Le Maroc a annoncé, mardi 1er mai 2018, la rupture de ses relations diplomatiques avec le régime de Téhéran. Dans cet entretien, le politologue Naoufal Bouâmri explique au Reporter les raisons qui ont poussé le Royaume à prendre une telle décision. Il souligne que la collusion entre l’organisation chiite, le Hezbollah, allié de l’Iran et des séparatistes du Polisario, ne peut avoir lieu sans l’accord de l’Algérie, à travers ses services de renseignements militaires.
Quelle lecture faites-vous de la décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran?
La décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran est justifiée. Elle est intervenue à cause de la connivence avérée et du soutien militaire du Hezbollah au Polisario. Le régime iranien est, aujourd’hui, de plus en plus isolé sur la scène internationale, ce qui le pousse à vouloir marquer sa présence en Afrique du Nord.
L’Algérie est-elle impliquée dans cette affaire?
L’Algérie est impliquée jusqu’au cou dans cette affaire, bien que son ministère des Affaires étrangères nie toute connivence avec l’Iran. Il est important de reconnaître, d’une part, le fait que, si le Maroc a pris cette décision, c’est qu’il a des preuves irréfutables et que, d’autre part, l’axe Iran-Algérie-Polisario est bien réel. C’est d’ailleurs le point sur lequel le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a insisté quand il a précisé que la rupture des relations diplomatiques avec Rabat a été prise sur la base de preuves tangibles concernant l’implication de Téhéran, à travers le Hezbollah, dans le soutien au Polisario. Pour revenir à l’implication de l’Algérie dans la crise diplomatique Maroc-Iran, je rappelle qu’il est de notoriété publique que ce sont les services de renseignements militaires algériens qui ont la haute main sur tout ce qui a trait au Polisario. Ils ont facilité l’accès des cadres du Hezbollah aux camps de Tindouf, pour y entraîner les milices du Polisario.
La décision du Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran a été soutenue par les pays arabes, dont le CCG et la Ligue arabe. Comment voyez-vous ces marques de soutien au Maroc?
L’ensemble des pays arabes sont visés par le régime iranien. Le CCG a certes exprimé son soutien au Maroc, suite à sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Cependant, ce soutien a dépassé le cadre maroco-iranien. Ainsi, le Conseil a également rappelé que l’intégrité territoriale du Royaume est une ligne rouge à ne pas franchir.
Propos recueillis par Mohcine Lourhzal