20: le B20. En juin 2013, l’OIE (Organisation Internationale des Employeurs) le désigne à la tête d’une Task Force africaine sur l’emploi et l’employabilité (GTA-E&E). «Nous sommes sur un secteur très important pour les entreprises qui est la flexibilité et en particulier le travail temporaire. Dernier élément du modèle de flexibilité responsable: l’utilisation du travail temporaire. Aujourd’hui, ce sont plus de 100.000 emplois plus ou moins déclarés. Cela veut dire que la législation sur le travail temporaire doit être renforcée pour éviter les abus car, il faut le dire, il existe beaucoup d’abus. Mais il ne faut pas condamner une industrie à cause de mauvais acteurs», lance Jamal Belahrach. Et d’ajouter que «d’ailleurs, la FNETT (Fédération nationale des entreprises de travail temporaire) milite dans ce sens depuis des années. Aujourd’hui, il faut aller plus loin en créant une indemnité de fin de mission temporaire pour légitimer l’utilisation des contrats de travail temporaire. Ce secteur connaît une croissance de 10 à 15%, à condition de le structurer et d’éradiquer les entreprises qui ne respectent pas le Code du travail. Le travail temporaire permet l’accès à un premier emploi, d’avoir un vrai contrat de travail, d’être déclaré à la CNSS immédiatement et de bénéficier d’une couverture sociale performante». Selon lui, concernant l’informel et l’absence de législation qui régule mieux les relations entre les entreprises utilisatrices et la durée de mission, ce qu’il faut, «c’est convaincre le gouvernement de l’importance de ce secteur pour légiférer le plus tôt possible et convaincre les entreprises de la conformité sociale nécessaire, pour faire accepter la flexibilité aux partenaires sociaux. J’ai l’intime conviction que le développement économique ne peut s’accomplir sans un développement social. C’est pourquoi il est de notre devoir de nous investir dans le respect total des droits des collaborateurs intérimaires», soutient-il.
Ceci «engage notre crédibilité auprès de nos clients» en les rassurant quant aux conditions de travail des collaborateurs intérimaires auprès des collaborateurs intérimaires eux-mêmes qui doivent considérer le travail temporaire comme «un tremplin pour un travail permanent», et enfin auprès des pouvoirs publics, car le travail temporaire est un rempart contre le chômage, explique-t-il.
«Ensemble, nous devons concilier les impératifs socio-économiques en acceptant des compromis en matière de négociation et en considérant la flexibilité comme une donne incontournable de l’économie moderne.
La flexibilité ne doit cependant pas être considérée comme un moyen de licencier plus facilement, mais plutôt comme une opportunité de consolider définitivement le statut du salarié marocain avec tous ses droits légitimes, tout en donnant aux entreprises marocaines la souplesse nécessaire pour
continuer leur développement et participer à la création de richesses, de croissance et d’emplois», conclut-il.