Maroc-Iran : Les raisons d’une rupture

Maroc-Iran : Les raisons d’une rupture

Nasser Bourita, ministre des AE et de la Coopération internationale

Le Maroc a annoncé, le 1er mai 2018, la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran. Le Royaume a pris cette décision après s’être assuré de l’implication de l’Iran dans le soutien du Polisario, à travers le mouvement islamiste chiite, le Hezbollah.

De retour d’une visite éclair dans la capitale iranienne, Téhéran, le ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale (MAECI), Nasser Bourita, a tenu une conférence de presse à Rabat pour expliquer le bien-fondé de la décision de Rabat de couper ses relations avec le pays des mollahs.

Preuves irréfutables

Dans cette conférence, Nasser Bourita a indiqué que le Maroc s’est basé sur des preuves et des informations sûres, vérifiées et recoupés, pour prendre une telle décision. Il a précisé que les données chiffrées dont dispose le Royaume prouvent «l’implication d’au moins un membre de l’ambassade d’Iran à Alger dans l’organisation de rencontres et la facilitations de déplacements de plusieurs responsables, dont certains militaires du Hezbollah, dans les camps de Tindouf, pour y rencontrer des membres du mouvement séparatiste du Polisario». Parmi les éléments  qui corroborent la thèse marocaine, le fait qu’«il ne s’agit pas de simples rencontres ou de discussions, mais de deux années de coopération et de visites à travers l’ambassade de l’Iran en Algérie», a fait savoir Nasser Bourita, en précisant que le Royaume ne peut accepter qu’un pays forme des commandos à la guérilla urbaine, livre des armes, entraîne militairement et encadre les membres du Polisario. Le Politologue Naoufal Bouâmri défend cette même position en déclarant au Reporter: «Alger est impliquée jusqu’au cou dans cette affaire, bien que le ministère algérien des Affaires étrangères ait nié toute connivence de son pays avec l’Iran». Bouâmri a ajouté: «Il est de notoriété publique que ce sont les  services de renseignements militaires algériens qui ont la haute main sur tout ce qui a rapport avec le Polisario. Ces services ont facilité l’accès des cadres du Hezbollah aux camps de Tindouf, pour y entraîner les milices des séparatistes» (voir l’entretien avec Naoufal Bouâmri).

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Une décision souveraine et motivée

La décision de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran a-t-elle été prise sous une pression étrangère, comme l’avance le Hezbollah? Pour le MAECI, la décision du Maroc de rompre ses relations avec l’Iran a été mûrement réfléchie, contrairement aux allégations mensongères du Hezbollah et de l’Iran, dont la presse algérienne, aux abois, s’est fait l’écho. «C’est une décision et une réaction contre des actions inacceptables menées par le Hezbollah avec la bénédiction, sinon plus, de l’Iran», a indiqué Nasser Bourita. Et le ministre d’assurer que la rupture des relations diplomatiques maroco-iraniennes n’est pas dirigée contre les populations chiites, ni contre les peuples libanais et iraniens. Par ailleurs, Bourita a fait savoir que le Royaume n’a recours à la rupture de ses relations diplomatiques avec un pays qu’en dernier recours. «Le Maroc n’a pas l’habitude de prendre ce genre de décision facilement», a-t-il affirmé. Et de préciser que le Maroc a procédé à la collecte et au recoupement d’informations, afin de lever le doute sur la collision trilatérale Iran-Polisario-Hezbollah.

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De son côté, lors du traditionnel point de presse tenu le 3 mai 2018 à Rabat, à l’issue de la réunion hebdomadaire du Conseil de gouvernement, le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, est revenu sur trois griefs du Maroc contre l’Iran que le ministre des Affaires étrangères avait évoqués auparavant. A savoir la visite d’experts militaires du Hezbollah dans les camps de Tindouf, l’implication (au moins) d’un membre de l’ambassade d’Iran dans cette opération et la livraison aux séparatistes, par le parti chiite libanais, de missiles anti-aériens Sam 9 et Sam 11.

Preuves à l’appui, le Maroc a ainsi expliqué sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran. Car, quand il s’agit de son intégrité territoriale, de sa sécurité nationale et de celle de ses citoyens, le Royaume ne peut être que ferme en prenant les décisions qui s’imposent. D’ailleurs, la rupture des relations entre Rabat et Téhéran a été appuyée par un grand nombre de pays arabes. Tous ont dénoncé les ingérences iraniennes dans les affaires intérieures du Maroc.

Mohcine Lourhzal

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